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Déperdition scolaire au Bénin : Dantokpa, le réceptacle des filles déscolarisées
Publié le lundi 3 avril 2017  |  Fraternité
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© aCotonou.com par Didier Kpassassi
Me Abou Seïdou, le greffier en chef du tribunal de Cotonou est croisade contre les grossesses non désirées en milieu scolaire.
CEG Vedoko/Cotonou le 30 mars 2017. Plus de 500 calendriers récapitulatifs d`une valeur de 500 000 FCFA a été gracieusement offert aux élèves filles du CEG Vedoko.




En dépit des efforts fournis pour favoriser une forte inscription des filles à l’école, nombreuses celles qui, compte tenu des pesanteurs sociologiques, sont contraintes d’abandonner les études. Au marché Dantokpa à Cotonou, la plupart se forgent une nouvelle vie pour s’assurer un lendemain meilleur.
Sous le chaud soleil, sur le parking de St Michel, Sandrine, 15 ans, crie à tue-tête pour vendre la vingtaine de sachets d’eau glacée qu’elle a sur la tête. C’est le quotidien de cette fille depuis qu’elle a été contrainte, faute de moyens et de suivi, à laisser les classes. « J’étais élève. Mes parents n’ont pas les moyens. J’ai eu de difficultés à évoluer dans les études. C’est ce qui fait que j’ai redoublé deux fois la même classe. Ma mère a alors décidé que je vienne l’aider au marché », explique-t-elle.
Tout comme Sandrine, de centaines de filles passent leur journée à se faufiler entre les usagers du marché Dantokpa à Cotonou, leur proposant des articles divers. Certaines, fatiguées, s’allongent carrément dans des baraques ou à l’ombre aux abords des routes avant de continuer leur chemin. Elles vivent désormais dans une situation précaire qu’elles ne sauraient comparer à leur situation sur les bancs. Cependant, ces filles sont obligées de faire avec. « Après mon passage en classe de 4ème, ma maman a dit qu’elle n’avait pas les moyens de me payer la scolarité. C’est à cause de cela que je vends de l’oignon au marché avec elle », affirme Charlotte.

Le poids de la tradition
Au-delà des questions de moyens, les filles revendeuses du marché international de Cotonou justifient la déperdition scolaire par des pesanteurs sociologiques et culturelles auxquelles, elles n’ont pas pu résister. Consacrée à la divinité « Dan », Hermione a vu son destin prendre une nouvelle tournure. « J’entrais souvent en transe sans savoir la raison. C’est après des consultations que mes parents ont appris que j’ai été choisie pour être adepte du fétiche. Au début, ils ont refusé de céder mais compte tenu de la fréquence des troubles spirituels, ils ont dû, malgré eux, acquiescer pour ne pas me voir mourir », avoue-t-elle. Contrairement à Hermione, nombreuses sont les filles qui sont confrontées plutôt au mariage forcé. « Je ne suis pas allée loin dans mes études parce que mes parents, dès l’âge de 15 ans m’ont donnée en mariage, et mon mari a refusé de me laisser poursuivre mes études », témoigne Amina, la vingtaine, vendeuse de fromage au marché Dantokpa. Le harcèlement sexuel et les grossesses précoces constituent également des éléments déclencheurs du phénomène. Selon l’inspecteur de l’enseignement secondaire Emmanuel Yêhouénou, la gratuité seule ne peut suffire à maintenir les filles à l’école. « Il faut des moyens d’accompagnement. L’Etat devrait dépêcher des psychologues dans les établissements scolaires pour une meilleure prise en charge des élèves ayant des problèmes », recommande Emmanuel Yêhouénou. En grandissant, les filles déscolarisées, aujourd’hui commerçantes croient à un lendemain meilleur avec leurs activités, mais regrettent de ne pas pouvoir évoluer dans les études.
Euloge GOHOUNGO (Stag)
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