"Je voudrais que le ballon roule", affirme à l'AFP Léopold Houannkoun, président du Conseil national des supporters (CNS) à propos du championnat béninois qui reprend ce week-end après deux ans d'interruption en raison d'une crise ouverte qui perdure au sein de la fédération.
"La crise n'arrange personne. Nous prions que le championnat puisse aller jusqu’au bout. Que nos différents dirigeants y mettent du sérieux", ajoute-t-il.
Tout a basculé en 2012, lorsque la fédération n'a pu cacher ses dissensions internes.
A l'époque, le comité directeur avait proclamé Victorien Attolou, président en lieu et place de Moucharafou Anjorin, accusé de malversations financières. Un tribunal avait ensuite conforté ce choix, provoquant l'intervention de la Fifa, la fédération internationale de football.
Le championnat avait alors été suspendu en mars 2015. Puis un championnat de "transition" mis en place pour 2016, sans titre de champion à la clé. Le Bénin était alors officiellement suspendu par la Fifa.
En décembre 2016, le président béninois Patrice Talon a alors offert une médiation qui a permis la création d'un "Comité exécutif consensuel et transitoire" .
D'où ce retour à la quasi-normale, ce week-end, avec le début d'un nouveau championnat samedi 8 juillet au stade de l'Amitié général Mathieu Kérékou de Cotonou avec le choc entre deux favoris les Requins de l'Atlantique et l'Union sportive de Sèmè-Kraké.
Mais tout n'est pas réglé pour autant, loin de là.
- Démissions -
Initialement, la reprise devait avoir lieu en grande pompe. La présence du nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF) le Malgache Ahmad Ahmad et même du président béninois Patrice Talon avaient été évoquées. Mais les rancoeurs sont tenaces et tous n'ont pas encore enterré la hache de guerre.
Alors qu'au moment de la médiation le ministre des Sports Oswald Homeky avait déclaré que c'était "la fin de la crise qui minait le football béninois", trois membres de ce comité transitoire de 21 membres ont démissionné mardi soir !
Parmi eux, Victorien Attolou: "On ne veut pas être comptables, on a préféré partir", déclare-t-il à l'AFP, évoquant "des questions de non respect du protocole d'accord", sans plus de précision. Il souligne toutefois que cette décision ne met pas en péril le championnat: "tous nos clubs jouent et sont engagés".
"Leurs démissions ne sauraient constituer une entrave pour le démarrage des championnats", a réagi Bruno Didavi, premier vice-président de la fédération béninoise mercredi lors d’une conférence de presse.
- Sans championnat, pas de bonne équipe nationale -
La succession des Buffles du Borgou, sacrés en 2014, est donc ouverte et 19 clubs répartis en deux poules participeront au championnat 2017-2018. La Ligue 2 et la Ligue 3 vont aussi reprendre. L'ensemble de ces compétitions sont organisées en partenariat avec la télévision LC2 International Afnex du magnat Christian Enock Lagnidé.
"Lorsqu'on aura un championnat digne de ce nom, le public va se déplacer pour supporter et cela va rappeler les anciennes habitudes que nous avions. Aujourd’hui, tout le monde est presque découragé de notre football", estime Léopold Houannkoun, qui rappelle que "Tant qu’il n’y aura pas de championnat il n’y aura pas une bonne équipe nationale" et que sans championnat "on ne peut pas détecter les meilleurs talents".
"Nous sommes pressés de retrouver les stades et les autres joueurs", jubile de son côté Hermann Kassa, le défenseur de Energie Football Club.
"En tant que joueur, quand on a passé un bon moment sans faire le championnat, le niveau s’abaisse. Du coup nous sommes contents de la décision sur la reprise du championnat", ajoute-t-il avant de préciser: "Quand on veut commencer un championnat, il faut penser au titre. Nous sommes fin prêts et n'attendons que la compétition pour faire nos preuves".