De graves malversations commises avec des manques à gagner très importants pour le Trésor public. C’est ce que révèle l’audit organisationnel, technique et financier de la filière Coton au Bénin, au titre des campagnes 2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016. La mission, effectuée par en 2016 par le cabinet MAZARS, a également porté sur l’audit de gestion de la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) et de la Centrale d’Achat des Intrants Agricoles (CAIA). On note au total 125 milliards de francs CFA dilapidés pendant que les signaux étaient au rouge au niveau des caisses de l’Etat.
Osée MAHOUGNON
L’absence de procédure dans la gestion régnait en maitre, les marchés gré à gré ont pris quartier et les dépenses non justifiées devenaient mode de gestion. Chacun se la coulait douce. Le régime du président Patrice Talon a jugé utile d’arrêter la saignée. C’est pourquoi l’audit a été donc commandité et a accouché cet inimaginable résultat. Ce mercredi, le conseil des ministres s’est penché sur le dossier et a pris la décision d’engager des poursuites judiciaires appropriées à l’encontre des mis en cause. Les mises en cause justement sont entre autres, Idrissou BAKO, ancien directeur général de la SONAPRA, Komi KOUTCHE, ancien ministre de l’économie et des finances et Valentin Agossou Djènontin, alors président du comité interministériel coton.
Depuis l’annonce de cette mesure, c’est le branle-bas dans le rang des mis en cause. Si les deux dernières personnalités sus-citées tentent vaille que vaille de se défendre à travaux divers canaux, tel n’est pas le cas de l’homme, véritable destinataire des fonds. Idrissou BAKO s’est muré dans un silence indescriptible et n’a dit mot 24 heures après la publication d’une partie du rapport de l’audit. Idrissou Bako reconnait-il ce lui est reproché ? « Qui ne mot consent » dit la maxime. De toutes les façons, si Idrissou Bako était vraiment ‘‘clean’’ dans cette affaire, il aurait déjà donné de la voix. Ce silence est vraiment suspect et donne à croire que l’ancien DG SONAPRA reconnait les faits. Toujours est-il que l’exécutif saisira la justice, indépendante, qui fera son travail. Pour certains observateurs, « Idrissou Bako récolte ce qu’il a semé » : allusion faite à sa farouche opposition au projet de révision de la constitution. On se rappelle effectivement que ce député est monté sur tous les toits pour afficher son opposition au projet de relecture de la loi fondamentale ; qui effectivement, a échoué à l’hémicycle le 4 avril 2017. Aujourd’hui, il est sur la braise. Le rapprochement est vite fait par les uns et les autres.
Le gouvernement pour sa part ne doit pas s’en arrêter là. Il urge d’aller jusqu’au bout du dossier afin d’y voir clair, pour que les innocents soient blanchis et que les coupables soient sanctionnés. Mieux, il va falloir que d’autres dossiers suivent. Cela participe de la bonne gouvernance, de la lutte contre l’impunité et le président Patrice Talon est bien déterminé.