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An 1 de la Rupture : L’Abdc parle des déceptions et espérances des citoyens
Publié le vendredi 21 avril 2017  |  Matin libre
Frédéric
© aCotonou.com par DR
Frédéric Joël Aïvo, agrégé des Facultés de droit




La gouvernance de Patrice Talon était au cœur des quatrièmes entretiens politiques de l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) hier jeudi 20 avril 2017. L’Association qui a reçu le soutien de la Fondation Hanns Seidel, a organisé une discussion contradictoire sur les douze (12) premiers mois de la Rupture.

«Bilan citoyen de la gouvernance du président Talon». C’est le thème des entretiens politiques de l’Abdc d’hier. Ils ont connu un panel unique modéré par le président de l’Abdc, l’Agrégé des Facultés de droit Frédéric Joël Aïvo. Trois communicateurs ont confronté leurs points de vue. Il s’agit de Wilfried Léandre Houngbédji, Directeur de la Communication à la présidence de la République, Dr Simon-Narcisse Tomety, géographe, territorialiste de développement et de Ralmeg Gandaho, le président de l’Ong Changement social. Selon Dr Simon-Narcisse Tomety et Ralmeg Gandaho, le gouvernement accorde peu d’attention au peuple. Selon le Territorialiste de développement, entre la Rupture et le Nouveau départ, un an après, on constate le déguerpissement sauvage voire barbare des populations, le défaut de transparence dans la réalisation des actions, un système pauvre en gouvernance participative, trop technocratique. M. Ralmeg Gandaho dénoncera une démocratie personnalisée et non institutionnelle, une approche dommageable de l’Etat-entreprise en relevant les failles du programme d’actions du gouvernement. Léandre Houngbédji, lui, tout en soulignant que le gouvernement semble livré à lui-même en raison d’un défaut de socle politique, a montré que Patrice Talon a essayé de poser les bases du Nouveau départ. Construire un Etat moderne exige la destruction de certains vestiges du passé, même si c’est douloureux, a-t-il dit. Il a par ailleurs cité la maitrise de la situation des besoins énergétiques, la disparition progressive du délestage et le lancement du bitumage de 500 km de routes. Ce jeudi, les échanges ont permis de comprendre qu’il faut davantage au Bénin une politique plus inclusive, participative, une meilleure visibilité et lisibilité des actions, des méthodes adéquates, plus de dialogue, d’humilité, l’acceptation de la critique et de la contradiction, l’éducation et l’encadrement des citoyens et une refonte du système partisan. Le président de l’Abdc a, quant à lui, montré que ces quatrièmes entretiens politiques étaient très utiles puisqu’ils ont permis d’apprécier les 12 premiers mois de la Rupture. « Il faut donner du temps au président pour accélérer les réformes », a-t-il déclaré par ailleurs. Mais Frédéric Joël Aïvo qui se veut vigilant a indiqué qu’aucune réforme ne peut être applaudie si elle doit écraser les hommes. A la fin des échanges, la Représentante de la Fondation Hanns Seidel, Aridja Frank a exprimé sa satisfaction. Elle a plaidé pour qu’un message citoyen, notamment les propositions de la rencontre, soit remis au Chef de l’Etat.

A.S

Quelques extraits de propos

Dr Simon-Narcisse Tomety
«On est passé… à un système d’intolérance de la contradiction»

