Si la lutte contre la pauvreté au Bénin exige une offre suffisante et adéquate des services sociaux de base aux populations, le Système d’information territoriale (SIT) reste aujourd’hui un outil indispensable pour corriger la disparité observée dans la fourniture desdits services. Conçu par la Délégation à l’aménagement du territoire (Dat), l’outil n’est malheureusement toujours pas à l’avant-garde des décisions concernant le choix des sites devant abriter les infrastructures sociocommunautaires. Cependant, le SIT a fait du chemin et les résultats restent convaincants….
Le Système d’information territoriale (SIT) a été conçu pour permettre à tous les acteurs du développement territorial à différents niveaux et à différentes échelles de disposer d’une base fiable de production de données et d’informations capables d’aider à la prise de décision notamment en ce qui concerne l’adéquation des infrastructures de base aux besoins des localités. Installé d’abord à titre pilote dans trois communes du Borgou (N’Dali, Parakou et Tchaourou), l’outil sera à fin 2016 disponible dans quatorze (14) communes à savoir Parakou, N’Dali et Tchaourou (Borgou) ; Adja-Ouèrè, IfangniPobè, Kétou, Sakété (Plateau) ; Dassa, Savè, Ouèssè, Glazoué, Savalou, Bantè (Collines). A en croire les responsables de la Dat, les acteurs locaux notamment les responsables de services en charge de la planification et du développement local, ont été formés à son utilisation.
Les avantages du SIT au niveau communal et national…
Le Système d’information territoriale devra permettre entre autres aux communes de disposer d’un dispositif leur permettant une lecture exhaustive et fiable de leur niveau de développement et des dynamiques en cours sur leur territoire ; de disposer d’un véritable outil de planification et la programmation spatiale des équipements, infrastructures et services, et de promouvoir une mise en œuvre et un suivi efficaces du Schéma Directeur d’Aménagement Communal (SDAC) et du Plan de Développement Communal (PDC) ; d’asseoir leur prise de décision sur des données justes et conséquentes, offrant une image réelle du territoire local ; de promouvoir un développement équitable et durable de leur localité. Le SIT permettra aux préfectures et aux Services Déconcentrés de l’Etat d’apporter un meilleur appui aux communes grâce à une évaluation précise du niveau des besoins et de leur localisation.
Au niveau national, le SIT permettra à l’Etat, de disposer d’une base de données nationale dans laquelle les données sont disponibles jusqu’à l’échelle communale ; d’une meilleure lecture des dynamiques et disparités spatiales sur l’ensemble de l’espace national, avec des niveaux d’analyse assez désagrégés ; d’un support d’aide à la décision pour une meilleure cohérence spatiale de l’action du Gouvernement.
En répondant donc à toutes ces vocations, le SIT devient un instrument qui devra permettre aux décideurs à différentes échelles, d’avoir une meilleure connaissance de leur territoire, et de se baser sur cette connaissance pour planifier, programmer et évaluer leurs actions. Ce faisant, le SIT apportera une amélioration substantielle à la gouvernance territoriale à toutes les échelles de notre pays. Mais cependant, le rêve ne se concrétise sans peine…
Le SIT : Pas à l’avant-garde des décisions ! La politique au passage…
Dans la plupart des communes disposant du Système d’information territoire, l’outil n’est toujours pas à l’avant-garde des décisions concernant la mise en place des infrastructures sociocommunautaires. De l’enquête menée sur le terrain, il ressort que l’outil est important mais il n’offre que des données statiques, selon le planificateur de la mairie de Parakou, Fidèle Sinagourigui. De plus, dans la collecte des données géo référencées, l’outil ne permettrait pas de localiser avec toute la précision possible, les infrastructures répertoriées. L’ancienne méthode de collecte des données semble être mieux appropriée pour une meilleure lecture des dynamiques spatiales dans la commune, selon ce dernier. A l’en croire, le SIT joue donc un rôle secondaire dans la prise des décisions en ce qui concerne surtout le choix des localités bénéficiaires des infrastructures sociocommunautaires. Quant au Délégué à l’Aménagement du territoire, Salomon Okiri, il reconnait que l’outil reste certes perfectible mais son animation nécessite une formation continue des administrateurs. A cet effet, il rassure que des efforts se font pour le renforcement des capacités des acteurs locaux. De sources proches de la Délégation à l’aménagement du territoire, il est difficile, voire impossible d’affirmer avec certitude que les conseils communaux disposant du SIT s’en servent effectivement dans la prise de décision. Les intérêts politiques prenant souvent le dessus dans de pareils cas, l’outil semble avoir du chemin à faire. Cependant, selon le Délégué à l’aménagement du territoire, la capitalisation des acquis du Système d’information territoriale montre clairement que des avancées ont été notées.
Quelques acquis du SIT….
Des résultats concrets ont été obtenus et sont résumés dans un document de capitalisation des acquis du Système d’information territoriale. Il faut souligner qu’en définitive, le SIT a contribué à mieux maitriser les données et indicateurs communaux, à les ranger par secteur, à mieux les stocker et à mieux les utiliser pour éclairer les prises des décisions par l’autorité locale. Il permet de produire des documents qui reflètent la réalité de la commune et qui prennent en compte la dimension spatiale. Les rapports sont désormais étayés avec des données localisées et cartographiées. Ceci facilite la production de rapport de suivi de la mise en œuvre du PDC, du PAI, du Budget et de la SCRP. Le SIT permet de mieux étayer la problématique de développement avec des indicateurs bien renseignés. Les besoins des populations et les disparités peuvent être facilement présentés par arrondissement sous forme de tableaux, graphiques et cartes, pour faciliter les analyses et la prise de décision. Il permet d’orienter le conseil communal dans ses délibérations surtout pour le développement harmonieux et équilibré du territoire communal.
Avec la fonction ‘’exporter’’ de la base de données du SIT, il est désormais très facile d’extraire des indicateurs de la base, sous forme de tableaux, de graphiques et de cartes, par arrondissement, pour divers besoins. Ceci réduit considérablement le temps de production et de fourniture de données à divers demandeurs. Le SIT permet de suivre à temps réel la mise en œuvre du PDC et des autres documents de planification. Cela a permis d’ailleurs aux administrateurs du SIT de s’appuyer sur la base de données pour faire une évaluation spatialisée de la mise en œuvre des PDC deuxième génération dans les communes des Collines.
Insuffisances et perspectives de développement du SIT
La faible appropriation de l’outil par les élus locaux ; la faiblesse des ressources nécessaires à l’animation de l’outil (ressources humaines, matérielles et financières) ; la mobilisation difficile des données auprès des services déconcentrés de l’Etat ; la faible insertion de l’outil dans les mécanismes d’arbitrage budgétaire, pour en faire une véritable base de décision. Ce sont là, les principales insuffisances reconnues à l’outil. Ainsi, il se dégage le défi d’une amélioration du fonctionnement du cadre institutionnel en vue d’une meilleure mobilisation des données et informations nécessaires à la mise à jour de l’outil ; d’une meilleure sensibilisation et information des acteurs impliqués dans l’animation et l’utilisation de l’outil ; d’une meilleure articulation de l’outil aux mécanismes de prise de décision à différentes échelles.
Pour faire du SIT, un outil au service du développement équilibré et durable de l’espace national, une forte implication des acteurs du développement territorial s’impose.
Aziz BADAROU
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