Les microcrédits aux plus pauvres sont enfin de retour. Après plusieurs mois de suspension, l’initiative qui a connu des succès sous le régime de Yayi Boni a été relancée. Mais à y voir de près, le régime de Patrice Talon en fait déjà un outil de propagande.
Les microcrédits sont de nouveau accessibles. La Rupture a décidé d’autoriser à nouveau l’exécution de ce programme qui soulage les couches les plus défavorisées de la population. Le social est en marche sous la Rupture, est-on tenté de dire. C’est ce que s’acharne à montrer le gouvernement de Patrice Talon. De Porto-Novo à la partie septentrionale du pays, on vit ces derniers jours un nouveau lancement dudit programme. Permettre aux plus pauvres de s’adonner à de petites activités lucratives est une œuvre salvatrice. Mais était-ce nécessaire d’organiser des cérémonies de lancement avec beaucoup de tapages? Etait-ce important de sur-médiatiser une telle initiative avec une volonté manifeste d’en faire un outil politique? En réalité, la Rupture n’a pas pour autant innové sur ce point. La suspension imposée après la présidentielle de 2016 a fait péricliter les activités de plusieurs bénéficiaires. Avant la Rupture, certaines femmes ont connu une avancée réelle de leurs activités. Plusieurs d’entre elles recevaient plus de 100 000 F Cfa de crédits. Aujourd’hui, le gouvernement propose la modique somme de 50 000 F Cfa aux mêmes bénéficiaires. Il est clair que la mesure de suspension n’a fait que retarder la consolidation des activités en cours. Par ailleurs, tout démontre que la Rupture compte faire de ce programme de microcrédits un outil politique. Il y a un risque d’instrumentalisation. Et cela est bien visible avec tout le tintamarre qui entoure les séances de lancement. Or, la politisation est une dérive déjà dénoncée sous l’ancien régime. En rassurant les femmes que de 50 000F, le gouvernement passera à 100 000F, tout porte à croire que cette promesse est conditionnée. Reste à savoir à quelle date elle sera effective. A la veille des élections ou en pleine période électorale ? Les prochains jours nous édifieront.
Mike MAHOUNA