« Un an pour moi, éparpiller les réalisations physiques d’un régime n’a pas de sens. C’est un an pour mettre en place un contrat social. La chaine décisionnelle de notre pays est un empilement de systèmes menteurs avec des rapports de mensonges… Le système actuel est haut perché, est trop technocratique, est très pauvre en gouvernance participative, n’écoute pas…On est passé d’un système de management des ressources humaines axé sur la clochardisation des cadres et le gaspillage de la qualité des ressources humaines du pays à un système d’humiliation des intellectuels avec une mise en doute de la capacité à innover d’où une hyper-présidentialisation de la chaine décisionnelle. Nous sommes passés d’une gouvernance hyper-populiste et de culte de la personnalité et de gaspillage du patrimoine de l’Etat… à une gouvernance hyper-élitiste faite d’humiliation, de manque d’attention des pauvres et de célébration de la peur…Nous sommes passés d’un pays gouverné par une coalition de 94 partis politiques et de 300 mouvements alliés tous alimentés clandestinement par des fonds publics avec une opposition très active et télécommandée par des opérateurs économiques puissants à un multipartisme à pensée unique...On est passé d’un système de coexistence des forces politiques et citoyennes pour la préservation de la démocratie et de la paix à un système d’intolérance de la contradiction…Il ne faut pas faire seulement de la communication urbaine. Rester à Cotonou et penser que ce qu’on dit à Cotonou est suivi par l’auditeur yom, ditamari, c’est une erreur. On doit sentir la Rupture et le nouveau départ dans chacune des 77 Communes. Il nous faut surtout un référentiel sur le nouveau départ. On est en train de faire un saut dans le néant. Le Pag (Programme d’actions du gouvernement, Ndlr), pour moi, ne suffit pas pour arriver au Bénin révélé…La politique n’est qu’un instrument au service du social ».

Me Sadikou Alao
« Le conflit d’intérêt est devenu une méthode de gouvernance»

« Il faut bien que ce que nous allons dire puisse être notifié à qui de droit ; et comme on le dit dans notre jargon : afin que nul n’en ignore. L’initiative prise est dans la marche du temps à cause des incongruités auxquelles on assiste ces derniers temps. On assiste à des choses jamais vues. Si nous ne corrigeons pas ces choses, il serait difficile d’aller vers le développement que nous convoitons, il sera difficile de changer en toute sérénité nos institutions sans être suspecté de vouloir se servir… Ici, le conflit d’intérêt est devenu une méthode de gouvernance. On ne peut pas nous respecter dedans, à l’extérieur et dans le monde financier, le marché financier auquel nous nous adressons pour emprunter si nous sommes en perpétuel conflit d’intérêts. Nous devrons mettre fin aux lois liberticides, aux lois d’exclusion. Notre Assemblée est devenue très perméable à toutes sortes de loi… On ne peut pas gouverner en commençant par écraser les pauvres. »

Me Hélène Kèkè Aholou
«La corruption est galopante»

« (…) Quand on parle de rupture, à mon humble avis, on rompt avec tout ce qui est mauvais dans le passé. On ne rompt pas avec ce qui est bon pour pouvoir établir ce qui viendra plus tard. La rupture, c’est rompre avec la corruption permanente. On nous a corrompus aussi. Et je me suis dit que c’est une erreur. Il y a deux semaines, j’ai vécu quelque chose dans mon cabinet et j’en tremble. Un neveux me demande de l’argent et me dit que c’est pour aller corrompre. Je ne l’ai pas cru. J’ai remis l’argent et lui ai demandé de me ramener la preuve. Il m’a ramené la preuve… La corruption est galopante. Le virus est partout.»

Wilfrid Houngbédji
« Oui, il y a des faiblesses »

« J’ai écouté les appréciations, les critiques généralement pertinentes. J’ai envie de vous dire au nom du Chef de l’Etat pour emprunter un propos gaullien : il vous a entendus, il vous a compris puisque vous avez pu vous-mêmes observer à l’occasion de son entretien du 08 dernier qu’il annonce l’amorce d’un virage pour tenir compte effectivement désormais de la dimension politique de la fonction. J’ajouterai même politicienne parce qu’il semble que sur ce terrain on ne peut vraiment pas faire autrement et espérer engranger des résultats… Je pourrais prendre à mon compte le bilan déjà effectué par la plateforme des Osc et m’en tenir à cela pour relever avec les acteurs de cette plateforme que sur 198 promesses, en un an 6 ont été effectivement bouclées, 2 ne l’ont pas été, 86 ont été mises en route et qu’il reste 104 qui n’ont pas avancé. On observerait que 50% des promesses majeures du candidat et du président ont été soit accomplies ou mises en route. C’est plutôt de bon augure pour la suite (…) Quand on a dit ça, pour un bilan citoyen, on pourrait dire : on n’a qu’à continuer. Mais nous sommes des humains. Et nous sommes au Bénin (…) Oui il y a des faiblesses. Il y a des choses à améliorer. Mais oui aussi, l’ambition est là… »

Propos transcrits par A.S
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