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L’Eglise catholique peut continuer son « chemin de croix… » : La Rupture entre amalgame et rétropédalage
Publié le jeudi 9 mars 2017  |  Matin libre
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© 24 heures au Bénin par DR
Début de la semaine sainte pour les chrétiens de l’église catholique




Dans la foulée d’une polémique née de l’occupation de l’espace public par les musulmans à Cadjehoun (Cotonou), le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Fifamè Joseph Djogbénou, est monté au créneau pour soutenir le préfet du Littoral, Modeste Toboula dans ses agissements. « Le gouvernement considère que les rues, les espaces publics ne peuvent plus être exposés à l’expression de la foi et de la religion. De ce point de vue, quelles que soient les confessions, musulmane, chrétienne, religions endogènes, l’expression de la foi ne doit plus consister en l’occupation de l’espace public», a-t-il martelé fin janvier 2017. Ce membre du gouvernement Talon se fera on ne peut plus clair : «les chemins de la croix ne devraient plus consister en l’occupation de l’espace public (…). Les grandes manifestations (…) ne devraient plus être faites par l’occupation de l’espace public (…). C’est une mesure qui s’applique à chacun de nous, c’est une mesure qui s’applique à chacune des confessions religieuses ». Et de préciser que le gouvernement a prévu des mesures d’accompagnement. «Les stades sont-là», a indiqué Joseph Djogbénou. Contrairement à ce que pensait le gouvernement, cette sortie du professeur agrégé de Droit n’a pas pu calmer les esprits. Les réactions étaient vives aussi bien du côté de l’Union islamique du Bénin que de l’Eglise catholique à travers l’intervention du père Julien Pénou. Face à la tension, des ministres du gouvernement ont eu des rencontres avec les musulmans, qui au finish, ont été reçus par le président de la République. A la présidence de la République, Patrice Talon n’a pas voulu livrer ses collaborateurs, et a tenté d’afficher un air de fermeté. Mais quand on décrypte bien le message, les musulmans peuvent continuer à prier sur les espaces publics jouxtant les mosquées, surtout que cette prière spéciale des vendredis ne dure pas. Il s’agit naturellement d’une occupation temporaire. Même si le gouvernement a dit que la chose sera tolérée en attendant la construction de mosquées plus spacieuses et modernes, on peut conclure que l’Exécutif n’a pas du tout mûri sa décision. Solidarité gouvernementale oblige, on a dû soutenir une position.

La preuve…

Et pour s’en convaincre, il suffit de bien analyser le communiqué de la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) rendu public le 6 mars, et signé de son président Monseigneur Victor Agbanou. Ce communiqué publié par votre Journal Matin Libre, à la page 2 de sa parution d’hier mercredi, dit exactement ceci : « Fils et filles bien-aimés de Dieu. Depuis quelques temps, la mise en application de la décision du gouvernement portant libération de l’espace public a créé beaucoup de confusions et d’incompréhensions dans l’opinion publique surtout au sujet des manifestations religieuses dans l’espace public. En réponse à l’invitation du ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique et des cultes, M. Sacca Lafia, une délégation de la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) a été reçue le vendredi 3 mars 2017, en présence de Me Joseph Djogbenou, Garde des sceaux, ministre de la Justice, de la législation. Au regard des clarifications données par les ministres, il ressort que : 1- La décision vise essentiellement toute occupation durable et permanente de l’espace public, au point de troubler l’ordre public ; 2-Le gouvernement n’a aucunement l’intention de s’en prendre aux confessions religieuses, bases fondamentales de notre pays, même en tant qu’Etat laïc ; 3-Demeurent par conséquent autorisées, dans les espaces publics, les manifestations religieuses ponctuelles à caractère national, en l’occurrence pour l’Eglise catholique Le Chemin de croix du vendredi saint, La procession du Christ Roi, Le pèlerinage de Dassa, etc. Quant aux rares cortèges processionnels ponctuels, on continuera, comme par le passé, d’en aviser les autorités locales, pour bénéficier de l’encadrement des forces de sécurité. En conséquence, la Conférence épiscopale du Bénin, invite les fidèles catholiques et toutes les personnes de bonne volonté au calme et à la prière, en ce temps de carême pour que règnent dans notre pays, la paix et la cohésion, gages de tout développement. Bon temps de carême à tous et à chacun ! ». Le contenu du message de la Ceb à la communauté catholique montre combien le gouvernement de la Rupture, du Nouveau départ et du Bénin Révélé amalgamait ou s’embrouillait. Beaucoup avaient dit que la décision ne tient pas la route. Mais, l’Exécutif, au lieu de faire son mea culpa à qui de droit, avait préféré faire durer la tension tout en criant à l’intox. Au point 2 de son communiqué, la Ceb a dû chercher une situation atténuante au gouvernement. Sinon, aux points 1 et 3, on perçoit clairement l’impréparation du gouvernement avant de se jeter à l’eau. En quoi Christ Roi, le chemin de croix et autres manifestations religieuses sont permanents et durent-ils dans le temps ? L’autre pan du communiqué qui paraît ironique, est là où la Ceb fait mention de ses « RARES cortèges processionnels ponctuels … ». Malheureusement, sur ce point aussi, le gouvernement n’aura pas grand-chose à y reprocher. La Ceb a bien précisé qu’elle « continuera, comme par le passé (c’est-à-dire qu’elle en à l’habitude), à « aviser » qui de droit. Rien de nouveau donc, semble dire la Ceb au gouvernement. On pourrait se demander pourquoi tout ce spectacle à provoquer l’ire des citoyens il y a de cela un peu plus d’un mois ? En tout cas, l’interprétation du communiqué de la Ceb et de ce qu’ont obtenu les autres confessions religieuses des rencontres qu’elles ont eues avec le gouvernement, montre que le gouvernement n’a pas pu maintenir sa position. En un mot, il y a cédé devant des pratiques confessionnelles aussi vieilles que le monde. Enième rétropédalage donc !
B.W
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