Il a fallu juste d’un audit, et puis c’est la débandade. On croyait les hommes politiques béninois plus courageux, capables d’assumer leurs forfaits. Malheureusement, chaque jour nous démontre le contraire.
Qui se sent morveux se mouche, et puis comme le dit le dicton, il n’y a pas de fumée sans feu. En tout cas, depuis la révélation des 125 milliards de francs Cfa de manque à gagner dans la gestion du coton, plusieurs barons du « yayisme » ne se reposent plus. Ils ne savent plus où donner de la tête, passant de plateaux de télé, en plateau de télé, sans oublier les tribunes dans la presse écrite, ni les interventions sur les radios internationales. Malheureusement, avec des arguments aussi plats, qu’inintelligents. Or, toute la classe politique attendait de Patrice Talon une lutte implacable contre la corruption. Ou à défaut, tout au moins, d’aider son peuple à en savoir davantage sur les scandales ayant éclaboussé les années « Yayi ». Du moins, cela a été l’une de ses professions de foi lors de sa prestation de serment. Or, avec l’audit dont les résultats ont été révélés en Conseil des ministres la semaine écoulée, les esprits de certains thuriféraires s’échauffent désespérément déjà dans le camp de Yayi. Il y a des accusations, et des contre-accusations, des dénégations, mais aussi des sorties médiatiques précipitées. Certainement, dirait-on, il y a anguille sous roche. Car, on est pratiquement encore à l’étape des soupçons, mais les indexés déversent déjà leur bile et commentaires hideux sur les réseaux sociaux. Il est un peu loin, et certainement révolu, le temps où ils distribuaient les billets de banque, et se bombaient le torse avec l’argent public, aguichaient tout le monde avec une fortune acquise précipitamment. Il faut maintenant subir le couperet, sinon tout au moins aller défendre son honneur. L’affront ici est public. Il faut donc accepter la gageure, et aller défendre l’honneur devant les juridictions. L’argent du contribuable, ce qui est sûr, ne peut rester introuvable. Il y aura une traçabilité. Les coupables doivent être trouvés, même réfugiés au fin fond de la mer baltique ou de l’Alaska.
Faire rendre gorge
Certains ont échappé de peu dans l’affaire « Ségub-gate », où ils ont été obligés de rembourser manu-militari ou presque, les fonds dilapidés. D’autres vont suivre. Ce pays, comme l’a fait remarquer il y a peu, un observateur politique, « a trop longtemps marché sur la tête ». Il était devenu un nid de corruptions, un « pays voyou », où quelques-uns faisaient leur loi, sans respect des principes moraux et éthiques. Mais, quoi qu’on dise, ce pays est encore régi par des institutions. Malgré les faiblesses et imperfections notées çà et là, le droit y est toujours dit. La preuve, le commun des mortels a encore en mémoire le retentissant « non-lieu » consécutif au procès du scandale Ppea2. Cela avait paru hors d’entendement. L’ancien ministre du sous-sol, le principal mis en cause, vaque d’ailleurs toujours à ses occupations. Sans être autrement inquiété. Pour le reste, il aura à rendre compte à sa propre conscience. Dans l’affaire du coton, Bako, Koutché et compagnies doivent donc savoir raison gardée. Rien n’est encore grave, la situation n’est pas encore désespérée. Il faut plutôt mettre le temps et la défense à profit. Au lieu que leurs affidés émaillent les réseaux sociaux de commentaires incendiaires, il vaut mieux chercher des avocats et préparer une bonne défense.
W.N