Effet de contagion. Le Parti social-démocrate (Psd) n’a pas voulu rester en marge de la situation qui prévaut à la Renaissance du Bénin (Rb). Alors que Lehady Soglo est aux prises avec ses amis d’hier, il a plu aux membres du bureau politique du Psd d’étaler leurs divergences et ressentiments au grand jour. La guerre des communiqués qui fait rage chez les « houézèhouè » a trouvé du répondant dans la famille politique de Bruno Amoussou, mais à des degrés divers. Si du côté de la Rb, les protagonistes en sont venus à s’exclure mutuellement des activités du parti, au Psd, les acteurs sont encore à l’étape du déclenchement des hostilités. Emmanuel Golou, visé par les contestataires, se débat comme le diable dans un bénitier pour se tirer d’affaire. Mais la partie est loin d’être gagnée.
Sauf miracle, la crise qui secoue la Rb connaîtra son épilogue devant un juge. Les positions des deux camps en conflit sont tranchées à telle enseigne qu’il est difficile d’imaginer un dénouement à l’amiable. Par contre, au niveau du Psd, il est encore possible de ramener le calme et la tranquillité, si Emmanuel Golou est disposé à emprunter le chemin du dialogue et de la réconciliation. Les frondeurs ont juste annoncé les couleurs. Ils ne sont pas encore passés à une étape supérieure comme c’est le cas à la Rb. Peut-être que le congrès annoncé dans les prochaines semaines conjuguera cette crise naissante au passé. Ces tensions qui mettent à mal le bon fonctionnement des formations politiques traditionnelles étaient pourtant prévisibles. Les autres partis créés à la même période que ceux qui sont en difficulté échapperont-ils à cette fronde ?
En l’occurrence, le Parti du renouveau démocratique (Prd) et le Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep) ont intérêt à anticiper sur d’éventuels conflits qui pourraient mettre à mal la cohésion interne. Tout comme la Rb et le Psd, ils font partie des formations politiques qui totalisent au moins deux décennies d’existence. Nés au lendemain de la Conférence nationale de février 1990, ils sont restés présents et constants sur la scène politique, mais avec des fortunes diverses. Si le Psd connait des secousses à la suite de la Rb, il n’est pas exclu que le Prd et le Madep subissent aussi ces revers. A quelques exceptions près, ils font recours aux mêmes pratiques dans leur fonctionnement. Par conséquent, les têtes de pont de ces creusets politiques devraient en prendre de la graine et réagir dès maintenant pour ne pas laisser la vague de la contestation les atteindre et les emporter.
Avec le retour au perchoir de Me Adrien Houngbédji au terme des législatives de 2015 et la bonne performance du parti aux municipales, communales et locales de la même année, le Prd semble être au mieux de sa forme. Mais, n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? En considérant la percée de Sébastien Ajavon dans son fief traditionnel à la présidentielle de 2016, le Prd montre des signes d’essoufflement. Adrien Houngbédji devrait dès à présent songer à sa retraite et à une alternance pacifique et consensuelle à la tête du parti pour que son héritage politique ne vole en éclats après lui. Idem pour le Madep qui perd de sa superbe depuis quelques années. Les deux leaders du groupe, Séfou Fagbohoun et Antoine Kolawolé Idji ont du pain sur la planche pour recoller les morceaux, désigner un dauphin qui tient la route afin d’espérer la survie du parti. La crise est loin d’être résolue à la Rb et au Psd. Reste au Prd et au Madep de ne pas figurer dans le lot des partis mal en point.
Moïse DOSSOUMOU