Coordonnateur départemental du Borgou de l’Alliance FCBE, l’ex-ministre d’Etat, Théophile Yarou fait ici le point de la première étape de la tournée dans le septentrion. Les récentes démissions au sein de l’alliance, le congrès en vue et autres sujets ont également meublé cet entretien.
L’EVENEMPENT PRECIS : L’Alliance FCBE vient d’entreprendre une tournée nationale, avec comme première zone déjà parcourue, le nord Bénin. Pourquoi cette descente subite ?
Théophile YAROU : Ce n’est pas une descente subite. Contrairement à ce qu’on a voulu faire croire aux Béninois, c’est que les FCBE devraient disparaitre mais l’alliance fonctionne malgré tout ce que vous avez pu constater ou entendre. Qu’il vous souvienne qu’il y a quelques mois, nous sommes allés au Conseil national et ce conseil a décidé de la tenue d’un congrès. Depuis ce temps, l’Alliance s’est engagée avec l’appui des cadres et de certains députés, dans la phase de préparation de ce congrès. A cet effet, il y a une feuille de route qui a été élaborée et ce n’est que la mise en œuvre de cette feuille. C’est la partie visible que vous constatez. C’est une grande alliance qui ne va pas se mettre à faire de tapage. Nous exécutons pas à pas et avec méthode les différentes actions contenues dans cette feuille de route. La partie visible est celle des rencontres, la remobilisation de la base. C’est ce que vous avez constaté dans les départements de l’Atacora et de la Donga, le week-end du 08 et du 09 juillet, et dernièrement, dans l’Alibori et le Borgou, samedi et dimanche derniers.
Quelles sont les localités déjà sillonnées ?
Comme je l’ai dit, nous sommes déjà allés dans l’Atacora et la Donga, il y a une semaine. Ce weekend, c’est-à-dire les samedi 15 et dimanche 16 juillet, on est descendu dans l’Alibori et le Borgou, où la mobilisation a été inédite. Nous sommes contents de l’engouement sur le terrain. La mobilisation est totale, sinon que le réveil est prompt. Les militants ont compris que quand on ne sert où on va, on doit savoir d’où on vient. C’est ce qui se passe actuellement au sein de la population entière. Elle est entrain de comparer la gestion de Yayi à celle actuelle. Et nous rendons grâce à Dieu d’avoir permis cela. Car dans la vie, il faut avoir des éléments de comparaison pour pouvoir apprécier. C’est ce qui se passe en ce moment.Selon notre feuille de route, on va descendre progressivement. La dernière étape sera celle de Cotonou qui va mobiliser tous les militants. Mais il faut préciser que ce ne sont pas des meetings politiques, il s’agit des concertations avec les structures des bases dans le but de préparer le congrès avec la définition d’un ordre du jour qui se conforme aux aspirations de nos militants.
Que retenir de ces premières descentes ?
Nous sommes très fiers de constater que les militants FCBE sont restés fidèles à leur formation politique et déterminés à continuer le combat avec l’alliance. Nous avons aussi constaté au cours de cette tournée que les militants dans leur grande partie ont désapprouvé un certain nombre de comportements venant d’un certain membre de d’alliances. Ils ont souhaité que ces leaders reviennent très rapidement sur leur position de départ pour continuer la lutte aux côtés de notre leader charismatique, Boni Yayi. Nous constatons que malgré tout, les militants sont toujours dans les rangs. Ce qui augure d’un lendemain reluisant pour l’alliance. Nous espérons que le peuple comprenne où se trouvent ses intérêts aujourd’hui. Il espère que l’alliance va bientôt combler ses attentes. C’est ce à quoi, nous allons nous atteler pour que l’alliance devienne l’alternance crédible sur l’échiquier national.
A quand concrètement le congrès des FCBE ?
C’est après la tournée, que nous ferons le bilan. C’est à partir de là qu’on va déterminer la date du congrès. Nous sommes entrain de faire de grandes réformes au niveau de l’alliance. Les projets de réformes sont discutés au sein des structures. Nous devons préciser que ce sont les structures, les coordinations communales d’arrondissement qui sont invitées dans ces tournées d’échanges. Donc que les militants non invités ne soient pas déçus.
Des informations font état de ce que les FCBE seraient à l’origine des intoxications qui agitent l’actualité dans notre pays. Que répondez-vous ?
La machine de l’intoxication n’est pas l’alliance FCBE. C’est de l’autre côté. Les FCBE n’ont même pas des cellules d’intoxication comme nos amis en ont fabriquées. Sauf qu’à leur arrivée, ils ont démoli un certain nombre de cellules qui se retournent contre eux. C’est ce qui se passe. Moi, je n’ai pas le temps de recruter pour cela. Nous sommes dans un pays où on a droit à la liberté d’expression, de pensée et d’opinion. Les intoxications ne sont pas les outils de travail de l’alliance. Même quand il y a des invectives que nous combattons au sein de l’alliance. Donc, je n’en connais pas.
Quelle est votre sentiment à propos des dissidences au sein de l’alliance aujourd’hui ?
