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Le Confrère de la Matinée N° 33 du 2/10/2013

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Théâtre : « Cahier d’un retour au pays natal » Joël Lokossou, Porte-parole d’Aimé Césaire
Publié le mercredi 9 octobre 2013   |  Le Confrère de la Matinée




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La saison des beaux spectacles de théâtre se poursuit à l’institut français du Bénin à Cotonou. Après les succès de « Mathilde » de Véronique Olmi et du « Journal d’un fou » de Nicolas Gogol, voici « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire. Occasion pour le public de rencontrer un comédien béninois qui signe définitivement son entrée dans la cour des…grands. Le public ne lui a pas laissé le choix.

Au terme des 80 minutes de la prestation de l’artiste, le public s’est mis debout, applaudissant. Les anglophones appellent cela, « standing ovation ». Une ovation debout. Toute la salle, comme un seul homme se lève pour ovationner l’artiste. « Par ici, on n’a pas souvent vu ça » murmure un spectateur à sa voisine. Surtout pour du théâtre… Nous sommes à l’institut français, ce soir de vendredi 27 septembre 2013.
Joël Lokossou, comédien béninois porte sur ses frêles épaules, « Cahier d’un retour au pays natal.» publié en 1938. Un énorme texte de l’énorme poète et dramaturge martiniquais Aimé Césaire. Il a la gueule. Le masque. La voix et les gestes. Mais cela ne suffit pas pour porter cette parole de Césaire. Le plasticien Romuald Hazoumè estime que le comédien a un « enregistreur dans la tête ». Au delà de posséder le texte, le jeu est aussi physique et le comédien s’y adonne avec avidité. Agilité. Il entre en transe, danse, se tort de colère, interpelle l’histoire, le noir, le blanc, le colonisé, le colonisateur. L’esclave et l’esclavagiste. Il commence en costume 3pièces et termine le torse nu.
Dans sa mise en scène, le français Renaud Lescuyer donne toute la place au texte. Pas d’artifice. Il a respecté l’auteur et son texte. La scénographe Mathilde Furbacco a fait des déplacements de l’acteur une œuvre architecturale. De l’occupation de la scène à la communication avec le public. Dans une complicité parfaite avec la musique sculptée par Stéphane Lam, et l’habileté de Jérôme Allaire, le régisseur son et lumière, le cocktail est servi dans un joli théâtre qui reçoit ce soir là, un public de rêve.
Le comédien qu’il fallait.

Une assemblée composée des inconditionnels du théâtre, de professionnels du théâtre, de professeurs d’université, d’étudiants et d’élèves, d’amis, parents et de curieux. La fine pluie de ce soir n’a pas eu raison d’eux. Dans cette salle de l’Institut français du Bénin, chacun en a eu pour son plaisir. Cyprien, un curieux, pas un amateur du théâtre, confesse : « je n’ai jamais pu lire dix pages de ce livre compliqué, mais ce soir, grâce à la magie du théâtre je suis comblé ». Angelo, journaliste plutôt porté vers les questions politiques avoue être venu pour suivre quelques minutes et partir. Mais… « Je suis resté jusqu’à la fin ; j’étais séduit par le jeu de l’acteur et le texte qu’il rendait bien.»

En vérité, Joël Lokossou était attendu. L’homme a en effet quitté son pays natal depuis quelques années et le voilà plus en France qu’au Bénin. Le travail de comédien lui sourit en France. Il a du s’y installer. Il est distribué dans plusieurs pièces par différents metteurs en scène qui le trouvent travailleur et consciencieux. « Quand j’ai découvert ce texte d’Aimé Césaire et que j’ai eu envie de le monter, j’avais une difficulté de casting jusqu’au jour où j’ai rencontré Joël » affirme Renaud Lescuyer. Joël s’est mis au travail et avec l’équipe le spectacle est né. Nous a dit le metteur en scène. La pièce a déjà été présentée en France, en Algérie, en Italie et en Sibérie. L’aventure se poursuivra au Sénégal, en Haïti et partout dans le monde. C’est le vœu de la Compagnie Persona.

Lyon l’attend
A Cotonou, puis à Calavi (Espace Mayton Promo) et à Porto-Novo (Espace Ouadada), le public avait rendez-vous avec son comédien. Le fils du terroir. Celui qui revient dans son pays natal avec la parole de Aimé Césaire. Il a été servi et bien servi.
Joël Lokossou, quant à lui, la quarantaine déjà, sait que dans la vie, rien n’est jamais définitivement acquis. Surtout dans le secteur des arts, il faudra chaque jour travailler pour mériter sa place.
Et dire que ce monsieur avait un amour fou pour les mathématiques au point de se voir attribuer le surnom de « Thalès ». Titulaire d’un baccalauréat série C et d’un certificat d’aptitude professionnel, il est devenu instituteur d’une saison avant d’abandonner les écoliers pour se consacrer au théâtre.
« J’ai découvert dans cet art dix fois et plus, le plaisir que me procuraient les maths » affirme cet « enlivré », derrière ses lunettes avant de plonger à nouveau sa tête dans les pages de « La vie devant soi », un livre de Romain Gary.
A Lyon en France, Joël Lokossou est attendu dès la mi-octobre pour au moins 10 représentations. Et les spectateurs réservent déjà leurs places. Personne ne veut rater l’occasion de profiter de «La parole d’Aimé Césaire, belle comme l’oxygène naissant», selon André Breton.

Luc Aimé Tênivi
(Correspondance particulière)

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