Un coup de pouce à la compétence en hibernation et un nouveau souffle pour l’administration béninoise. Dépeuplée, anémiée et objet de toutes les critiques, elle en a cruellement besoin. Heureusement, du sang neuf, pour lui permettre de faire face à sa mission, elle en aura très bientôt. Et pour cause, au rayon des bonnes nouvelles pour 2017, le Conseil des ministres autorise le recrutement de 8.739 agents au profit de l’Etat. Pour le renforcement des effectifs de l’administration publique, ils seront 413 Béninois à être sollicités comme Agents permanents. Ainsi, les Ministères de la décentralisation et de la gouvernance locale, de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche, du travail et de la fonction publique et de la justice en seront les grands bénéficiaires.
Pour le reste, ils seront 8326 agents contractuels de l’Etat à être recrutés. Le Ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle en tire le gros lot avec un chiffre de 4154 agents. Suit celui de l’enseignement maternel et primaire avec un effectif de 3601 instituteurs attendu. Les autres ministères bénéficiaires des prochains recrutements sont respectivement les ministères de la santé et des sports. Et donc, malgré la morosité économique, le pays s’attèle, sur le plan des ressources humaines, à faire le plein d’énergie et se prépare à affronter le monde difficile d’aujourd’hui et à relever les défis de demain.
Mais avant, entendons-nous qu’il n’y a de richesse que d’homme, et pour ces concours très attendus, gare à ceux qui se laisseront prendre à l’intolérable piège du tripatouillage. Bien vrai que de la transparence dans les concours de recrutement d’agents de l’Etat, l’actuel gouvernement en a fait un sacerdoce. Mais, piqûre de rappel à la Rupture, on vous pardonnera moins les fautes que vous avez reprochées aux autres.
Alors, après avoir annulé les concours à polémique hérités du précédent régime, les gouvernants actuels, dans ce cas-ci, n’auront droit à aucune excuse. Et même si jusqu’ici à l’ère Talon, il n’y a eu manifestement rien à reprocher à l’organisation de concours par le Ministère de la fonction publique, il est clair que la moindre erreur serait fatale. Déjà, quand on parle de concours au Bénin, la crainte de la transparence est permanente. Et quand, il y a 8.739 postes en jeu, la suspicion n’en est que plus grande. D’où, prévenir et beaucoup prévenir d’éventuels couacs et non se laisser surprendre et chercher à guérir. Ça, les Béninois ne le pardonneront jamais au ministre Adidjathou Mathys et à ses collaborateurs.
D’ailleurs, pour l’organisation de ces concours à venir, dans un contexte économique difficile, ce sont d’énormes ressources financières qui seront mobilisées. Et si avec ces données, l’actuel régime, en lieu et place de la compétence, succombe à l’appât des récompenses, il n’y aura rien de plus désespérant.
Sinon, qui d’entre les décideurs ne sait pas que le passif des recrutements à la fonction publique est lourd et que personne n’a intérêt à réveiller les vieux démons ? En tout cas pas ceux qui ont soutenu que l’administration dynamique et productive a un prix. C’est dire qu’avec eux aux commandes, ce serait un gâchis que les concours ne se passent pas autrement. Pis, au lieu d’une quête de compétence, il ne faudra surtout pas que le Bénin tombe encore dans le panneau de la magouille et de la médiocrité. Pour l’instant, le ciel des concours à la fonction publique est dégagé. Essayons de ne pas penser au pire et d’espérer au plus vite 8.739 agents de qualité. Mais pour ça, Adidjathou Mathys doit nous y aider !
Angelo DOSSOUMOU