Les temps ont bien changé. Les partis politiques, jusque-là confondus au patrimoine personnel de leur(s) fondateur(s), sont en proie à un cycle. On l’a vu, avec la Renaissance du Bénin (Rb), qui traverse en ce moment même, une crise politico-judiciaire sans précédent. La fronde qui s’est emparée du bureau politique du parti, a vu vingt-neuf de ses membres se liguer contre son désormais ex président, dans une démarche quasi-radicale. Et la suite, on la connait. La crise a atteint un point de non-retour avec l’éviction de celui-là même qui a succédé à ses géniteurs à la tête du parti, et son exclusion définitive du regroupement politique créé vingt-cinq années plus tôt par sa propre mère.
Un vent nouveau a soufflé sur le parti ce weekend, avec la désignation en congrès, d’un ancien, Abraham Zinzindohoué, pour conduire la barque.
Toutefois, on n’est pas sortis de l’auberge. Isolé et accablé de tous les maux dont souffre le parti, le Maire de Cotonou et ancien président de la Rb a dû s’en remettre à la justice, qui se prononcera sous peu, et dont la décision pourrait sceller à jamais l’avenir du parti.
Soit donc qu’après vingt-cinq années de vie, la Renaissance du Bénin en est encore à chercher ses repères. Et ce parti n’est pas seul dans le cas.
La situation au Parti social-démocrate n’est pas plus reluisante. La tendance est également à la destitution du Président du parti. Là aussi, la crise est quasi-inévitable.
C’est donc la saison. Mais il faudra souligner qu’avant la Rb et le Psd, biens d’autres partis ou alliances de partis à qui l’ont prédisait un avenir certain, ont dû sombrer pour des questions de gouvernance. Les cas de l’And, du Madep et de l’alliance Force clé, pour ne citer que ceux-là, sont assez éloquents. Toutes choses qui amènent à s’interroger une fois pour de bon.
Nécessaires changements….
Le moment est peut-être venu pour la classe politique dans son entièreté, de se remettre en cause afin d’améliorer la gouvernance des partis politiques. Il est évident que la gestion patrimoniale en vogue jusque-là, et la confusion des partis politiques en des propriétés exclusives dédiées aux désidérata de leurs seuls fondateurs ou bailleurs, ont montré des signes de fatigue, et la situation que traversent en ce moment la plupart des regroupements politiques est on ne peut plus illustrative. Les choses, si elles devraient rester en l’état, ne pourront que renforcer la tendance décadente qui a cours depuis quelque temps. Il faut donc opérer des réformes profondes, définir de nouvelles bases, et asseoir une gouvernance plus démocratique. En la matière, la Renaissance du Bénin et le Parti social démocrate semblent bien avoir ouvert le bal.
Naguib ALAGBE