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Laurent Mètongnon au sujet du recrutement à polémique à la Cnss : “Le concours doit être annulé… la procédure est viciée au départ“
Publié le mercredi 3 mai 2017  |  Matin libre
Laurent
© aCotonou.com par Didier Assogba
Laurent Metongnon, sécrétaire Général de la Fédération des syndicats des travailleurs de l’administration des Finances ( Fésynatra-Finances)
Les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir.Causerie débat initié par la fondation Friedrich Ebert. Cotonou, le 13 juillet 2016. Soirée politique sur les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir




Quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui des conditions de vie et de travail du travailleur béninois ? Le Bénin va-t-il vraiment mieux comme l’a dit le ministre des Finances Romuald Wadagni ? Qu’en est-il du concours à polémique à la Caisse nationale de sécurité sociale ?Ce sont entre autres préoccupations abordées par votre journal Matin Libre avec Laurent Mètongnon, Secrétaire général de la Fesyntra-finances et ancien Président du Conseil d’administration de la Cnss. En terme de finances et de sécurité sociale, c’est quelqu’un qui s’y connait, et par rapport à ses réponses au cours de l’entretien, il n’a d’ailleurs pas fait la langue de bois. Lisez plutôt.

Sg Mètongnon, quel état des lieux peut-on faire des conditions de vie et de travail du travailleur béninois, qu’il soit du public ou du privé, au lendemain du 1er mai ?

Les travailleurs vivent toujours dans la précarité, les régimes qui se sont succédés n’ont jamais considéré la satisfaction des revendications des travailleurs comme une priorité. La déception est venue également du régime du Nouveau départ qui affirmait avoir des solutions aux problèmes des travailleurs. Plus d’un an déjà, et les travailleurs n’ont rien vu venir. On ne rémunère pas la force du travail à sa juste valeur mais on préfère recruter des privés et les payer à des coûts exorbitants sur la base du droit privé. Pendant ce temps, l’Agent permanent ou contractuel de l’Etat recruté sur la base du droit public et exerçant les mêmes fonctions s’en sort avec un salaire minable. C’est ce qu’on a voulu légaliser avec la loi portant régime d’emploi et d’embauche des collaborateurs extérieurs de l’Etat.

Et Pourquoi aujourd’hui le syndicaliste recourt aussi facilement à la grève pour une simple revendication?

C’est une affaire de ligne syndicale et ce sont les gouvernants qui contraignent les travailleurs, les organisations syndicales à recourir très tôt à la grève. Les autorités étant habituées à faire la sourde oreille aux revendications des travailleurs, il n’y a plus d’issue que de recourir à la grève pour obtenir gain de cause.

De plus en plus on dénonce des mouvements de grèves politiques. Qu’en pensez-vous?

Il ne doit pas exister de frontière entre le syndicalisme et la politique car les syndicalistes doivent militer pour la bonne gouvernance, la meilleure gestion des affaires publiques. Dans le dossier Ajavon où l’on a vu des syndicalistes manifester pour réclamer sa libération l’objectif visé était la manifestation de la vérité dans cette affaire qui, qu’on le veuille ou non, ternissait l’image du Bénin. Lorsque l’affaire d’empoisonnement a éclaté au Bénin, lui, Patrice Talon n’était pas arrêté mais il était surveillé. Pourquoi ne pas mettre également en résidence surveillée, le président Ajavon au lieu de l’arrêter de force?

Le Bénin va-t-il vraiment mieux comme l’a dit le ministre Romuald Wadagni au cours de son entretien télévisé ?

Je pense que le ministre Wadagni a parlé français, il se serait exprimé en Adja, sa langue maternelle ou encore fon ou goun qu’il aurait eu la réaction du peuple. Lui, c’est bon pour lui puisqu’il est actionnaire à Deloitte, c’est lui-même qui l’a dit. Et c’est le cabinet qui gère les audits aujourd’hui. Ce qu’il gagne comme primes, la caisse noire, cela dépasse son salaire. Qu’il aille demander aux vendeuses de Dantokpa, aux pauvres populations déguerpies de force des espaces publics sans aucune mesure d’accompagnement, qu’il se rapproche des familles qui n’arrivent pas à s’assurer un repas par jour même pas le petit déjeuner et il comprendra que le Bénin ne va pas mieux.

Depuis quelques semaines, le bruit court sur les réseaux sociaux que le concours de recrutement à la Cnss serait entâché d’irrégularités, le premier d’ailleurs dans cette structure sous le Président Patrice Talon. Est-ce que vous confirmez qu’il y a effectivement fraude ? Que peut-on retenir concrètement si effectivement il y a fraude ?

