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Enlèvement et décès du roi de Pèrèrè en 2005 (37e dossier): Réclusions criminelles et acquittements prononcés
Publié le samedi 18 mars 2017  |  La Nation
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© Autre presse par DR
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Interpelés et poursuivis des chefs de coups mortels, violences et voies de fait, et complicité de coups mortels, violences et voies de fait, les douze personnes impliquées dans l’enlèvement et le décès de l’ancien roi de Pèrèrè, ont été condamnées à diverses peines, mardi 14 mars dernier. C’était par la cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou, au cours d’un procès qui a duré 48 heures.

Les têtes couronnées et autres gardiens de la tradition jouent un rôle important dans leurs différentes localités d’intervention. Malheureusement, leur désignation donne souvent lieu à des contestations aux conséquences imprévisibles et regrettables. Ce fut le cas à Pèrèrè où, depuis le 20 décembre 2004, date de sa désignation en qualité de roi de la localité, feu Goundé Bio Yérima, âgé de 65 ans environ, a été contesté par une frange de la population. Certains préféraient Yarou Koto pour occuper le trône. Dès lors le roi contesté a régulièrement fait l’objet de menaces de tout genre. Un tract avait même été apposé sur la clôture de sa maison, lui enjoignant de quitter Pèrèrè au plus tard le 31 décembre 2004. Le 1er janvier 2005, vers 14 h, alors qu’il priait avec des parents et amis, une horde d’individus firent irruption à son domicile, certains par escalade. Ils le molestèrent et le traînèrent avec son frère Daki Bouko, avant de les jeter dans une camionnette Peugeot 404 bâchée louée pour la circonstance et prirent la direction de Nikki. En cours de route, le roi malmené rendit l’âme et ses ravisseurs rebroussèrent chemin, abandonnant son corps sous un manguier au bord de la voie, à quelques encablures du village de Gbaouchi. Toutefois, le chauffeur du véhicule Zakari Amidou Issa a déclaré qu’ils lui ont demandé de les conduire chez le maire de la commune, Inoussa Issaou Babio, à qui ils doivent rendre compte des opérations, notamment du décès du roi.

Douze personnes sont soupçonnées d’avoir participé à l’enlèvement et au décès du roi contesté. Elles ont écopé de diverses peines. Reconnus coupables de coups mortels, infraction prévue et punie par l’article 309 alinéa 4 du Code pénal, Yaya Salissou Alassane, Moussa Bakarou Alidou Ousmane, Séïdou Dobo, Adam Séïdou alias Boni Ghana et Alassane Mama Woré alias Siki ont été condamnés chacun, à sept ans de réclusion criminelle. La cour présidée par Hubert Arsène Dadjo a acquitté au bénéfice du doute Gounou Issiaka Saka, Gani Simé Séko, Abdoulaye Ibrahim, Moumouni Saka et l’ancien maire de Pèrèrè, Inoussa Issaou Babio. Quant à Boni Soufianou Ibrahim et Karim Gourma Sabi, ils ont été purement et simplement acquittés. La cour a ordonné la mise en liberté immédiate de ceux qu’elle a acquittés. Elle demande que les cautions soient restituées à ceux qui l’ont versées au Trésor public pour leur liberté provisoire.

Des positions diverses adoptées

Par rapport aux faits pour lesquels ils sont poursuivis, les mis en cause ont adopté des positions diverses. A l’enquête préliminaire, devant le juge instructeur et à la barre, Alassane Yaya Salissou, Moussa Bakarou Alidou Ousmane, Seidou Dobo, Abdoulaye Ibrahim, Soufianou Ibrahim Boni, Adam Seidou, Karim Gourma Sabi et Alassane Mama Woré alias Alassane Siki ont reconnu leur participation. Mais ils ont clamé n’être en rien impliqués dans l’assassinat du feu Goundé Bio Yérima. Ils ne nient pas avoir organisé au vu et au su des autorités locales, des réunions les 30, 31 décembre 2004 et le 1er janvier 2005, à l’issue desquelles il a été décidé de son enlèvement pour le conduire devant le roi de Nikki, chef suprême des Batombu.
Quant à Moumouni Saka, il n’a pas reconnu avoir pris part aux faits, mais dit avoir suivi la 404 bâchée pour être auprès du roi de Nikki, le porte-parole des jeunes.
S’agissant de Gani Séko Simé, Gounou Issaka Saka et Inoussa Issaou Babio, ils soutiennent n’être pas impliqués dans les faits d’assassinat.
Au total, il ne ressort pas des éléments du dossier que les accusés aient pu former à l’avance le dessein de donner la mort au roi. Leur préoccupation principale était de le faire quitter la localité, au besoin par la violence et d’aller soumettre à l’arbitrage du roi de Nikki, le contentieux de sa désignation par le collège électoral mis en place par le préfet de l’époque.

Seul contre tous

Prenant ses réquisitions, l’avocat général, Emmanuel Opita, a démontré que les infractions retenues contre les accusés sont constituées. Considérant les douze personnes comme les auteurs de l’apologie de la violence à Pèrèrè, il invite la cour à les décourager. Enfin, Emmanuel Opita requiert dix ans de travaux forcés à chacun d’eux, après avoir fait constater qu’ils sont accessibles à la sanction pénale, selon les expertises psychiatriques effectuées.
Suivront alors les plaidoiries du collège des douze avocats pour la défense des douze accusés. Tour à tour, chacun d’eux plaidera non coupable pour le client pour lequel il a été commis à la défense, après avoir indiqué que les infractions n’étaient pas constituées. A l’unanimité, ils demandent l’acquittement pur et simple de leurs clients.
Appréciant les réquisitions de l’avocat général, Me Cyrille Djikui fera remarquer que « ce ne fut qu’une perte de temps ». Pour Me Hélène Kèkè-Aholou, elles ressemblent à « une fosse commune » et manquent de discernement. Selon elle, « La montagne a accouché d’une souris ». Me Cécil Igor Sacramento a, quant à lui, fait remarquer que l’avocat général a laissé de côté les principes de la présomption d’innocence et de l’imputabilité des peines, qu’il a oublié les limites de l’instruction. Au même moment, Me Aboubakar Baparapé a révélé les dessous politiques du dossier et Me Zakari Baba Body, ses incohérences et insuffisances.
Alexis A. Métahou et Richard T. Limoan ont assisté le président Hubert Arsène Dadjo. A leurs côtés, il y avait comme jurés, Oumar Baparapé, Nata Antoine N’Tcha, Imorou Abdoulaye, Mamoudou Dafia. La mémoire de la cour a été tenue par Me Ambroise Alassane.
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