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Entretien: Ignace Don Métok parle de son album «Hongan»
Publié le mercredi 9 octobre 2013   |  L`événement Précis




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Akpakpa, Sènadé. Dans le bureau de Akouègnon Prosper Gogoyi (Guru Records), son producteur, Sourou Ignace Mètokin alias Ignace Don Métok nous parle de son dernier album ‘Hongan’ (Clé, en langue fon). Lancé le 17 juin dernier au Bénin Marina Hôtel, ‘Hongan’ est incontestablement un franc succès qui explose toutes les statistiques de ventes. De la philosophie de l’œuvre au choix du Zinli, rythme qui y prédomine en passant par la stratégie marketing mise en place autour du produit, celui qui nargue avec intelligence depuis trois mois les milieux de la piraterie explique la clé de son succès.

Don Métok, si on vous dit Hongan, un album “tchigan”, vous répondez quoi ?

Ignace Don Métok : Je ne peux que vous sourire et vous dire que je suis heureux de l’apprendre. Nous, nous avons fait le travail. Maintenant, il reste au public d’apprécier et de donner toutes les dénominations qui conviennent.

Un peu plus d’un trimestre après la présentation de l’album au public, beaucoup de satisfactions ?
Oui, beaucoup de satisfactions. Je suis très heureux de l’accueil qui a été réservé à cet album parce que j’ai mis beaucoup de temps et d’énergie à le réaliser. La réaction du public m’a surpris. Mais je pense sincèrement que c’est mérité. Nous sommes en train de vendre l’album à une allure qui sidère. Mais, avec tout le sérieux qu’on y a mis, je me dis que ce n’est que justice.

Vous avez, sans aucun doute, travaillé pour une œuvre aboutie. Aucun morceau de ‘remplissage’ en fin de compte. Dix-sept titres pour quatre-vingt huit minutes de délice musical. Comment en êtes-vous arrivé là ?
D’abord, il faut dire que ce calcul me donne à sourire. Je ne savais pas combien de minutes fait l’album. Je suis heureux alors de savoir que nous avons pu proposer quatre-vingt huit minutes de délice, de joie au public béninois. C’est une vision que nous nous sommes donnée. L’objectif est en train d’être atteint aujourd’hui parce que je sens que le public a compris et accompagne bien le mouvement. Les gens me le disent souvent, quand ils écoutent l’album. Je suis très heureux de l’accueil qui a été réservé à cet album parce que j’ai mis beaucoup de temps et d’énergie à le réaliser. Il n’y a aucun morceau qu’ils privilégient. Je suis heureux de l’apprendre. Il en est ainsi simplement parce que je compose chaque chanson comme un titre phare de l’album. Ça a été toujours ma façon de voire les choses. C’est ce qui certainement permet de le parcourir avec plaisir, d’écouter les titres et de les redécouvrir chaque jour.

Pour avoir un tel résultat, vous avez sûrement dû mobiliser d’importants moyens. C’était évident ?
J’ai eu la chance de travailler avec les meilleurs musiciens du moment. Je dis les meilleurs parce qu’on a une pléiade d’artistes et il faut savoir choisir ceux qui peuvent accompagner véritablement votre rêve. Et pour ça, il faut vous retrouver dans la vision de l’artiste. Nous avons pris six ans pour préparer cet album depuis ‘’C’est la vie’’, (sorti en 2007, ndlr). Et l’accueil qui a été réservé à ce dernier album en disait long. Avec Hongan, on a fait une vingtaine de titres. Ils ne pouvaient pas tous rester sur le même album. On a dû en retirer trois pour garder les dix-sept qui y sont actuellement. Notre objectif était donc de proposer une œuvre qui soit à la hauteur de la précédente. Pour travailler avec plus d’une vingtaine d’artistes, nous avons effectivement mobilisé beaucoup de moyens. Les choses ne font que démarrer. Nous espérons que les prochaines fois, nous allons mobiliser plus de moyens pour aller plus loin.

