L’annonce de la première visite d’un chef d’Etat au Bénin depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon, a été faite par le ministre des Affaires étrangères, une semaine avant ladite visite intervenue hier mercredi et qui prend fin demain vendredi 14 juillet 2017. Face aux professionnels des médias à l’occasion, Aurelien Agbénonci a tenté de justifier cette hibernation observée depuis 15 mois et qui vient d’être brisée par l’arrivée de la présidente de la confédération helvétique à Cotonou. En effet, selon le chef de la diplomatie béninoise, de nombreux partenaires ont bel et bien manifesté leur désir de se rendre en visite officielle au Bénin. Mais c’est plutôt le chef de l’Etat, Patrice Talon qui a souvent reporté ces occasions. La principale raison, c’est l’image indigne que présente Cotonou.
“Plusieurs chefs d’Etat ont souhaité nous rendre visite. Des organisations ont même souhaité organiser des sommets dans notre pays. Lorsque vous regardez l’état dans lequel se trouve la ville de Cotonou, l’état dans lequel se trouvent nos édifices publics, l’état de fonctionnement approximatif de certaines de nos installations, le président a estimé que l’image que nous devons projeter de notre pays doit être une belle image. Donc il m’a chargé chaque fois que le souhait de nous rendre visite ou le souhait d’organiser des réunions dans notre pays serait exprimé, de demander à nos amis de patienter”, a confié Aurelien Agbénonci. Et il ajoute qu’“aujourd’hui les choses vont dans la bonne direction.” Cotonou présente désormais donc l’image d’une capitale révélée et il n’y a plus de honte à accueillir des hôtes de marque et des rencontres d’envergure. Du moins, si l’on s’en tient aux propos du ministre des Affaires étrangères. A y voir de près, ce sont des arguments qui ne tiennent pas la route. Ces déclarations du chef de l’Etat rapportées par son collaborateur et ami Agbénonci sont exagérées et péjoratives. Et pourtant le Bénin n’est pas sorti de guerre ! A vrai dire, si cela ne tenait qu’à Patrice Talon et à Aurelien Agbénonci, le Bénin n’aurait pas reçu grand monde et n’aurait pas abrité beaucoup manifestations depuis 1960 puisque Cotonou, la vitrine est allée à reculons en terme d’image et d’installations. Si Patrice Talon avait été Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo et Yayi Boni (pour citer les plus récents), ou si ceux-ci avaient eu la même vision que lui, on aurait eu très peu de réunions de haut niveau et difficilement des chefs d’Etat seraient venus au Bénin. Là où Aurelien Agbénonci s’est planté est que lorsqu’il évoque les questions d’image, d’infrastructures, d’édifices publics et autres comme freins à l’arrivée sur le sol de Béhanzin, d’hôtes de marque, qu’est-ce qui a pu donc changer concrètement en 15 mois que la présidente suisse pourrait admirer ? De combien de centimètres l’aéroport de Cotonou a été élargi pour que le Grand Boeing de l’hôte prestigieuse puisse enfin atterrir ? Combien de centimètres de routes ont été goudronnés ou asphaltés pour voir passer confortablement le véhicule de l’hôte ? Combien de gratte-ciels ont été construits de l’aéroport à Ouidah en passant par Dèkoungbè, itinéraire à emprunter par la présidente de la Confédération helvétique ? Bref, après le déguerpissement des populations des espaces publics, quelles sont les nouvelles infrastructures érigées par les nouvelles autorités du pays pour faire rêver Doris Leuthard comme si elle était chez elle en Suisse ? Autant de préoccupations qui doivent amener le ministre Agbénonci à revoir son discours.
J.B