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Lumière sur mes droits : La situation de la femme à la loupe
Publié le jeudi 16 mars 2017  |  Matin libre




Une semaine après la célébration de la journée du 08 mars, Matin Libre se propose de faire la lumière sur l’état des droits de la femme au Bénin. C’est dans une nouvelle rubrique : « Lumière sur mes droits ». Cette rubrique qui sera animée par quinzaine sera consacrée aux droits de la personne. Dans ce premier numéro, Matin Libre fait une incursion dans l’univers de la femme avec la présidente de l’Association des femmes avocates du Bénin (Afa-Bénin), Alexandrine Saizonou Bédié.

La situation de la femme au Bénin n’est plus très alarmante. Même si elle doit être améliorée. Plusieurs textes législatifs protègent en effet la femme au Bénin. Au plan international, il y a entre autres la Déclaration universelle des droits de l’homme qui impose le principe du respect de l’intégrité de l’être humain, et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme. Au plan national, La Constitution du 11 décembre 1990 prône l’égalité entre les citoyens. Le Bénin dispose aussi de la loi 2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention, répression des violences faites aux femmes et du Code de l’enfant qui réprime certaines violences faites contre les enfants, les enfants filles notamment. « Nous avons des textes qui répriment les actes de violences exercés contre la femme. Les textes qui existent sont suffisants », s’est d’ailleurs réjouie Me Alexandrine Saizonou Bédié. Pour elle, les nombreuses campagnes de vulgarisation des droits de la femme portent de plus en plus leurs fruits. « Aujourd’hui, les femmes ne se taisent plus. Elles commencent à comprendre qu’un homme qui vous aime ne doit pas vous violenter. Elles commencent à comprendre qu’elles ont des droits et des devoirs vis-à-vis de leurs conjoints. Elles n’attendent plus souvent les hommes pour subvenir à leurs besoins. Elles refusent les actes de violences d’où qu’ils viennent», a-t-elle confié. Si l’avocate atteste que les femmes prennent de plus en plus conscience de leurs droits, elle déclare néanmoins ne pas disposer de statistiques récentes sur les actes de violence. Il faut tout de même souligner que dans son Enquête démographique et de santé (Edsb-IV) 2011-2012, menée de décembre 2011 à mars 2012 auprès d’un échantillon national d'environ 18 000 ménages, l'Institut national de la statistique et de l'analyse économique (Insae), note que 16,2% des répondantes âgées de 15 à 49 ans et 14,8% des répondants du même groupe d'âges pensent qu'il est « justifié qu'un homme batte sa femme » pour une des raisons suivantes : « brûle la nourriture, argumente avec lui, sort sans le lui dire, néglige les enfants, refuse d'avoir des rapports sexuels avec lui ». Dans le rapport d'un sondage qu'il a mené en 2014, l'Institut de recherche empirique en économie politique (Ireep), souligne, lui, que 7 Béninois sondés sur 10 étaient d'avis que la violence envers les femmes avait diminué dans les 12 mois ayant précédé l'enquête conduite.

Plus de volonté politique…

La praticienne de droit soutiendra qu’il faut renforcer les campagnes de vulgarisation puisque selon elle, les violences prennent de nos jours des formes insidieuses. « Aujourd’hui nos familles constituent des dangers pour les enfants. Le viol, l’inceste, c’est dans nos maisons. Les locataires pratiquent le viol des jeunes filles. Des parents constituent également des dangers pour les enfants », a-t-elle informé. Elle déplore également la violence morale et les enfants privés de nourriture. Et de lancer un appel : «Je demande aux mères d’être vigilantes et attentives». Mieux, Me Alexandrine Saizonou Bédié invite l’Etat à renforcer ses actions. « Il reste la volonté politique (…) Ce qui manque fondamentalement, ce sont les structures d’accompagnement. Quand une femme est battue dans son ménage, elle est obligée de s’éloigner de ce ménage pour que la tension se calme. Il faut bien qu’on la récupère si elle ne veut pas aller en famille. Or les structures mises en place ne sont pas soutenues financièrement…», se désole l’avocate. Selon elle, les centres de promotion sociale ont des budgets dérisoires. Ils disposent d’au plus 1 million F Cfa par an et n’ont pas de personnels suffisants. « Il y a également la méconnaissance de la loi. Il faut que les praticiens du droit soient formés sur la question. Il faut qu’il y ait dans nos juridictions des juges spécialisés pour que les textes soient réellement appliqués», a-t-elle souligné. Me Alexandrine Saizonou Bédié indiquera que l’Etat a le devoir de porter une assistance juridictionnelle et judiciaire aux enfants mineurs et femmes indigentes comme cela se fait dans « tout pays sérieux». L’Afa-Bénin le fait en tout cas depuis sa création en 2013 et elle ne devrait pas assumer toute cette lourde mission qui incombe en temps normal à l’Etat. « L’Etat doit pouvoir permettre à tous les citoyens d’avoir accès à la justice », a-t-elle martelé.

Allégresse SASSE
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