Des noms d’artistes qui sont intervenus sur cet album ?
Nous avons Alfred Dagba Kabila qui, à mon avis, est le meilleur ingénieur de son de la place ; Marc Bolouvi, Fifi Finder, un jeune guitariste et très bon arrangeur. Il y a eu le grand frère Michel Pinheiro qui est à la trompette de Tiken Jah Fakoly mais aussi Vital, trompettiste de Poly-Rythmo et les frères Magloire et Martial Ahouandjinou. A la batterie, nous avons travaillé avec Robert Djidonou. Il y a surtout Carlos Gbaguidi qui a accompagné Alpha Blondy, Papa Wemba, Koffi Olomidé, pour ne citer que ceux-là. C’est pour vous dire que nous avons travaillé avec les meilleurs. Voilà ce qui donne cette couleur à cet album que les gens apprécient.

Comme titre d’ouverture et éponyme, vous avez choisi « Hongan » qui s’assimile véritablement à une incantation, une prière pour ouvrir l’album, et pour s’ouvrir les chemins de la vie ?
En langue fon, « Hongan » veut dire la clé. Tout le monde sait ce que fait une clé. Quand vous avez la clé d’une situation, c’est qu’elle est déjà résolue. J’ai donc voulu proposer la clé de la vie aux Béninois, à nos frères africains et du monde entier. J’ai voulu que les gens apprennent à avoir le courage de rêver véritablement de quelque chose et de pouvoir le réaliser. Mieux qu’une chanson, c’est une thérapie, une vision, une conception, une façon de voir la vie que j’apporte aux gens. En quelques mots, je chante une vision positive des choses. Il faut avoir le courage de formuler des demandes au Père céleste et de s’y accrocher parce qu’un homme sans rêve est un homme sans avenir.

Quelle est la philosophie qui sous-tend ‘Hongan’ ?
L’esprit “Hongan”, c’est ma façon d’apporter, aujourd’hui, quelque chose à la construction de l’édifice de notre continent l’Afrique. Cinquante ans après les indépendances africaines, on s’est tous rendu compte que nous sommes passés à côté des objectifs que les pères fondateurs s’étaient fixés. Il faut maintenant repenser le développement de l’Afrique. Mais, il ne peut se faire qu’avec les Africains. Je demande désormais que chaque Africain constitue la clé du développement du continent quel que soit son statut, sa provenance. Hongan, (…) Mieux qu’une chanson, c’est une thérapie, une vision, une conception, une façon de voir la vie que j’apporte aux gens. Il est nécessaire de compter sur l’aspiration profonde des populations parce que les vrais agents du développement de l’Afrique ne sont pas nécessairement ceux qui nous dirigent, ceux qui voyagent ou rencontrent les partenaires. Non ! Il faut penser l’Afrique à partir des Africains qu’on a souvent l’habitude d’oublier. Qu’on soit enseignant, ouvrier, tradi-thérapeute, lettré ou pas, désormais, chacun constitue, à son niveau, la clé. Voilà l’autre vision qui sous-tend l’appellation Hongan de cet album. “Hongan” pour dire chaque Africain constitue la clé du développement de cette Afrique qui peine à décoller.

«Hongan», c’est aussi l’album qui traduit la diversité culturelle, les us et coutumes des différentes localités de notre pays. Un travail inouï en somme?
Vous savez, j’en avais marre d’entendre dire que les gens de telle localité sont mauvais ; qu’il ne faut pas épouser les ressortissants d’une telle autre localité ; qu’ici on est plus uni ; que là, ils sont plutôt divisés. Cette attitude ne peut pas créer l’union, favoriser le développement du pays. Quel que soit l’endroit du Bénin où vous allez, vous trouverez des gens bons, généreux et polis. Des gens moins bien aussi. J’en suis arrivé à la conclusion que c’est la société qui corrompt. C’est ce que je veux corriger en faisant l’apologie de chaque région, en apportant une vision plus positive sur les localités du Bénin. Cette fois-ci, j’ai juste abordé cela en des termes simples qui peuvent accrocher rapidement. Les prochaines fois, nous irons encore plus loin.

