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Toilettage de la constitution du 11 décembre 1990.Eviter de biaiser le débat
Publié le lundi 13 mars 2017  |  L’Opinion Aujourd’hui
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Armoiries du Bénin




(Le mandat unique ne doit pas occulter les autres modifications nécessaires)
Nous sommes rentrés dans le vif du débat sur le projet de relecture de la constitution du 11 décembre 1990. On assiste, depuis peu, à des analyses croisées de politologues, d’hommes de droit, d’intellectuels et même de citoyens lambda, qui rivalisent d’ardeur, tant sur les tribunes publiques que sur les réseaux sociaux. Mais avec l’allure que prend la polémique, on a des raisons de craindre une impasse, à plus ou moins brève échéance. Alors, il importe d’appeler les uns et les autres à transcender les passions, pour que le débat se fasse dans la plus grande sérénité.
Jacques SEGLA
Enfant malade de l’Afrique, parce que réputé champion des coups d’Etat au lendemain de son indépendance en 1960, le Bénin s’est mué en laboratoire politique, pour avoir réussi, en 1990, le passage de la dictature militaro-marxiste à la démocratie pluraliste, sans effusion de sang. On ne finira jamais de célébrer cet exploit inédit, qu’aucune autre nation sous les tropiques n’a plus réussi à reproduire avec succès. Cela n’exclut pas que nous puissions offrir à notre pays la possibilité de nouvelles perspectives qui participent d’une modernisation efficiente bien pensée. C’est pourquoi, nous avons l’impérieux devoir de ne pas biaiser le débat autour de la relecture de la loi fondamentale, qui est le socle de la démocratie dont toutes les nations sont toujours jalouses en Afrique.
Adapter la loi fondamentale aux défis de l’air du temps
Certes, le Bénin a réussi l’expérience démocratique depuis 27 ans, avec une alternance régulière sans conteste. Mais la constitution du 11 décembre 1990, qui en est le socle, a révélé bien des failles qu’il convient de corriger, pour l’adapter aux conditions sociopolitiques et aux défis de l’air du temps. Tout le monde convient aujourd’hui qu’il faille toucher des points précis de notre constitution, pour lever les dysfonctionnements qui empêchent parfois le pays d’avancer. Malheureusement, l’attention se focalise sur la question du mandat qui, quoique réforme phare, ne devrait pas occulter la pertinence des autres modifications nécessaires qui faisaient jusqu’ici l’unanimité. Mieux, la question du mandat unique serait même une grande avancée pour le Bénin, en particulier, et pour l’Afrique, en général, dans un contexte politique marqué par l’obsession vicieuse et la conservation à vie du pouvoir. Le mandat unique, des pays l’ont peut-être expérimenté et ne l’ont pas réussi. Dans ces conditions, le pari du mandat unique serait une meilleure expérience nouvelle pour le Bénin, qui continuerait ainsi d’étonner le monde.
A l’évidence, les passions politiques ont pris le pas sur la raison, dans ce débat fondamental sur la relecture de la constitution de notre pays. Lorsqu’on écoute certains compatriotes sur le sujet, ils donnent l’impression de n’avoir rien de sérieux contre le projet. Mais ils ont du mal à accepter que la réussite de ce projet de toilettage, avec, à la clé, le mandat unique, soit porté par le président Patrice Talon.

La voie parlementaire, un passage obligé
Par le passé, on avait trouvé des arguments pour empêcher Feu Général Mathieu Kérékou de toucher à la constitution. Puis après, on avait soupçonné chez l’ex chef d’Etat Boni Yayi, le rêve d’un troisième mandat, pour justifier l’hostilité à une révision « opportuniste » de la constitution béninoise. Aujourd’hui, on cherche vainement d’alibi pour s’opposer au projet de révision. Et de guerre lasse, on s’accroche à des arguties de basse facture, pour soutenir des appréhensions sans fondement. Tantôt, on agite l’idée de la menace d’une nouvelle république en perspective ; tantôt on reproche à l’actuel chef de l’Etat de vouloir subtilement recourir au raccourci de la voie parlementaire ; oubliant que cette voie s’impose constitutionnellement, quelle que soit l’option faite. Il faut simplement souhaiter que toutes ces craintes ne soient que des appels à la transparence recommandable, et non une volonté subjective de s’opposer coûte que coûte au projet de la relecture de la loi fondamentale, dont personne ne conteste aujourd’hui la nécessité et l’urgence.

Privilégier le dialogue sincère, seul gage d’une paix durable
A la conférence nationale de février 1990, les Béninois avaient nourri les mêmes inquiétudes et les mêmes incertitudes que celles qui fusent maintenant de partout au sujet de la relecture de la loi fondamentale du Bénin. Personne n’avait vraiment cru à un aboutissement heureux. Mais à l’arrivée, le peuple a vaincu la fatalité, en gagnant le pari d’une alternance pacifique du monolithisme au pluralisme politique. Moralité, le dialogue sincère est le seul gage d’une paix durable. Nous avons donc des raisons de croire que toutes les agitations actuelles participent seulement de la vitalité de notre démocratie ; et que le bon sens et le patriotisme finiront par triompher des passions politiciennes déchaînées contre le projet de toilettage de la constitution béninoise. Faisons donc le débat en toute sincérité et en toute objectivité.



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