Dans les communes de Parakou et de Pèrèrè comme dans la plupart des communes du Bénin d’ailleurs, la disparité dans l’implantation des infrastructures communautaires, plombe la lutte contre la pauvreté. En cause, les hommes politiques qui siègent au sein des instances dirigeantes des communes. Ils influencent négativement le choix des sites d’implantation des infrastructures de base.
« Saisissant l’opportunité d’être associés à l’élaboration des documents de planification des infrastructures sociocommunautaires,, les hommes politiques ou encore les élus influencent le travail des techniciens en orientant le choix des sites d’implantation de ces infrastructures aux fins d’honorer leurs promesses électorales » témoigne Sidi Ali, chef service technique de la mairie de Pèrèrè. Parmi ces documents de planification influencés figurent le Plan de développement communal (Pdc), le plan annuel d’investissement (Pai) et le plan communal eau. La disparité observée dans la répartition des infrastructures sociocommunautaires à Pèrèrè et Parakou résulte en partie de la volonté des hommes politiques de satisfaire certains besoins des populations à des fins électoralistes. Cela dégénère littéralement en une lutte au cours de laquelle les élus locaux tentent de peser de leur poids, afin de faire installer les infrastructures communales dans leurs arrondissements ou localités respectifs. Bien souvent, les localités non représentés au sein du conseil communal ou son bureau se retrouvent fatalement oubliées. Les localités laissés-pour-compte n’ont pas l’opportunité d’abriter ces infrastructures essentielles au développement. Souvent, ce sont les localités les plus peuplées et les plus pauvres, ayant davantage besoin de ces infrastructures qui en sont privées. On comprend aisément que ce n’est point l’Indice synthétique d’accès aux infrastructures de base (Isaib), repère technique en la matière, qui sert de véritable socle des politiques d’offres des services sociaux de base.
Donner pour espérer des suffrages
Pour atteindre leur but, certains hommes politiques préfèrent réaliser sur fonds propres des infrastructures de base (contenues dans le Pdc) dans des localités qui leur garantissent le plus de suffrages. Malheureusement, ils ne prennent pas la peine de s’assurer que les ouvrages qu’ils font réaliser, figurent au rang des priorités des populations locales. C’est le cas par exemple d’un centre de développement communautaire récemment construit au quartier Alaga (1er arrondissement de la commune de Parakou) par le député Gbadamassi. Le constat fait sur le terrain montre que 6,8 % des populations du quartier ont un niveau acceptable d’accès aux services sociocommunautaires pendant que dans le village de Sawararou relevant du même arrondissement, à peine 0,1% des populations ont accès auxdits services. Pire, une dizaine de quartiers du 1er et du 2ème arrondissement de Parakou ont un niveau d’accès inférieur à 2% et plus de 30 quartiers sont en dessous de 6%. Ces disparités s’expliquent par ailleurs par des critères discriminatoires établis par certaines communes pour désigner les localités bénéficiaires des services sociaux de base. «Cette disparité dans le secteur de l’eau se justifie par le fait qu’avec l’ancienne stratégie, seules les populations qui avaient payé la somme de 200 000 francsCfa (400 dollars US environ) pouvaient s’offrir un ouvrage d’eau », explique Sidi Ali, chef du service technique de la mairie de Pèrèrè. S’agissant des infrastructures marchandes, « c’est compte tenu de l’apport ou du Produit intérieur brut (Pib) communal dans une localité que la commune investit dans la construction des hangars, boutiques dans cette localité », déclare MariétouTamba, maire de la commune de Pèrèrè.
Cette disparité s’observe également dans la commune de Parakou (400 km au Nord de Cotonou) où le taux de couverture sanitaire du pays est pourtant l’un des plus élevés. En 2014, la commune présentait le tableau suivant : deux hôpitaux dont un Centre hospitalier universitaire et départemental (Chud), plus d’une soixantaine de formations sanitaires (cabinets médicaux, centres de santé) privées, un centre de santé de commune, cinq centres de santé d’arrondissement, cinq pharmacies, deux cliniques, un laboratoire d’analyses médicales. Malgré ce taux de couverture proportionnel au référentiel de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et largement supérieur au taux national, seulement 3,5 % de la population de Parakou ont accès aux services sociaux de base. Pareil dans le secteur éducatif. La commune compte en 2014, 21 écoles maternelles publiques, dix collèges publics d’enseignement général, 56 collèges privés et 263 écoles primaires. Mais la répartition de ces infrastructures sociocommunautaire de base reste très injuste. Dans la périphérie, le taux de desserte en points d’eau est très faible. 11,47% de la population en disposent en 2014 avec de forte disparité dans les arrondissements : 16,02% de la population dans le 1er, 8,71% dans le 2ème et 6,83% dans le 3ème.
