La grogne ne désenfle pas à la police. Les positions semblent tranchées, le fossé grand ouvert entre les officiers et les hommes de rangs. A l’origine de cet endurcissement des cœurs au dialogue, une pétition adressée au président Patrice Talon, il y a quelques mois déjà, dans laquelle certains membres du Syndicat national des gardiens et brigadiers de paix (Synagab-police-Bénin) dont le Secrétaire général Komlanvi Apegnan, exigeaient le retrait et la correction du décret 137, ‘’afin que chaque agent de police rejoigne le corps qu’il mérite au regard de ses diplômes et expériences professionnelles’’. Pour les pétitionnaires, tout reversement tacite de fonctionnaires de police sans conditions de diplômes et d’ancienneté ne saurait être perçu comme un droit acquis mais une grave irrégularité à corriger à tout prix. Ils soutenaient que les ex Inspecteurs de police et les Officiers de paix ne doivent pas être nommés Officiers de police, a-t-on appris. C’est pour cette raison qu’ils estimaient que le décret 137 comportait des lacunes et devrait être retiré.
Mais selon des indiscrétions, le Synapolice dirigé par l’inspecteur de police Clément Akiye, composé majoritairement de hauts gradés de l’institution, n’était pas de cet avis. Et ces hommes de rangs signataires de la pétition, de même que le Sg Synagab ont été mis aux arrêts de rigueur pendant 25 jours. Une fois libres, ils vont ensuite écoper d’une mutation punitive. C’est pourquoi, pour les hommes de rangs, le Synapolice ne se préoccupe nullement de leur sort, et ne peut donc se servir d’eux à des fins inavouées. Il faut noter que dans cette affaire, n’eût été la clémence du Dgpn, le contrôleur général de police Idrissou Moukaïla, les mis en cause n’auraient pas recouvré de si tôt leur liberté.
C’est d’ailleurs ce sentiment d’abandon qui a conduit les gardiens et brigadiers de paix, à la création de ce syndicat pour la défense de leurs intérêts. Les hommes de rangs de la police ne s’expliquent pas les raisons pour lesquelles, c’est aujourd’hui que les officiers membres du Synapolice se réveillent d’un profond sommeil, pour revenir sur certains points de leur plateforme revendicative, qui sont d’ailleurs en cours de traitement au niveau de la Direction générale de la police. C’est dire que l’inimitié entre ces officiers et les hommes de rangs membres du Synagab est profonde. Et si à la face du monde, on s’efforce de montrer l’image d’une police unie, beaucoup de choses restent à faire dans ce sens.
Car, s’il est vrai que le Synapolice regorge de hauts gradés, c’est aujourd’hui une évidence que le Synagab draine des milliers de syndiqués, qui ne se retrouvent pas dans la ligne de défense des officiers. D’où l’intérêt pour ces hauts fonctionnaires de police, qui ont le pouvoir de diriger, de prêter une oreille attentive à la troupe. Il faut éviter un pourrissement de la situation. Et pour la cohésion au sein des disciples de St André, le Synapolice et le Synagab doivent fumer le calumet de la paix. Le défi est grand, et le Directeur général de la police, le contrôleur général de police Idrissou Moukaïla qui fait preuve d’une ouverture au dialogue doit ramener la paix dans la maison police. Si au plan national, il est évident que les efforts de la police pour garantir la sécurité des personnes et des biens portent des fruits, il faut maintenir le cap et éviter que les divisions internes ne plombent ces prouesses.
Arnaud DOUMANHOUN