La crise qui secoue le Parti social démocrate (Psd), l’un des plus beaux acquis de l’ère du renouveau démocratique, laisse perplexes nombre d’observateurs avertis de la chose politique et ne renseigne nullement sur les motivations des différents protagonistes. Mais, les récents évènements intervenus dans la vie du parti, trahissent bien certaines intentions soigneusement dissimulées sous le sceau de la victimisation, à la recherche d’une main invisible dans le monde des vivants.
Tenez ! Il n’aura fallu que 72 h après le verdict du tribunal de première instance (Tpi) de Cotonou, qui a rétracté le jeudi dernier, son ordonnance portant interdiction au Psd, aile Emmanuel Golou, d’organiser son congrès extraordinaire, pour que les initiateurs tiennent, à la va-vite, ledit congrès le samedi suivant. Qu’est-ce qui presse si tant, surtout quand l’on est auréolé d’une décision de justice ? Pendant ce temps, le camp du président par intérim du parti, reconnu par le ministère de l’intérieur, Clément Ebo, ne projette tenir les mêmes assises que courant le mois d’août prochain.
En effet, dès lors que le juge du tribunal de première instance de Cotonou s’est déclaré incompétent pour ce qui est de statuer sur le second objet de sa saisine à savoir, dire qui de Golou, Amoussou ou Ebo est président légitime du Psd, toutes les parties en conflit sont libres d’organiser leur congrès.
Cet empressement de Emmanuel Golou, qui n’a ni l’aval de la justice pour agir en tant que président légitime du Psd, ni celui du ministère de l’intérieur, qui est allé plus loin pour reconnaitre la légitimité de Clément Ebo, pour assurer l’intérim de la présidence du parti jusqu’au prochain congrès, éveille bien de curiosités. Car, à travers cet acte, Golou vient d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui, à tort ou à raison, ont déclaré que l’homme serait à la quête du titre de Président du Psd, pour rempiler à la tête de l’internationale socialiste. Au pays des opportunistes, la fin justifierait, sans doute, les moyens.
Pourtant, mis en minorité par les membres du bureau exécutif national, Emmanuel Golou aurait pu faire profil bas, nettoyer sa maison, avant de nourrir de nouvelles ambitions à l’international. Mais, foncer tête baissée et en laissant sur le quai, la plupart des leaders de cette formation politique, peut ne pas être bénéfique pour celui qui revendique, à son corps défendant, l’héritage de Bruno Amoussou. Alors, au stade actuel des choses, sur la base de quelle légitimité Golou se portera-t-il candidat à la tête de l’internationale socialiste ? La question mérite d’être posée. Et, il est fort à parier que des arguments solides, il serait quasi-impossible que Golou lui-même en trouve.
Arnaud DOUMANHOUN