Anarchique et explosive ! Elle l’était, avant le conseil des ministres du 21 juin, la situation à Libercom Sa. Dernier des réseaux Gsm encore actifs au Bénin, l’opérateur public s’est tristement distingué de ses concurrents privés par l’alignement de bilans négatifs. Accumulation de dettes injustifiable dans un secteur où ailleurs, l’Etat gagne énormément de milliards. Mais au Bénin, selon les états financiers de 2016, Libercom Sa, c’est 15 milliards pour les dettes avec 39 milliards de cumul des pertes des exercices précédents qui a absorbé le capital social qui est d’environ 30 milliards de Francs Cfa. Des chiffres à donner le tournis et qui faisaient même prendre, aux investisseurs invités à la rescousse, la poudre d’escampette.
Et donc, comme il fallait s’y attendre, depuis l’ouverture du capital de Libercom Sa en 2014, pas l’ombre d’un repreneur. Sinon, qui est fou pour investir dans un trou à avaler des milliards et où tout le monde savait que ça couvait des œufs pourris ? Alors, que l’Etat en vienne à prononcer une dissolution anticipée de Libercom Sa qui, d’ailleurs n’existait que de nom, n’est pas une surprise. Au contraire, les Béninois censés sont tentés de dire que ce fut long, ce verdict espéré en faveur d’une entreprise plutôt douée à enregistrer des pertes et qui ne demandait que sa propre mort dans l’espoir d’une résurrection et d’une vie dans un autre monde.
Egalement pas au mieux financièrement, Bénin Télécoms Infrastructures et Services n’ont pas échappé à la loi du réalisme gouvernemental. Comme Libercom Sa, Bénin Télécoms Infrastructures est frappé d’une dissolution anticipée avec le transfert d’actifs sains vers une société de patrimoine public.
Aussi, est-il question du transfert des infrastructures de téléphonie fixe de Bénin Télécoms Services vers ladite société. Toujours est-il qu’en vue d’une restructuration des Télécommunications au Bénin, il est requis la sélection d’un partenaire pour la gestion commerciale et la maintenance des équipements transférés à la société de patrimoine. Mais tout ça ne sera possible avant la sélection d’un partenaire stratégique pour une gestion de type privé de Bénin Télécoms services.
En clair, désormais, la fourniture de services de qualité sera assurée par une société de patrimoine public dont l’exploitation et la maintenance seront confiées à une société de gestion privée. Evidemment, la réussite de ces mutations se mesurera à l’aune du service fourni aux opérateurs Gsm exerçant au Bénin et au prochain positionnement sur le marché concurrentiel.
Mais avant, si tant est que le gouvernement, dans le cadre du Pag, s’est, dans le secteur du numérique, fixé comme objectifs de transformer le Bénin en une plateforme de services numériques de l’Afrique de l’Ouest, il est tout aussi impérieux que les réformes indispensables pour y arriver ne soient pas ‘‘le tombeau’’ du volet social. Toujours est-il qu’à Libercom Sa et Bénin Télécoms, la saignée a trop duré. Sans remords, il faut tourner cette triste page et, en lieu et place, souhaiter la bienvenue, à la ‘‘Restructuration’’ et à ses filleuls aux visages radieux et plus bienveillants. En somme, ‘‘restructuration’’ oui, mais des mutations en douceur et pour une télécommunication passionnante et plus bénéfique !
Angelo DOSSOUMOU