Ils sont nés avant 1960, mais depuis que le soleil des indépendances a lui sur le Bénin, ex- Dahomey, ils sont toujours là. Hyperactifs au-devant de la scène, malgré le poids de l’âge et quand bien même la République leur a tout donné.
*Nicéphore Dieudonné Soglo
Né le 29 novembre 1934, Nicéphore Soglo est dans sa 83ème année. Ancien cadre de la Banque mondiale, il est un homme d'État. Rentré au pays, il a été nommé Premier ministre (1990 à 1991) par le Haut Conseil pour la République (HCR). Le 4 avril 1991, et ce pour un mandat de 5 ans, il a été investi président de la République. Avec le parti la Renaissance du Bénin dont il est le président d’honneur, on l’a vu très actif sur le plan politique. Après son échec pour son second mandat présidentiel qu’il n’a pas pu obtenir du peuple en 1996, Nicéphore Soglo a mouillé le maillot pour se faire élire maire de la capitale économique, Cotonou. De 2003 à 2015, il a été donc le chef de l’exécutif au niveau de la municipalité avant de céder le fauteuil à son fils aîné Léhady qui prend aussi la tête du parti, la RB. Cette élection du fils à l’hôtel de ville de Cotonou n’a pas été possible sans le coup de pousse du père qui a parcouru monts et vallées pour ratisser large lors des joutes communales et municipales. En tout cas, même s’il s’est éclipsé, beaucoup continue de voir l’ombre de l’ancien « président-maire » à la mairie. Ses prises de position régulières contre le régime défunt, de Yayi Boni, ne sont pas passées inaperçues. A la dernière élection présidentielle, c’est le politique qui a retenu l’attention. En effet, malgré sa posture d’ancien président qui devrait être en retrait, avoir de la retenue et être un recours en cas de crise, Nicéphore Soglo a ouvertement battu campagne pour l’actuel locataire de la Marina, Patrice Talon ; contre le candidat proposé par Yayi Boni. Aujourd’hui, Nicéphore Soglo garde la dent dure contre ce dernier. Loin d’être un retraité de la scène politique, Nicéphore Soglo y est toujours. En témoigne sa prise de position dans le tiraillement en cours à la RB, un dossier pendant devant devant les tribunaux.
*Rosine Vieyra Soglo
C’est une ancienne première Dame du Bénin. L’épouse de Nicéphore Soglo. Beaucoup s’accordent à l’appeler La Dame de fer à cause de sa verve et ses prises de position parfois féministes mais aussi audacieuses dans des dossiers. La dernière en date, est celle qui a fait jaser la République. En avril dernier, à la faveur de l’échec de la révision de la Constitution, Rosine Soglo a dénoncé urbi et orbi la corruption au niveau du Parlement. A 83 ans révolus, la praticienne de Droit (sa formation de base) continue d’animer donc l’Hémicycle. C’est la plus âgée des députés actuellement. Ce qui lui vaut d’ailleurs son titre de Doyenne d’âge. Entre l’Assemblée nationale et « maman », comme l’appellent certains affectueusement, c’est une histoire d’arbre et d’écorce. Cela lui fait sa 6ème législature de 4 ans. Toujours au plan politique, l’ancienne première Dame est une femme exceptionnelle, en ce sens qu’elle fait partie des premières rares femmes chefs de partis politiques au Bénin. En effet, le 24 mars 1992, elle créa la Renaissance du Bénin (RB), pour soutenir son mari alors au pouvoir, puis en devint la présidente. Visiblement, Rosine Soglo que des générations ont vu et continue de voir, n’est pas encore prête pour une suppléance au Parlement, encore moins au plan politique. Canne en main et malgré son handicap visuel elle était en mars 2016 au centre du pays, aux côtés de son mari, pour la campagne électorale au profit du candidat Patrice Talon, élu président de la République. A l’instar de son époux, Rosine Soglo est très impliquée dans la vie de la RB. La dernière actualité en date, est celle à la crise.
*Albert Tévoedjrè
C’est l’un des rares renards politiques du pays. Surnommé renard de Djèrègbé, Albert Tévoèdjrè est un brillant cadre international. Plusieurs fois ministre, député, le professeur a été Médiateur de la République. L’Onu le connaît aussi très bien pour avoir été son représentant dans la résolution de la crise ivoiro ivoirienne sous Laurent Gbagbo. Albert Tévoédjrè meme s’il a signifié qu’il se retire de la scène politique pour consacrer sa vie à la religion chretienne et la paix, n’est pas pour autant parti. La preuve, la présidentielle dernière, il a publiquement pris fait et cause pour le candidat Irénée Koupaki (Pik). Le frère Melchior a aussi joué un grand rôle pour l’échec de la révision de la Constitution sous Patrice Talon. Lui qui a dit que le projet ne prospèrera pas. La plupart des Béninois continuent d’employer sa phrase fétiche à cet effet : « ici, c’est le Bénin ». Avant comme après l’échec de la réforme phare de Patrice Talon, le domicile de Tévoèdjrè a accueilli le plus de visite d’acteurs politiques surtout de l’ « opposition ». C’est dire donc qu’à 88 ans (né le 10 novembre 1929) , malgré sa retraite politique annoncée, le renard de Djèrègbé continue de prendre part au débat sur l’état de la Nation depuis son refuge à Porto-Novo.