Neuf quartiers desservis sur quarante-et-un
D’après les derniers Indices synthétiques d’accès aux services de base (Isaib) en date de 2013, seulement 3,5% des 267 997 habitants de Parakou ont un niveau acceptable d’accès aux infrastructures de base. Dix quartiers ou villages dont 7 du premier arrondissement sont dans l’extrême pauvreté, sur les 41 villages ou quartiers répartis dans trois arrondissements de la commune. Ces localités sont caractérisées, avant les interventions du Projet des services décentralisés conduits par les communautés, par un manque total d’accès à l’infrastructure de base (Voir Psdcc en encadré). A peine 0,1% des 1594 habitants du village de Sawararou (1er arrondissement) bénéficient des services de bases (soins de santé, éducation, eau…). Seulement neuf quartiers sur les quarante-et-un affichent un niveau plus ou moins acceptable en matière d’accès aux services de base. A Pèrèrè, seulement 3,4% de la population, (soit 2685 habitants sur 78 988 habitants) ont accès auxdits services avec six (06) quartiers ou villages dans l’extrême pauvreté.
L’implantation des infrastructures de base n’étant pas adaptée aux besoins réels des populations, cette influence des hommes politiques ne peut que constituer un obstacle majeur à la lutte contre la pauvreté. Conséquences : en 2016, les 78 988 habitants, 35 villages ou quartiers répartis dans 06 arrondissements de la commune de Pèrèrè (450 Km de Cotonou) se partagent 8 dispensaires isolés, 3 Centres médicaux communautaires et des centres de santé d’arrondissement, soit un total de 17 formations sanitaires, avec une concentration de plus de 33% du personnel dans le centre de santé communal de l’arrondissement de Pèrèrè. A la rentrée 2015-2016, Pèrèrè compte 14 écoles maternelles publiques et 02 privées. L’arrondissement de Guinagourou seul dispose de six écoles maternelles pendant que les arrondissements de Gninsy, Kpebié, Pane et Sontou disposent chacun d’une seule école maternelle. Des 74 écoles primaires de la commune, 22 sont réparties dans l’arrondissement de Gninsy et 19 à Guinagourou pendant que Pane, Sontou et Kpebié en comptent respectivement 4, 5 et 6 écoles primaires. Pèrèrè compte 12 collèges d’enseignement général (Ceg). Les arrondissements de Gninsy et de Guinagourou disposent respectivement de 3 et 5 collèges, alors que Pane n’en abrite pas un seul. En 2016, le taux de couverture en eau potable est de 73,4%, avec trois adductions d’eau villageoise et de 223 forages équipés de pompes (78 pour Guinagourou et 45 pour Gninsy). Seuls des quartiers de l’Arrondissement de Pèrèrè sont desservis par le réseau de la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB). L’énergie électrique fournie par la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) est accessible uniquement à Pèrèrè centre.
Faire du social pour vaincre la pauvreté
D’après l’étude “Infrastructures de base et niveau de pauvreté dans les communes du Bénin“ réalisée en 2010, dans le cadre du Projet de renforcement des capacités en conception et analyse des politiques de développement (Capod), différentes estimations effectuées ont montré nettement que les infrastructures sociales et économiques favorisent significativement la sortie de la pauvreté. Leur impact sur les populations défavorisées peut être compris de trois façons. Tout d’abord, les infrastructures étendent les marchés locaux et nationaux en les intégrant à d'autres plus larges, élargissant ainsi le spectre des opportunités économiques que les populations pauvres peuvent saisir. De plus, leur disponibilité réduit la vulnérabilité des populations aux chocs et aux crises qui par essence constituent un obstacle majeur au développement économique. Enfin, les infrastructures améliorent significativement la productivité agricole et, par conséquent, le revenu des foyers. Nutrition, santé, éducation ou usage du planning familial sont alors favorablement impactés. D’après les analyses effectuées sur la base des résultats des études de l’Insae et du cabinet “Afrique Conseil“, il ressort que la pauvreté est une fonction décroissante de l’accessibilité aux infrastructures de base. En d’autres termes, plus l’accessibilité aux infrastructures de base s’améliore dans une commune, la pauvreté diminue également au niveau de cette commune.
