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Michel Adjaka sur la sortie médiatique du chef de l’Etat : « C’est un rendez-manqué avec le peuple »
Publié le lundi 10 avril 2017  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Marche contre la révision de la Constitution : Les magistrats font le plein dans les rues de Porto-Novo




Hier Dimanche 9 avril 2017, l’émission socio politique Le Grand rendez-vous de la radio privée Soleil Fm a reçu le magistrat Michel Adjaka. Le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), s’est prononcé sur la sortie médiatique du chef de l’Etat et sur les luttes des magistrats contre le projet de révision de la Constitution engagé par le gouvernement. Lisez un extrait de cet entretien qui a duré environ 90 minutes.

« (…) J’ai été surpris par ce rendez-vous manqué avec le peuple. C’est un rendez-vous manqué, d’autant plus que, les questions sur lesquelles le président de la République s’est prononcé, sont des questions dont il n’a pas suffisamment la maîtrise. J’ai l’impression d’avoir écouté un président de la République qui a récité une leçon mal apprise, d’autant plus que les questions d’inamovibilité et d’autres paramètres qui ont conduit les magistrats dans cette bataille de révision de la Constitution, j’ai été déçu de savoir que le président de la République n’en a pas une connaissance approfondie. Et c’est regrettable pour notre pays. Le Chef de l’Etat aurait pu nous épargner de cette sortie médiatique (…). Après avoir écouté le Chef de l’Etat hier, j’ai compris que le poste de président de la République, la fonction présidentielle ne communique pas à son occupant des talents exceptionnels. Si vous n’êtes pas juriste, ce n’est pas lorsque vous êtes devenu président de la République, que vous allez le devenir, si vous n’êtes pas agrégé de droit constitutionnelle, ce n’est pas la fonction présidentielle qui va vous communiquer les talents de constitutionnaliste. Si vous n’êtes pas magistrat, ce n’est pas en occupant la fonction présidentielle que vous allez le devenir. Autrement dit, il faut que, lorsqu’on occupe, de telles fonctions, lorsqu’on occupe de telles hautes charges, il faut être humble et écouter plus qu’on ne prenne la parole, parce que si vous prenez la parole, vous risquez de vous faire découvrir et ce n’est pas bien pour notre démocratie. Le président de la République aurait pu demander à son avocat, dans cette bataille-là, qui est son avocat personnel, de croiser ses arguments avec les autres techniciens qui ont été au front, et puis, demander un tel débat que nous avons ardemment souhaité pendant cette bataille-là. Sur les questions abordées, le président n’a pas la science infuse, ce n’est pas un érudit que nous avons élu, (…). C’est regrettable d’autant plus que si la justice n’était pas indépendante, le président Talon ne peut pas affronter le président Yayi Boni et obtenir une décision de non-lieu. C’est regrettable d’autant plus que c’est celui-là qui a bénéficié des vertus d’une justice indépendante qui s’érige en bourreau de cette justice-là (…). Aucun magistrat à Cotonou n’a capitalisé 20 ans de service.

C’est une contre-vérité de dire qu’un magistrat à Cotonou est en train de faire 20 ans...

Le plus ancien parmi nous à Cotonou n’a que 11ans. Curieusement c’est lui qui a été consulté par le Garde des sceaux, pour être à Cotonou pendant des années encore en tant que président du Tribunal. C’est votre humble serviteur (Michel Adjaka Ndlr), qui a demandé lors des travaux de mutation, des magistrats, d’intégrer la mobilité. Parce qu’un magistrat qui reste au poste pendant longtemps devient un roitelet, un roi et il est connu de tout le monde, surtout à Cotonou, il est connu des avocats et il ne peut pas dire convenablement le droit. Il faut qu’il accepte d’évoluer. Lorsque cette proposition a été faite, le Csm l’a récupérée et l’a intégrée dans le tableau de bord, l’affectation des magistrats, avec l’actuel garde des sceaux bien entendu, comme critère la mobilité puisque, l’Unamab en a fait son cheval de bataille, la mobilité, deux ans pour les parquetiers, trois ans pour les juges et nous sommes allés loin au niveau du bureau exécutif de l’Unamab, pour demander que les postes soient soumis à candidature entre magistrats. Ce que le garde des sceaux a fini par entériner et il a pris un arrêté dans ce sens, donc, je ne vois pas où se pose le problème de la mobilité au point où le Chef de l’Etat et son Garde des Sceaux soient obligés de se retirer et pour sortir ce projet calamiteux qui porte atteinte dangereusement aux principes universellement consacrés, principe de l’indépendance du juge, dont l’un des corollaires est l’inamovibilité. On n’a pas besoin de mettre ça dans la Constitution, il y a la loi portant statut de la magistrature, il y a la loi qui régit le Conseil supérieur de la magistrature et pour gérer le personnel magistrat, vous n’êtes pas tenu d’être rigide, puisque c’est la gestion des ressources humaines, si vous êtes rigides, vous allez vous trouver face à des situations où vous êtes obligés de violer vos propres règles. Tout ce qu’on applique en droit, n’est pas n’est pas écrit. Alors si on parle de magistrat qui s’éternise au tribunal de première instance de première classe de Cotonou, qui en font même un titre foncier, c’est parce qu’on vise des gens moi … j’ai commencé à exercer à Cotonou en 2012, ça me fait 5ans mais j’ai été le magistrat le plus consulté par l’ensemble des Gardes de Sceaux réunis. Il n’y a pas ce Garde des Sceaux qui n’ait pas cherché à déplacer le président de l’Unamab de Cotonou, tout simplement parce que c’est un homme gênant. Dès lors qu’il est dans la maison, il a des velléités que le magistrat ne peut pas développer surtout que le président du bureau exécutif de l’Unamab est aujourd’hui membre du Conseil supérieur de la magistrature, donc il est devenu très gênant. Il a faut le déplacer à tout prix. Tant qu’il est là, on ne peut pas tourner en rond. Puisque si vous croyez à ces vertus de mobilité vous ne pouvez pas consulter quelqu’un qui a déjà fait 11ans à Cotonou pour continuer peut-être pendant cinq ans encore. Eux, ils ne croient pas à ça, leur souci c’est d’avoir une justice taillée sur mesure, leur souci(…) »

Transcription : Thomas AZANMASSO
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