Quelques secondes suffisent à traverser ce pont. Mais ces derniers jours, il faut environ 4 à 5h d’horloge pour effectuer le même exercice. La traversée du pont de Porto-Novo s’assimile de plus en plus à un chemin de croix. La situation est intenable du fait des travaux de réparation de la rampe d’accès. La semaine écoulée, c’était le comble des désagréments pour les milliers d’usagers qui y transitent quotidiennement afin de vaquer à leurs occupations. Faisant fi du droit des citoyens à l’information, plus encore sur cette infrastructure abondamment sollicitée, l’entreprise en charge des travaux s’est attelée sans crier gare à l’exécution de son cahier de charges, rendant du coup la vie dure aux usagers. Après une journée de labeur, il leur a été impossible de circuler pour se rendre à leur domicile.
Et depuis, la liste des désagréments s’allonge indéfiniment : retards au service, rendez-vous d’affaires ou médicaux importants manqués ou avortés, transactions financières annulées, résidence provisoire établie à Cotonou avec son corollaire d’incommodités… Porto-Novo, la capitale, est beaucoup plus considérée comme une cité dortoir. Des milliers de travailleurs du public comme du privé y ont établi leur domicile. Idem pour les commerçants du marché international de Dantokpa qui font le trajet entre les deux villes tous les jours. La proximité du Nigéria avec la capitale, notamment la frontière de Sèmè-Kraké favorise la ruée des jeunes, hommes et femmes de Porto-Novo vers le Géant de l’Est. Le pont situé à l’entrée de la cité des Aïnonvi est un passage obligé pour ces dizaines de milliers de personnes à la quête du pain quotidien.
Il aurait fallu que la direction générale des travaux publics porte à l’attention des usagers par les canaux appropriés, la nature des travaux en cours, le délai d’exécution et le chronogramme des jours et/ou des heures d’ouverture et de fermeture du pont pour que les désagréments ne soient pas autant prononcés. Il y a quelques mois, cette direction a commis le même péché au niveau du pont de Houédonou dans la commune d’Abomey-Calavi. Cela ne lui a malheureusement pas servi de leçon. Les pouvoirs publics sont à blâmer car ils ont préféré l’effet de surprise qui a desservi les populations habituées à effectuer la traversée. Si l’information avait été rendue publique, chacun aurait pris ses dispositions pour ne pas se retrouver dans des embouteillages monstres pendant de longues heures. Mais du jour au lendemain, la patience du peuple a été mise à rude épreuve. Comme c’est de coutume dans ce pays où les cadres haut perchés n’ont jamais tort, ce sont les citoyens qui paient le prix de leurs travers.
Les désagréments actuels liés aux travaux de réfection de la rampe d’accès au pont de Porto-Novo relancent avec acuité le débat de l’insuffisance des infrastructures routières. C’est inadmissible qu’il n’y ait qu’un seul pont qui donne accès à la capitale. En temps normal, la fluidité du trafic était sujette à préoccupation surtout avec l’activisme des forces de l’ordre postées juste à l’entrée de la ville qui procèdent à des contrôles réguliers. Avec les travaux actuels, c’est le comble pour ces milliers de travailleurs qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. C’est heureux que le Programme d’actions du gouvernement ait prévu la construction d’un second pont dans le cadre du projet de construction de l’autoroute Sèmè-Podji Porto-Novo. Pourvu que cet ouvrage capital soit réalisé à moyen terme. C’est la prière de tous les instants des habitants de la ville aux trois noms.
Moïse DOSSOUMOU