Encore quelques jours seulement et les populations installées le long de la côte Est de Cotonou seront délogées. Ceci, dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du projet de protection de la côte. Pendant que les populations ciblées s’inquiètent pour le sort qui leur sera réservé, les choses se précisent du côté du gouvernement.
Le gouvernement a adopté, en Conseil des ministres de ce mercredi 12 juillet 2017, le projet de décret portant transmission à l’Assemblée nationale, autorisation de ratification de l’accord de crédit signé entre la République du Bénin et Rabobank dans le cadre du financement partiel de la deuxième phase du projet de protection de la côte Est de Cotonou. Cet accord de financement d’un montant de trente-deux milliards quatre cent soixante-douze millions neuf cent quatre-vingt-quinze mille cent soixante-sept francs (32 472 995 167 F Cfa) devra permettre de poursuivre les travaux de protection de la côte en proie à l’Erosion côtière. «De façon spécifique, le projet vise à sécuriser la côte entre Sèmè-Podji et Cotonou sur un linaire total d’environ 15 km regroupant les quartiers de : Akpakpa-Dodomey, Enagnon, FifadjiHouto, Donatin, Finagnon, Tokplegbe, Agblangandan, PK10 Marina, Seyive et Ekpè », précise le communiqué du Conseil des ministres. Si les choses se précisent fort bien du côté du gouvernement, les populations visées par l’opération de déguerpissement multiplient des actions de protestations afin de se faire entendre. Craignant de se retrouver dans les rues sans abri, ces dernières installées sur la côte depuis plusieurs décennies, exigent du gouvernement, des mesures d’accompagnement notamment un site d’accueil, des dédommagements, et autres. Le sit-in annoncé pour hier par les propriétaires terriens n’a pu se tenir. Malheureusement, d’ici le 30 juillet 2017, le gouvernement de la Rupture entend déloger ces populations. Ce déguerpissement serait motivé par la réalisation des épis sur la côté Est de Cotonou afin d’agir contre l’érosion côtière. Il n’y a donc pas de doute que de milliers de personnes se retrouvent encore sans-abri après l’opération de déguerpissement. Quand bien même, celles-ci reconnaissent le bien-fondé de l’opération de libération de l’espace public, elles plaident pour que des mesures d’accompagnement soient prises par le gouvernement en place afin qu’elles ne se sentent pas comme des réfugiés dans leur propre pays. Si leur vie ainsi que leurs biens sont menacés par l’avancée dangereuse de la mer au niveau de la côte Est de Cotonou, l’Etat devrait trouver une solution qui les épargnerait et non celle qui empirerait leur situation. Face au fait, les populations concernées menacent de ne pas vider les lieux tant que le gouvernement n’aurait pas initié une rencontre d’échanges avec elles. Encore que certains propriétaires terriens brandissent déjà une décision de justice connue sous le numéro 14 du tribunal de deuxième degré en 1954 et qui prouverait que des domaines ciblés n’appartiendraient pas à l’Etat. Pour la petite histoire, le quartier Akpakpa Dodomey Gannoukon-Codji devenu Enagnon, est occupé depuis les années 1920 par des pêcheurs béninois venus du Mono, des Ghanéens, et des Togolais.
Aziz BADAROU