Aziz. BADAROU
Psdcc contre les manœuvres politiciennes
Le Projet des services décentralisés conduits par les communautés (Psdcc) initié par la Banque mondiale vise l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base décentralisés et à la fourniture de ces services. A cet effet, la loi sur la maitrise d’ouvrage a été modifiée. Ce qui a permis de conférer aux communautés la maitrise d’ouvrage délégué ; mais la maitrise d’ouvrage finale est confiée à la commune. Car, la maitrise d’ouvrage déléguée est l’ensemble des dispositions permettant aux communautés de réaliser des infrastructures ; mais en définitive, l’ouvrage reste le patrimoine de la commune. Malgré cette implication des conseils communaux, les projets de construction d’infrastructures initiés par le Psdcc ne se concrétisent pas sans pression politique. Le ciblage des localités bénéficiaires du projet a été fait à partir d’une étude qui combine recensements biennal (Emicov) et décennal (Rgph3) réalisés par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae). Sur la base de l’indice d’accès aux infrastructures de base (Isaib), ce rapport classe les villages du plus pauvre au moins pauvre. Il va sans dire que dans l’implantation des ouvrages, le Psdcc accorde la priorité aux villages qui souffrent sévèrement du manque d’infrastructures sociales de base. Cette approche gêne des intérêts notamment ceux des hommes politiques. « Tous les ministres qui sont passés et dont les villages n’étaient pas couverts s’en indignent et m’interpellent à ce propos. A Pèrèrè qui relève de ma zone de compétence, c’est un ancien maire qui s’est offusqué que le village de son épouse ne soit pas pris en compte. Mais sa tentative pour nous forcer la main a échoué », témoigne Germain Ouin-Ouro. Plus de 1000 villages répertoriés dans les 77 communes du Bénin ont ainsi bénéficié des réalisations du Psdcc.
SIT pour un bon choix des localités prioritaires
Le Système d’information territoriale (SIT) aurait pu servir d’outil technique pour mieux cibler les sites d’implantation des infrastructures communautaires. Il est conçu pour permettre à tous les acteurs du développement territorial à différents niveaux de disposer d’une base fiable de production de données et d’informations capables d’aider à la prise de décision. Ce qui permettrait de respecter l’adéquation entre des infrastructures de base et les besoins des localités. Mais le SIT a ses limites. «L’outil n’offre que des données statiques. De plus, dans la collecte des données géographiques, il ne permet pas de localiser avec toute la précision possible, les infrastructures répertoriées », regrette Fidèle Sinagourigui, planificateur de la Mairie de Parakou. Salomon Okry, délégué à l’Aménagement du territoire (Dat), reconnaît que « l’outil reste, certes, perfectible mais que son animation nécessite une formation continue des administrateurs ». Le SIT est utile pour certaines prises de décision dans les communes qui en disposent déjà, permettant ainsi de mieux maîtriser bien de données et indicateurs communaux. Malheureusement, les intérêts politiques prenent souvent le dessus, dénoncent des sources concordantes proches de la Dat. La commune de Parakou en dispose déjà. Celle de Pèrèrè ne s’en est pas encore dotée.
Enquête réalisée dans le cadre du projet « Pour des médias plus professionnels » de la Maison des Médias avec l’appui financier de OSIWA.
Il ne sert à rien de se vanter de sa puissance, de sa richesse ou encore d’un quelconque pouvoir face aux plus faibles dans cette vie. Un beau jour viendra, et l’on se séparera de tout cela. Ici-bas, rien de ce dont nous sommes propriétaires ne nous appartient pas, en réalité, car l’homme est né nus, et il repartira nu.
C’est le grand message de vie que véhicule cette chanson intitulée « Zéro » du talentueux artiste béninois Richard Flash, extrait de son 4è album « Kpatagnon », sorti en décembre 2015 et produit par Timing Records). Exécutée en dialecte Fon avec des bribes en français, « Zéro » est fait de la world music tempéré de la salsa groove et a été enregistrée en semi-live, arrangée dans le studio F5 de Gérard Fanouvi puis masterisée en France par le célèbre Thierry Doumerg. Sa vidéo, tournée et réalisée ici à Cotonou est l’œuvre de ‘’Orisha Films’’.A en croire le manager de l’artiste, Cédric Pedro, les deux versions (audio et vidéo) de «Zéro »sont estimées à 1Million 500.000 F Cfa.