Des voix continuent de s’élever pour dénoncer les dérives de la gouvernance du régime du Président Patrice Talon. Face à la presse hier, mercredi 28 juin 2017, le Cadre de concertation sur la gouvernance au Bénin (Ccgb) a fait l’état des lieux de la gouvernance sous la rupture et dénoncé la politique de privatisation, de suppression d’emplois, de la prédation de l’économie nationale ainsi que l’enracinement de l’impunité et de la corruption au Bénin.
Faisant l’état des lieux de la gestion économique du pays, Laurent Mètognon, président du Ccgb accuse le Président de la République d’être actuellement le seul et incontournable fournisseur des intrants du coton et des produits vivriers. “A lui et aux clans autour de lui, appartiennent aujourd’hui les sociétés : Société pour le développement du coton (SODECO), Association interprofessionnelle de coton (AIC), SDI, DFA, CSPR, CAI. Si c’est faux le peuple veut qu’il soit publié et certifié les actes authentiques des propriétaires“ a-t-il martelé. Propriétaire des quinze usines d’égrenage et tirant grand profit de l’exportation du coton, principal produit de rente du pays, le Chef de l’Etat vise d’abord ses intérêts, à en croire Laurent Mètognon. « Il fait revenir le PVI et poursuit la privatisation des secteurs stratégiques et vitaux du pays après la désarticulation de l’administration publique, la destruction des activités de survie des pauvres commerçants et artisans avec des déguerpissements arbitraires et sauvages occasionnant ainsi l’extension et l’aggravation de la misère », poursuit-il avant d’évoquer les privatisations et liquidations ordonnées des services publics de l’Etat à savoir la Sonapra, la Caic-Sa, l’Onasa, l’Ons, les CARDER, Libercom SA, Bénin Télécoms Infrastructures la mise en concession des aéroports et aérodromes du Bénin, . Dans le secteur de la santé, le Ccgb juge inopportune, la mise en affermage de trois hôpitaux de zone ( Covè, Djidja, Djougou) pour achever par la mise en concession du seul hôpital de référence. Hôpital à qui l’Etat doit plus de 07millards pour non-paiement des montants des prises en charge des APE et aggravé par la diminution de la subvention de l’Etat par le Président Talon, selon ses dires.
Doute sur la santé du Chef de l’Etat…
« Le 19 juin 2017, malgré toutes les polémiques sur l’état de la santé du chef de l’Etat, au cours du Conseil extraordinaire placé sous sa présidence, on nous apprend qu’il a rassuré le peuple béninois qu’il est totalement rétabli, qu’il exerce pleinement ses prérogatives constitutionnelles et qu’il poursuit inlassablement la noble mission qui lui a été confiée. Pendant ce temps le député Aké Natondé du bloc de la majorité présidentielle appelle à une trêve pour raison de convalescence du Chef de l’Etat sans se soucier des travailleurs licenciés, des petits vendeurs et artisans déguerpis, qui meurent du fait de la mauvaise gouvernance et des privatisations sauvages du Président Talon » a laissé entendre Laurent Mètognon, président du Ccgb. Et de déplorer « cette option du “tout privé“ et de “l’Etat minimum“ où tous les leviers de commande économique du pays sont confiés aux intérêts privés pour permettre à Talon de renforcer son empire économique et financier au détriment du peuple et des autres opérateurs économiques nationaux. » Le Cadre de concertation appelle donc le peuple à se défendre contre les prédateurs et dilapidateurs des ressources publiques qui veulent s’enaccaparer avec les privatisations sauvages. “Le Président Talon et son gouvernement dans leur refus de faire rendre gorge aux fossoyeurs de l’économie béninoise, de poursuivre les mauvais gestionnaires connus de ces sociétés et offices et engager une lutte implacable contre l’impunité, la corruption, ont choisi la solution facile, celle de tout privatiser à leur profit et de celui de leur clan“ affirme-t-il. Pour lui, « avec un Président qui a le pouvoir d’argent et le pouvoir politique, si le peuple dans un sursaut patriotique ne se réveille pas pour freiner l’élan dictatorial et autocratique qui est en marche par une veille citoyenne à chaque instant, le Bénin va se révéler dans les affaires et les poches de quelques riches. ».
Aziz BADAROU