La suspension de l’exportation de l’ananas béninois vers les pays de l’Union européenne crée des ennuis aux producteurs qui depuis près de sept mois ne savent plus à quel saint se vouer. La présidente de l’Association de l’interprofession de l’ananas au Bénin, Bertille Guèdègbé Marcos, revient sur les difficultés et lance un appel aux autorités béninoises.
Les producteurs et productrices d’ananas éprouvent des difficultés à écouler leurs produits depuis l’annonce de la suspension de l’exportation de l’ananas béninois vers les pays de l’Union européenne. Malgré les différentes négociations qu’ils ont entreprises depuis environ sept mois que cette mesure est en vigueur, il n’y a encore aucune lueur d’espoir. Et pourtant, il s’agit d’une filière importante dans la production agricole au Bénin.
Le grand potentiel que revêt l’ananas ‘’pain de sucre’’ en termes de devises pour le Bénin serait fondamentalement lié à la réputation de sa qualité. Seulement, pour rentrer dans les pays de l’Europe, le produit doit remplir certains critères. A défaut, depuis environ sept mois, l’exportation vers ces pays est suspendue et les acteurs de la filière s’en indignent.
La présidente de l’Association de l’interprofession de l’ananas du Bénin, Bertille Guèdègbé Marcos n’a pas caché son amertume, vendredi 7 juillet dernier lors du lancement du projet « Amélioration de la productivité, de la compétitivité et le développement de l’indication géographique de l’ananas ‘’pain de sucre’’ du Bénin » à Allada. « Nous invitons les autorités de ce pays à s’impliquer davantage dans les négociations pour que notre ananas soit accepté à l’international », réclame-t-elle. Elle soutient, comme plusieurs de ses collègues producteurs, que l’ananas béninois est de bonne qualité.
La filière ananas occupe une place importante dans la production agricole au Bénin, fait observer Bertille Guèdègbé Marcos. En effet, la production nationale d’ananas contribue à environ 1,2% du Produit intérieur brut (Pib) national, 4,3% du Pib agricole. Il se place en troisième position derrière le coton qui occupe 25% du Pib et l’anacarde 7,4% du Pib agricole, selon les statistiques de l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae).
Pour la secrétaire générale du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Françoise Assogba Komlan, l’ananas est une filière qui constitue une source importante de revenu pour les petits producteurs, une opportunité d’emplois pour la population rurale et une source de devises pour le Bénin. Elle explique que la production nationale a connu une évolution remarquable, en passant de 51 000 tonnes en 2000 à 432 000 tonnes en 2014 selon les données de la direction de la Programmation et de la Prospective du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Soit un accroissement de 744% en 15 ans. Dans la même période, l’exportation d’ananas du Bénin vers l’Europe est passée de 461 tonnes à 4026 tonnes, soit une évolution de 773% en 15 ans. Cette évolution ne représente que 1 à 2% à peine de la production nationale.
Avantages comparatifs
La filière ananas dispose d’un avantage comparatif, pouvant amener le Bénin à s’insérer durablement dans le commerce régional et international. Le secteur mobilise plus de 8 000 producteurs avec 1,2% du Pib. Cependant, le rendement moyen de l’ananas dans le département de l’Atlantique où se fait 97% de la production nationale, est de 36 tonnes à l’hectare pour la variété ‘’pain de sucre’’ et 46 tonnes à l’hectare pour la variété Cayenne lisse.
Pour la secrétaire générale du Maep, ces niveaux restent faibles comparés aux rendements moyens potentiels : 65 et 80 tonnes à l’hectare respectivement pour le pain de sucre et la Cayenne lisse. L’amélioration de la productivité de l’ananas, selon elle, demeure donc un défi majeur pour un véritable essor de la filière.
Concernant spécifiquement le pain de sucre, c’est la variété la plus cultivée, 75% de la production nationale en raison de sa forte consommation locale et de la demande sans cesse croissante sur le marché sous-régional. La variété ‘’pain de sucre’’ du Bénin possède des qualités organoleptiques particulières (sucrée, aromatisée) très appréciées aux plans national, sous-régional et international. Cet attrait suscité par le pain de sucre produit au Bénin est très perceptible au niveau de la chaine de valeur ananas frais exporté vers les pays de la sous-région.