Par rapport au recrutement à la Cnss, à cette question depuis que le problème s’est posé je n’ai pas voulu en parler pour la simple raison que j’ai été le Président du Conseil d’administration, ces trois dernières années et je sais qu’en passant service, j’avais insisté sur la transparence qui devait caractériser ce concours de recrutement pour que nous ne tombions pas dans la même lutte que j’ai menée avec les travailleurs et vous-même les journalistes en ce qui concernait les concours Aboubacar Yaya qui ont été annulés par le gouvernement de Talon dès les premières heures.Je n’ai pas voulu en parler surtout qu’il s’agit ici d’un problème beaucoup plus de procédures. Vous savez au niveau de la Caisse nationale de la sécurité sociale, les organes de passations ont été mis en place lorsque j’y étais. Le président du Conseil d’administration, (Pca), est la personne responsable des marchés publics. Tout ce qui doit concerner le recrutement d’un cabinet dans cette maison est du ressort du président du Conseil d’administration en tant que personne responsable des marchés publics. C’est lui qui doit engager la procédure et qui doit l’achever puisque la Commission de passation des marchés est installée, c’est elle qui doit s’occuper du dépouillement de l’attribution provisoire. La cellule de contrôle qui est également installée, c’est elle qui doit assurer le contrôle de ce qui a été fait par la commission de passation. Le président de Conseil d’administration est là pour pouvoir alors surveiller le bon déroulement de tout ça. Même lorsque moi j’étais là, j’invitais le Fonac à participer au dépouillement pour qu’il y ait effectivement la transparence et que ce soit un travail qui soit bien fait. Donc si on me dit, pour les informations que j’ai, bien sûr et là j’insiste, si c’est un Comité qui a été mis en place par le Directeur pour pouvoir recruter un cabinet pour une tâche en fin de compte qui a coûté 18 millions Fcfa, ça veut dire que nous sommes même au-delà de ce qu’ on devrait appeler la procédure normale. C’est-à-dire la procédure de passation qui nécessitait une demande de cotation. Ici, c’est même un avis à manifestation d’intérêts en bonne et due forme qu’on doit pouvoir lancer. Des cabinets susceptibles de faire ce recrutement devrait pouvoir soumissionner. Il devrait avoir un dépouillement contrôlé par la cellule, le résultat donné et c’est la personne responsable qui doit pouvoir s’entretenir avec ce cabinet retenu. Pour les informations que j’ai, ce n’est pas le cas. Du coup, la procédure même est déjà viciée au départ. Cette procédure, elle n’a pas marché. Donc, le concours doit être annulé. Et ceux qui ont violé cette procédure doivent être sanctionnés. Nous l’avons exigé, il est vrai le concours Aboubacar Yaya a été annulé par le Conseil des ministres, donc par le Président. Je pense que le Président qui a eu cette clairvoyance de savoir qu’on ne doit pas baser les concours, les compétences sur la fraude doit pouvoir mettre en place une commission d’enquête pour vérifier si ce qui est dit sur les réseaux sociaux est vrai par rapport à ce concours. Parce que c’est des concours organisés par le Nouveau départ. Si les concours faits par le Nouveau départ doivent être plus frauduleux, plus scandaleux que ce que le régime qu’il conteste et dont il parle tous les jours, a fait, je pense que c’est une honte nationale. Le ministre de la Fonction publique, Mathys Adidjatou qui avait suivi et conduit les travaux de la commission qui a annulé les concours Aboubacar Yaya doit pouvoir mettre une commission en place surtout que la Caisse est sous son autorité de tutelle. Donc, si on ne le fait pas, ça veut dire que c’est un scandale de plus. Il y a déjà des scandales sous le régime actuel. Là, ce serait encore un scandale de plus. Et moi, je pense qu’en dehors même des liens que les gens font, les liens vous savez, je l’avais fait quand je dénonçais les concours au ministère des Finances mais il y a certains liens qu’apparemment on peut ne pas faire. Ce n’est pas parce que je suis Mètongnon Laurent que mon enfant ira à un concours et qu’il ne va pas réussir. Mais si c’est établi que c’est fait dans la transparence et qu’il réussit, on ne pourra pas alors crier. Lorsque çà crève l’œil pour ce qu’on a vu en tout cas j’insiste pour les liens qui sont faits, je crois que ce concours doit être annulé. Je fais confiance à Elias Jean-Baptiste qui doit avoir été saisi si je ne m’abuse. Il doit pouvoir prendre ce dossier et montrer que lui, Elias Jean-Baptiste, il vit encore et qu’en tant que Président de l’Anlc, il doit pouvoir comme il l’a été quand j’étais avec lui à l’Observatoire de lutte contre la Corruption qui se bat et qui se battra malgré toutes les pressions contre tout ce qui est frauduleux, tout ce qui n’est pas probité dans notre pays. C’est ce que je peux dire à l’étape actuelle de ce dossier sans rentrer dans les détails. Je ne me suis appesanti que sur la procédure pour les informations que j’ai eues. Parce que si le marché a coûté 18 millions Fcfa et qu’il y a eu un avenant de 10 millions, ça fait 28 millions pilotés par un Directeur où la loi dit que c’est le Président du Conseil d’administration qui est la personne responsable des marchés publics. Là, la procédure est viciée. Et tous ceux qui doivent être auteurs de çà doivent être sanctionnés, c’est ça la lutte contre l’impunité, c’est ça que le Nouveau départ doit faire, c’est ça qu’on exige du Président Talon. Du coup, il faut qu’il montre, lui, Président de la République que ces informations, il les a et que cela soit examiné en Conseil des ministres pour qu’on voit clair dans ce concours.