Et vous le faites à travers l’évocation de l’art culinaire, des danses de ces régions ?
Exactement ! Nous avons ce défaut là. Nous ne connaissons pas les habitudes alimentaires des régions de notre pays. Ça a été un travail de recherche pour moi. Je n’ai pas la prétention de dire que c’est un travail parfait. C’est un signal que j’ai voulu lancer aux uns et aux autres. Eduquer tout en amusant la galerie.

Avec ingéniosité, vous traitez des thèmes comme Dieu, la mère, la femme, l’amour, l’infidélité, le travail… Autant de sujets développés sur différents rythmes d’ici et d’ailleurs. On peut en faire le tour ?
Je pense qu’en tant qu’Africain, il faut affirmer notre identité culturelle à la face du monde. C’est ce qui motive ce travail sur des rythmes du centre Bénin. Le Zinli d’Abomey, le Agbotchébou de Covè, le Azandrô, par exemple, en essayant de l’arranger à ma manière pour apporter quelques touches modernes. Et ça donne ce que j’appelle la Tradi Pop, c’est-à-dire la musique traditionnelle populaire. Je veux travailler la musique traditionnelle, la rendre avec des couleurs modernes. Tous ces rythmes méritent qu’on les travaille pour les mettre à la portée du grand public puisqu’ils se dansent très bien même en dehors du Bénin. Que ce soit au Togo, au Sénégal, en Guinée, au Tchad, au Mali, je peux vous dire que les gens dansent bien ces rythmes-là. C’est surprenant de voir ces pas de danse esquissés à l’étranger. Il y a donc des choses que nous pouvons aussi proposer au monde.

On est saisi par le naturel, la simplicité et la sensibilité de votre musique. Comment travaillez-vous ce style ?
Je faisais du reggae au départ. Plus tard, je me suis dit que si je devais continuer avec ce style, je n’aurais pas d’identité. C’est de là qu’est parti ce désir d’apporter un style nouveau dans le paysage culturel non seulement béninois mais africain et mondial. Un style qui fait son chemin. Ainsi, en 1998, j’ai commencé à réfléchir sur le rythme Zinli que j’ai retrouvé en revisitant le reggae avec quelques percussions. J’ai donc réécouté le Zinli que j’ai hérité des habitudes musicales de ma mère. Je suis retourné tout simplement à mes racines et ceci depuis 2000. Mais, c’est en 2006, avec le titre « Yonnou » que la musique à la sauce Zinli a vraiment pris et plu ici et ailleurs. J’ai donc pris confiance surtout avec ce nouvel album.

A la soirée de lancement le 17 juin dernier, plusieurs intentions de promotion de l’album ont été annoncées. Comment vous y prenez-vous ?
L’album fait son petit bonhomme de chemin. Nous le vendons. Nous travaillons avec des institutions bancaires qui contrôlent les sorties et les entrées de façon formelle et professionnelle. Cet album se vend sans clip. De quoi nous mettre la pression pour réaliser des clips qui renforcent cette image. Nous allons donc lancer très prochainement des clips et entamer une tournée nationale avec des concerts qui resteront gravés dans les mémoires. Notre stratégie de vente est de rapprocher le produit des populations. En premier, nous avons cassé le prix pour que le consommateur ne sente pas qu’il achète un album. Même les femmes du marché Dantokpa.

Un véritable pied de nez aux pirates donc ?
Oui, l’album est à un prix qui défie même les pirates.

Des ouvertures vers l’international ?
Effectivement, c’est un point important. Nous allons bientôt procéder au lancement de l’album en Europe avec les maisons de production FEMOCA (Festival des Musiques Originaires du Continent Africain, ndlr) et Universal.

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