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Monopole du groupe Talon : Voici la route du coton béninois
Publié le mardi 11 avril 2017  |  Matin libre
Le
© Autre presse par DR
Le coton




Dans sa parution du vendredi 16 décembre 2016, Matin Libre avait repris en manchette un article publié dans Jeune Afrique du mercredi 14 décembre 2016 intitulé : « Gestion de l'or blanc/Campagne 2016-2017 : Main basse programmée sur le coton! ». Dans cette publication, il était question de l’appel d’offre taillé sur mesure, qui avait permis d’écarter les concurrents des sociétés de l’ancien magnat du coton. Tout était fait pour que des semences à l’exportation, Sodéco et ICA soient les plus avantagées. Aujourd’hui,le Chef de l’Etat annonce un chiffre de 420 mille tonnes pour la campagne en cours. Dans un contexte où tout le processus est contrôlé par les sociétés du groupe Talon, on peut se demander quelle est la part qui revient à l’Etat béninois dans cette campagne.

La Sodéco et l’ICA, deux sociétés du groupe Talon sont en amont et aval de la production de l’or blanc. Des semences jusqu’à la vente des résidus issus de la transformation des graines en huile, les sociétés de l’ancien homme d’affaire sont omniprésentes. Le groupe contrôle plus de 98% de la production du coton. Et pour preuve…

C’est la Sodéco qui met à la disposition des paysans les semences pour ce qui est des superficies à emblaver. Lesdites semences leur seront facturées au moment de l’achat du coton graine. Une fois les superficies emblavées, l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC), une structure autrefois contrôlée par Patrice Talon, lance un appel d’offre pour sélectionner les Importateurs et Distributeurs d’Intrants (Idi). Ceux-ci ont pour rôle de mettre à la disposition des paysans des intrants spécifiques sur site au niveau des Coopératives villageoises de producteurs de coton (Cvpc). Il s’agit des engrais, herbicides, produits phytosanitaires et des appareils de traitement. Les Idi s’occupent également du suivi et de l’encadrement des paysans, activités autrefois dévolues à la Sonapra. Une fois le coton récolté, la Sodéco procède à l’achat du coton graine chez les paysans après pesée sur les marchés auto gérés. Point n’est besoin de rappeler que c’est l’acheteur qui fixe le prix du Kg et qui soustrait du prix de revient le montant des semences et des intrants qu’il avait mis à la disposition des paysans. Le coton graine est ensuite convoyé vers les usines d’égrenage. Et là encore ce sont les usines de la Sodéco (10 au total sur les 18 que compte le pays) et de l’Ica (5/18), les deux sociétés du groupe Talon qui se taillent la part du lion puisqu’elles possèdent 15 des 18 usines du pays, sans compter le fait que l’usine Mci de Nikki, propriété de Martin Rodriguez, est actuellement en train d’égrener pour le compte de la Sodéco. Toutes ces usines qui égrainent pour le compte du même groupe, le groupe Talon, reçoivent près de 98% du stock total du coton. Vint alors l’étape de la commercialisation. Là aussi, il est retenu que c’est l’égreneur qui commercialise. Le coton produit par les paysans sera vendu par la Sodéco et l’ICA. Mais avant la commercialisation, Atral, une autre société du Groupe Talon entre en jeu. Cette société de transit et de logistique se charge des formalités d’exportation. Aucun camion ne peut venir au port de Cotonou sans passer par Allada, le siège de Atral. Mais ce n’est pas fini. Une fois les fibres du coton exportées, reste maintenant les graines. Elles sont envoyées vers les huileries. Et là encore la Société des huiles du Bénin (Shb) du Groupe Talon reçoit la plus grosse part. Ensuite, le reste est cédé à Fludor. Des graines sortent de l’huile et les tourteaux. L’huile est vendue pour la consommation à l’intérieur comme à l’extérieur de même que les tourteaux qui servent de nourriture pour le bétail.

Que gagne l’Etat ?

Sur toute la chaîne de production, des semences jusqu’à la vente des résidus, on peut se demander où est-ce que l’Etat intervient et quelle part du marché lui revient. Autrefois, c’est la Sonapra qui s’occupait de la commercialisation des fibres du coton et l’argent entrait alors dans les caisses de l’Etat. Mais cette période est révolue. Depuis la privatisation de l’outil industriel de la Sonapra, la société est vidée de sa substance.Tout a été fait pour que les privés prennent le monopole. Et avec l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon qui contrôle la filière par le biais de ses nombreuses sociétés, tout l’argent du coton va dans les caisses des sociétés comme la Sodéco et l’ICA alors que dans le même temps, ce sont les routes réalisées à grands frais par l’Etat qui se dégradent sous le poids des camions remplis de balles de coton.Dès lors, on peut se demander si sous l’actuelle gouvernance, il y a un intérêt pour le Bénin de continuer à faire du coton, sa principale culture de rente…

Worou BORO
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