Le Bénin disposera, d’ici le 1er janvier 2018, d’une Force unique de sécurité intérieure dénommée « Police républicaine » qui sera une force paramilitaire. Cette force qui sera une fusion de la Gendarmerie nationale et de la Police a été proposée par la Commission chargée de réfléchir sur sa création, et dont le rapport a été transmis au chef de l’Etat, ce mardi 18 juillet au Palais de la Présidence.
Le système bipolaire de la sécurité intérieure dont dispose le Bénin depuis longtemps, arrimé jusque-là à deux ministères et poursuivant les mêmes objectifs, prendra fin à d’ici le 1er janvier 2018 prochain. Il sera créé à cet effet une force unique de sécurité intérieure dénommée « Police républicaine ». Cette force sera la fusion de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. C’est la conclusion du Rapport de la Commission présidée par le général Félix Tissou Hessou, chargée de réfléchir sur la question. Un rapport qui a été transmis au président de la République Patrice Talon, ce mardi 18 juillet au Palais de la Présidence à Cotonou, en présence des membres du Gouvernement, du Haut commandement militaire et des éléments des deux forces appelées à fusionner.
Selon le président de la commission, Felix Tissou Hessou, nonobstant les mêmes objectifs qu’elles poursuivent, la Gendarmerie nationale et la Police nationale qui ont pratiquement les mêmes missions se livrent malheureusement à une compétition indigne et nuisible à tous égards sur le terrain de la compétence en lieu et place de la complémentarité qui devrait régner. Cette concurrence aveugle, mais bien féconde en préjudices, selon lui, a pour corollaires la perversion des comportements et attitudes qui finissent par hypothéquer la même chance d’une synergie d’action.
Une révolution
Face à cette situation, le chef de l’Etat, selon le général Félix Tissou Hessou, a vu juste en pensant cette réforme dans le secteur de la sécurité dans un contexte où le monde est menacé par des actes de terrorisme et des attaques de tout genre. Et, cette réforme, dit-il, s’apparente à une révolution dont la mise en œuvre va bouleverser des comportements.
Pour le président de la commission, la Police républicaine dont le Bénin sera doté bientôt, est une force qui rompt avec le carcan du conservatisme inopérant, pour collaborer avec la communauté pour laquelle elle est créée. Elle doit entretenir une constance osmose avec les populations pour acquérir les qualités d’une police du peuple par le peuple et pour le peuple.
La mise en œuvre de cette force, à en croire le général, se reposera sur trois piliers fondamentaux : d’abord, une loi de programmation et d’orientation ; ensuite la maîtrise de la capacité psychologique de la force pour agir favorablement sur le mental des ressources humaines et enfin la promotion d’un solide esprit républicain.
En faisant une présentation synoptique du rapport, le premier rapporteur de la commission, le colonel Soumaïla Yaya, dira que la sécurité est un enjeu de tout le temps, un enjeu fondamental. Pour lui, la Force unique de sécurité intérieure qui sera créée est une force qui participera au maintien de l’ordre public. Elle est capable de faire face à l’évolution de toutes les phases d’une crise sans l’intervention des Forces armées et sans une nouvelle organisation, et sans faire appel à d’autres forces. L’autre particularité de la nouvelle force est qu’elle est capable d’intervenir sans recours aux Forces armées béninoises. Elle détiendra les capacités de la manœuvre militaire et celle de la police. Pour le colonel Soumaïla Yaya, il s’agit d’une force qui sera déployée dans les théâtres de sécurité à l’extérieur comme ceux de la défense à l’intérieur.
La Commission a retenu pour la Force unique de sécurité intérieure, le statut de paramilitaire. La nouvelle force maintient les attributions de la Police aux armées, exercées précédemment par la Gendarmerie nationale et continue de défendre l’intégrité du territoire national.
Concernant la garde des prisons, la commission suggère au Gouvernement d’accélérer les travaux en cours dans le cadre de la création d’une unité dans ce sens. Mais en attendant, elle demande à ce que la Police républicaine assure cette mission d’une manière transitoire.
La commission de Félix Tissou Hessou propose aussi le maintien de certains gendarmes qui l’acceptent dans les Forces armées béninoises au cas où ces derniers n’accepteraient pas d’aller dans la nouvelle force. Elle a décidé qu’on mette au commandement de cette nouvelle force et des unités subordonnées, des cadres supérieurs issus de la Force unique de sécurité intérieure. Elle a défini aussi les infrastructures à mettre à la disposition de la Force avant d’inviter le Gouvernement à dissoudre, la Gendarmerie nationale et la Police nationale en remettant à la nouvelle force, le patrimoine des deux structures.
Une véritable mutation
En recevant le rapport, le chef de l’Etat, Patrice Talon, a félicité les membres de la commission qu’il a installés le 4 janvier dernier, avant de déclarer que l’ère du policier ou du gendarme posté au bord de la voie est révolue. L’efficacité des forces de sécurité au monde, selon lui, repose désormais sur leur capacité à anticiper sur des risques à travers la collecte des informations.
Pour le président de la République, l’insuffisance des ressources financières du pays amène à utiliser, d’une manière rationnelle, les forces de sécurité. C’est pourquoi, la création de cette nouvelle force selon lui est une véritable mutation que le Bénin est entrain d’opérer. Car, il s’agit d’une synergie des actions entre les uns et les autres. C’est cela le défi important à relever, indique-t-il. Dans cette perspective, le président Patrice Talon compte sur les institutions de la République dont l’accompagnement est indispensable pour la réussite de cette initiative.
Pour ce qui concerne son Gouvernement, le chef de l’Etat estime qu’il ne ménagera aucun effort pour l’atteinte des objectifs qui sont visés en créant cette force.