Hier, jeudi 29 juin, les accusés dans l’affaire Icc services étaient à la barre. L’exercice n’a pas été facile. L’assurance affichée par certains d’entre eux au début s’est émoussée sous la horde de questions de la Présidente, du ministère public et de la défense.
Le premier à plancher était Émile Tégbénou. Selon lui, la création de Icc services remonte au 15 décembre 2006 où Guy Akpolgan, Ludovic Pamphile Dohou, Étienne Tchihoundjro, et lui-même Émile Tégbénou, alors agent Clcam Akassato, ont eu l’idée de créer un centre informatique. L’idée s’est concrétisée et le centre à été enregistré au Registre de commerce et de crédit mobilier (Rccm) en début de l’année 2007. Au début, ils faisaient de la formation en informatique, et aussi l’épargne. L’affaire de l’épargne a commencé par prospérer surtout avec les taux qu’ils proposaient. « On fait généralement des contrats de trois mois. Quand le client dépose son argent, trois mois après, il le reprend avec bénéfice. Quand il dépose 150.000 Fcfa par exemple, après trois mois, il repart chez lui avec 210.000 FCfa », a-t-il déclaré. Ils en étaient là quand un jour, une équipe de la Cellule de surveillance des structures financières décentralisées du Ministère des finances est venue procéder au contrôle. « Les membres de la Cellule nous ont dit de venir dans leur structure pour une séance de travail. Sur les lieux, ils ont fait comprendre à mon chef Guy Akpolgan que nous devons avoir un agrément. De même, nous devons nous mettre sous le régime d’association. Pour ce faire, ils ont promis nous aider à avoir les documents pour l’agrément », a-t-il fait savoir. Icc-services gagnait en confiance, quand, le 1er avril de l’année 2010 tout a basculé.
La fin de l’hégémonie Icc, le début de l’enfer
Pour Emile Tégbénou, le cauchemar a démarré suite à un communiqué distillé sur une chaîne de radio de l’Ouémé. Ledit communiqué invitait les déposants à retirer leurs fonds dans les structures de placement parce que le gouvernement d’alors en a décidé ainsi. « Déjà à midi, toutes nos agences étaient bondées. Les gens réclamaient avec insistance leurs sous. On était obligé de commencer par rembourser », a-t-il déclaré. Face à la menace, ils ont jugé utile d’accélérer le processus d’agrément. « Mon chef (Akplogan) est allé voir les cadres de la Cellule pour accélérer le processus. Il a dit qu’il a payé 5 millions de francs Cfa. Par la suite, je suis reparti. On a encore demandé 203 millions. Il a dit qu’il ne peut pas payer», a-t-il fait savoir. Mais selon ses dires, les 203 millions ont été par la suite versés, et Guy Akplogan a pu retirer le récépissé et non l’agrément. Mais avec l’ampleur que prenait la situation, les responsables de la structure ont cherché et obtenu la caution morale de la première autorité du pays, le Président Yayi Boni. « Le Chef de l’État d’alors était un ami personnel. J’ai sollicité une audience et mon chef Guy, Ludovic Dohou et moi-même sommes allés le voir pour lui exposer la situation », a-t-il déclaré. Yayi Boni, s’en est désolé et a sollicité le concours de deux conseillers en la personne de Gero Amoussouga et Christophe Aguessy. Les deux hommes ont tenu une réunion au Palais avec leurs hôtes en présence du responsable de la Cellule de surveillance logée au Ministère des finances. Des instructions étaient donc données pour que le processus d’agrément soit accéléré. « Avec les risques sur notre sécurité, on nous a mis en contact avec le Ministère de l’intérieur pour qu’il prenne des dispositions idoines. Au détour d’une audience rendue à celui-ci (Armand Zinzindohoué), il nous a dit qu’il vient. Il revient 4 heures après et nous dit de nous mettre à la disposition du Dgpn. C’était le début de notre séjour carcéral », a-t-il déclaré.
Mais quid de la Bceao?
Au cours de sa déposition Guy Akplogan a rejeté en bloc le fait qu’il ait remis 203 millions pour les formalités d’agrément. Il l’a balayé du revers de main, mais avoue tout de même avoir remis 5 millions au responsable de la Cellule. Par rapport à la Bceao, il a fait comprendre qu’il a pris part à la réunion en présence de ses conseils. Au cours de la séance, le Directeur national d’alors selon, ses dires, leur a demandé de diminuer le taux. « Ils ont estimé que nos taux étaient élevés et qu’il faille les diminuer. Mais, jamais et à grand jamais, ils ne nous ont dit qu’on était dans l’illégalité », a-t-il fait savoir.
Hospice Alladaye