Mais sur le dossier, on n’entend pas beaucoup de syndicats ou de structures de la société civile. Si vous ne tempêtez pas, comment le concours pourrait être annulé et l’injustice corrigée ?

Je pense qu’il y a l’Unstb qui est montée au créneau, c’est déjà un pas et je pense qu’il faut féliciter l’Unstb pour ça. Je pense que la Cstb doit pouvoir également se prononcer dans la mesure où non seulement elle est la Centrale la plus représentative, elle a toujours combattu les concours frauduleux avec la Fesyntra-finances dans ce pays. Je pense que pour les informations que j’ai, leur secrétariat permanent s’est réuni et une déclaration doit pouvoir sortir en ce qui concerne ces concours frauduleux.

Le Président du Patronat Sébastien Ajavon a dénoncé la souscription de la Cnss au dernier emprunt obligataire du gouvernement sur une durée ou un délai non conforme aux textes. Qu’en dites-vous ?

Venant du Président Ajavon qui a été aussi Pca que j’ai remplacé, mais cela ne peut qu’être une réalité et je soupçonnais un peu la chose puisque lors de ma passation de services, j’ai entendu dans certains discours que pour le Programme d’action du gouvernement (Pag), la Cnss devrait alors aider le Président pour accomplir des choses. Je n’ai pas voulu répondre parce que je ne savais pas de quoi cela retournait. Les fonds au niveau de la Caisse, c’est des cotisations, c’est pour servir des branches d’activités bien précises au niveau de la Caisse. Mais si c’est là où on va aller puiser les sous, moi je pense qu’il revient aux travailleurs de la Caisse eux-mêmes de se prendre en charge; il revient à ceux qui cotisent à la Caisse, ce n’est pas à moi de leur montrer le chemin parce que je n’ai pas l’information précise. Mais le Président Ajavon, le Patronat a ses représentants au Conseil d’administration dont le Pca lui-même. Donc je pense que le Président Ajavon a les vraies informations et venant de lui, je crois que ça ne peut pas être faux. Mais si c’était le cas, je crois qu’il revient déjà à ceux qui cotisent à la Caisse de savoir ce qu’on veut faire avec leur sous. Parce que la Caisse, elle a une bonne santé, çà là je peux vous l’affirmer sans vous donner les chiffres. Je suis parti en faisant un point qui fait que la Caisse est en très bonne santé. Si en moins d’un an ou deux ans, elle doit rentrer pour devenir l’Obss au moment de Vilon Guézo où on n’arrivait même plus à payer les pensions, moi je m’en suis déjà sorti très heureux mais ça me ferait vraiment de la peine si je devrais apprendre une telle information, si elle était vérifiée.

Votre mot de fin

Mon mot de fin, c’est d’appeler les travailleurs, le peuple béninois à la vigilance dans la mesure où la bataille des opérateurs économiques, de riches à laquelle nous assistons ces derniers temps ne doit pas nous affaiblir ou nous départir de ce qui se passe. Parce qu’il ne faut pas que les gens détournent notre attention des vrais problèmes de notre pays. Notre pays souffre aujourd’hui de la malnutrition, nos populations ne sont pas bien nourries, nos populations ne sont pas bien soignées, les travailleurs ne sont pas bien payés, les ouvriers également dans le secteur privé ne sont pas bien payés. Le développement de notre pays peine à prendre. Il ne faut pas qu’on nous divertisse, avec la guerre de celui qui va écraser l’autre le premier pour être le plus fort et que les deux télécommandes qui n’étaient pas vertueuses comme l’a dit Houngbédji ne soient concentrées dans les mains d’une seule personne pour pouvoir abrutir et acheter la conscience de nos citoyens. Je pense que le Front pour le sursaut patriotique est là, et je crois qu’il veillera par rapport à la gouvernance. Nous avons au niveau de ce Front, des personnes qui sont des combattants et qui savent ce qu’il faut faire, ce qu’il faut exiger et la lutte qu’il faut mener pour aboutir au bon port.

Entretien réalisé par Aziz BADAROU
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