*Adrien Houngbedji
Né le 5 mars 1942, Me Adrien Houngbedji était déjà Avocat à 26 ans au barreau de Cotonou où il dirige un important cabinet d’avocats avec son Doctorat d’État en droit obtenu à Paris, en 1967. En 1976 il est condamné à mort pour avoir défendu un opposant au régime de feu président Mathieu Kérékou. Il s’évade de prison quelques mois après et s’exile au Gabon où il exerce de nouveau sa profession. De retour au Bénin à l’occasion de la Conférence nationale de 1990,, il entre en politique en se faisant élire député, puis occupe à trois reprises les fonctions de président de l’Assemblée nationale de 1991 à 1995, de 1999 à 2003 puis depuis 2015 à ce jour. Ancien Premier ministre de 1996 à 1998, sous la présidence du Général Mathieu Kérékou, il a été candidat malheureux aux élections présidentielle. Avec ses 75 ans d’âge, Me Adrein Houngbédji est forclos à une course à la présidentielle mais continue de tenir les rênes du Parti du Renouveau démocratique (Prd) crée en 1990.Est-il besoin de rappeler que le président des Tchoco Tchoco est un allié de Patrice Talon, actuellement à la tête du pays, et ce après son soutien infructueux au candidat Lionel Zinsou à la présidentielle de 2016 ? En tout cas, passer la main, n’est pas encore inscrit dans l’agenda du leader charismatique du parti arc-en-ciel. Ceux qui rêvent d’une « macronisation » de ce côté-là, devront encore attendre…
*Amos Elègbè
Il est né, lui, le 4 avril 1947. Donc logiquement, il a fermé ses 70ans. S’il ambitionnait de briguer la magistrature suprême de son pays, les sages de la Cour constitutionnels lui répondront sans doute que c’est « trop tard ». Ce qui veut dire qu’il est forclos. Mais puisque son rêve n’est certainement pas cela, Amos Elègbè continue d’écrire ses pages en politique. Dans l’opinion, il est appelé « Monsieur tous les régimes » à cause de sa présence habile aux côtés de différents chefs de l’Etat qui se sont succédés au pouvoir. Depuis la révolution, cet universitaire a occupé différents postes politiques. Plusieurs fois ministres de Kérékou I à Kérékou II en passant par Nicéphore Soglo, Amos Elègbè a été aussi député à l’Assemblée nationale. Sous Yayi Boni, il a été l’un des maître à penser du Pouvoir en tant que Conseiller politique. A y voir de près, l’enseignement n’est plus la priorité pour le professeur. Quand bien même la page Yayi tournée depuis 2016, on le voit très actif encore sur le terrain, notamment aux côtés de l’alliance Fcbe pour la sauvegarde des acquis démocratiques et surtout l’héritage laissé par l’ancien président en terme de bilan des dix ans.
*Ange-Marie Bruno Amoussou
C’est le deuxième « renard » du Bénin. Actualité politique oblige, la crise au Parti social démocrate (Psd) l’a fait sortir de sa tanière. En tournée d’explication dans le Mono-Couffo sur ladite crise, Bruno Amoussou rend grâce que Dieu l’ait gardé encore en vie puisqu’il semble ne pas être d’accord de ce qui se dit sur sa personne. Une guerre de génération que le renard de Djakotomey entend vivre de son vivant. Né le 2 juillet 1939, ce politique qui « connaît le pays » a aujourd’hui 78 ans. Ministre d’Etat sous le Général Mathieu Kérékou, Bruno Ange-Marie Amoussou a été président de l’Assemblée nationale et continue de représenter le peuple au Parlement ... Inutile de rappeler le rôle qu’il a joué dans l’opposition au Pouvoir de Yayi Boni, et surtout à la tête du vaste regroupement politique à savoir, l’alliance Union fait la Nation qu’il préside et dont l’ambition est sa mutation prochaine en parti politique. Le chantier est grand et pour Bruno Amoussou qui a œuvré à l’avénement de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon, ce n’est certainement pas le moment de se mettre à l’arrière-cour. Ainsi, le ‘’Dadjè national’’ se fait parler de lui, et fait la Une de plusieurs gazettes du pays.
Réalisation : Jacques BOCO