Moi, je parlerai de divergences qui sont inhérentes à toute grande organisation. D’abord, il faut savoir la nature de notre alliance. C’est une alliance de partis politiques. Et chaque parti a son idéal politique. Et c’est la résultante de cet idéal qui nous a permis de diriger le pays pendant 10 ans. Aujourd’hui, certains partis politiques peuvent estimer que n’étant plus au pouvoir, ils trouvent leur compte avec le régime en place. C’est leur droit le plus absolu. C’est à eux de notifier leur position actuelle à l’alliance qui prendre acte. Mais dire qu’il y a dissidence, je ne pense pas. Au sein d’une grande formation, il y a toujours des courants. Ils travaillent pour qu’on s’entende sur un minimum. Et tenez-vous tranquille, nous travaillons déjà pour un nouveau projet de société pour notre pays. Et tous ceux qui vont se mettre d’accord sur la nouvelle ligne de politique en cours de définition seront avec nous. Nous sommes toujours ouverts aux entrées.
D’aucuns estiment que les départs observés ne sont pas de même nature ?
Pour ceux qui sont partis, il y a deux considérations à prendre en compte. Certains sont sortis parcequ’ils estiment que l’alliance n’est plus au pouvoir et qu’ils n’ont plus intérêt à rester au sein. D’autres sont partis sur la base d’une petite divergence. Ils ne sont pas partis loin. Ils ont suspendu leur activité au sein de l’alliance. Il y a donc une nuance. Par rapport à un fait précis, ils ne se sont pas retrouvés dans la ligne ou les consignes de l’alliance. Pour cela, ils suspendent leur participation. Si l’alliance reprend langue avec eux avec de nouvelle base de collaboration, ils reviendront, car c’est leur alliance. L’autre chose qu’il faut déplorer est qu’il y a dans notre pays une espèce d’hommes politiques, qui sont des opportunistes invétérés qui ne donnent pas de bonnes leçons d’éthique et de morale à la génération montante. Nous sommes appelés à construire cette nation sur la base des valeurs comme c’est le cas ailleurs.
Si des membres de votre camp sont obligés de soutenir le pouvoir actuel, certains avancent qu’ils se mettraient ainsi à l’abri des représailles liées à des affaires dans lesquelles ils seraient mêlés ?
Non. Tous ceux que je connais moi, n’ont pas peur de répondre de leur gestion. Ils sont prêts. Il y a certains qui peuvent avoir peur des pressions ou des menaces éventuelles. Mais il y en a qui sont prêts à répondre de leurs actes. D’abord, s’il y a vraiment acte, les véritables responsables de la situation actuelle sont au sein de l’actuel gouvernement, à commencer par le Chef lui-même. Je l’ai jamais connu, mais je l’ai toujours vécu dans ma peau parce que étant fils de producteurs. Chaque fois que je faisais de l’épandage d’engrais dans les champs de mon père, on me disait que c’est telle personne qui a livré les engrais. Si l’engrais est de bonne qualité, on dit que c’est telle personne qui l’a livré, même quand c’est de mauvaise qualité, on nous indexe la même personne. Mais jamais je ne l’avais vu. Donc s’il y a un responsable à désigner aujourd’hui, c’est d’abord le chef lui-même. Et ce qui n’est pas bien et qui met à mal l’éthique et l’honnêteté intellectuel, c’est la façon dont on oriente les audits. En réalité, si on devait faire des audits, ils doivent être exhaustifs, et non des audits ciblés comme on le fait actuellement. Et quand on cible, on voit bien qu’on veut mettre certaines personnes à l’abri et exposer d’autres. C’est ce qui fait que la population désapprouve cette manière de faire. Les citoyens regrettent déjà cette pratique. Donc, quand on veut régler un problème, il faut l’attaquer par la souche. Et pour moi, la souche aujourd’hui, c’est ceux qui sont au pouvoir. S’ils viennent répondre les autres aussi en répondront. Je fais confiance en la justice béninoise et je suis sûr que les juges iront plus loin dans la période qui leur a été soumise.
Il y a aussi des militants qui n’étaient pas d’accord avec le choix de l’alliance à la présidentielle 2016. Comment la collaboration se passe actuellement avec eux ?
J’en appelle à leur sens de responsabilité. Ce qui nous arrive est de notre faute à nous tous, que ce soit du leader principal au dernier des leaders, on est tous responsable. Qu’ils sachent que nous sommes là pour la reconquête du pouvoir. Des jours meilleurs s’annoncent pour notre pays. Nous ferons tout afin que les décisions prises au sein de l’alliance reflètent la volonté populaire des militants à la base. Une fois encore, nous saluons les mobilisations dans les localités déjà traversées. Qu’ils sachent que notre objectif est le bien-être de la population. Les élections législatives s’annoncent et le peuple doit, à travers elles, doter les FCBE d’un important nombre de députés afin que la politique actuelle puisse être plus sociable. Je voudrais rassurer les militants FCBE et le peuple que l’alliance n’est pas morte, elle est plus que vivante. On veut leur dire que les responsables de l’alliance travaillent avec de nouvelles réformes en son sein pour la rendre plus militante, démocratique et plus républicaine. Car, nous avons géré le pouvoir avec l’alliance et quand vous êtes au pouvoir, le mode de gouvernance diffère. Aujourd’hui, nous devrons mettre en place les mécanismes qui garantissent la prise de parole. C’est ce que nous faisons actuellement. Ce sont les avant projets des réflexions que nous soumettons à la base.
Propos recueillis par Emmanuel GBETO