Le dernier conseil des ministres a pris un certain nombre de décisions fortes, au nombre desquelles, la mesure de dissolution Libercom SA. Elle fait suite aux recommandations issues de la séance du Conseil du Numérique, le 07 décembre 2016, relatives à l’adoption de la stratégie de restructuration et qui ont fait l’objet d’une validation lors d’une réunion sur la restructuration des opérateurs télécoms, tenue le 3 mai 2017. Et c’est à l’issue des discussions portant sur l’analyse des avantages et inconvénients des différentes options que celle relative à la dissolution de ces structures l’a emporté. Les décisions prises à ce conseil des ministres sont les suivantes : la dissolution anticipée de Bénin Télécoms Infrastructures avec le transfert d’actifs sains vers une société de patrimoine publique ; le transfert des infrastructures de téléphonie fixe de Bénin Télécoms Services vers la société de patrimoine publique ; le recrutement d’une société privée pour la gestion commerciale et la maintenance des équipements transférés à la société de patrimoine ; le recrutement d’un partenaire pour une gestion de type privé de Bénin Télécoms Services. Si la décision de la liquidation de Libercom SA date de l’ancien régime, elle est devenue une urgence aujourd’hui du fait du tableau sombre que cette société traine encore. Les états financiers de 2016 affichent un passif lourd, notamment 15 milliards de dettes, moins de 39 milliards de cumul des pertes des exercices précédents ayant absorbé le capital social qui est de 29.989.370.000 FCFA. Conformément aux dispositions de l’OHADA, cette situation appelle, soit la recapitalisation, soit la dissolution de l’entreprise. Or, il est évident aujourd’hui que de telles ressources n’existent pas pour engager une telle aventure. A titre d’illustration, les résultats de l’entreprise affichent, avant impôts : – 4159088941 FCFA en 2013, -9380061753 FCFA en 2014, – 10874753147 FCFA en 2015 ; et – 11877303609 FCFA en 2016. Des résultats négatifs donc sur la durée. Sur un marché de 9.577.179 clients potentiels (ATRPT 2014), Libercom ne dispose pas non plus d’un parc d’abonnés de 289.140 clients dont 232.654 abonnés inactifs. La part du marché de Libercom est passée de 3% en 2014 à 1% en 2016. Il apparaît donc que mettre de l’argent dans Libercom SA, pour lequel on n’a même pas réussi à trouver un repreneur après le processus d’ouverture du capital en 2014, serait comme essayer de remplir un tonneau sans fond. La situation à Bénin Télécoms Infrastructures n’est pas reluisante non plus.
Wandji A.