C’est à Abomey, la cité historique du Bénin, que sera érigé dans les mois à venir le premier Centre Culturel de Rencontre International d’Afrique Noire. C’est ce que prévoit le protocole d’accord tripartite signé entre l’Association internationale des maires francophones (Aimf), l’Association des centres culturels de rencontres de Paris et la ville d’Abomey, le 28 mai dernier. Un projet porté par Janvier Nougloï qui explique dans cette interview accordée à Bénincultures les tenants et aboutissants de l’initiative.
www.benincultures.com : L’Association internationale des maires francophones, l’Association des centres culturels de rencontre Paris et la mairie d’Abomey se mettent ensemble pour la construction, l’équipement et la mise en service du premier Centre Culturel de Rencontre International d’Afrique Noire. De quoi s’agit-il concrètement ?
Janvier Nougloï : Il est question de créer un lieu de dimension régionale, nationale et internationale qui remplira différentes missions : faciliter la recherche historique, sa restitution et son partage avec les publics, proposer un travail pédagogique et éducatif, permettre une approche différente et sensible de l‘histoire grâce à l’art. Il s’agit aussi d’un lieu de création et de diffusion de produits culturels qui fait écho aux enjeux contemporains et de la diversité, et de l’accès aux nouvelles technologies. Le projet s’inscrit dans une démarche dont la ligne artistique est essentiellement articulée autour de l’exposition, de l’écriture et du tourisme, de la transmission.
Pourquoi Abomey alors que vous avez démarré l’expérience de centre culturel de rencontre à Parakou ?
L’histoire a légué à la commune d’Abomey un immense patrimoine historique constitué de sites, de places et de marchés. La majorité de ces sites et places « dits témoins de l’histoire » sont localisés sur le territoire administratif de la Commune d’Abomey (capitale de l’ancien Royaume du Danxomè), ceci semble d’ailleurs justifier le titre de Capitale Historique de la République du Bénin que porte cette Commune d’Abomey. Malheureusement ce fort potentiel touristique de la Commune d’Abomey est très peu valorisé de sorte qu’il attire très peu de touristes.
Aussi les palais royaux, sont confrontés aujourd’hui à des difficultés qui nécessitent un coup d’arrêt. Voilà les raisons qui motivent le présent projet qui ambitionne de restaurer l’un des palais, tout en envisageant la construction raisonnée et respectueuse de nouveaux bâtiments pour des fonctionnalités contemporaines afin que l’ensemble du site serve de cadre à des projets artistiques pluridisciplinaires (Résidences, lectures, musique, expositions, théâtre…). Cette réappropriation du lieu offre l’opportunité d’allier sauvegarde du patrimoine et développement culturel afin de l’insérer dans de nouveaux projets et réflexions en lien avec la culture. Elle prend en compte la dimension touristique et plus largement le développement du territoire.
Quelle est votre implication dans la conduite de ce projet ?
Je suis l’initiateur du projet et je serai sans doute le responsable de ce premier Centre Culturel de Rencontre International d’Afrique subsaharienne.
Le projet s’articule autour de deux dimensions : la valorisation du site patrimonial et le développement d’un projet artistique et culturel destiné à soutenir la jeune création. Expliquez-nous ?
L’objectif ici est de créer une symbiose entre un site patrimonial remarquable ayant perdu sa fonction originelle et un projet artistique novateur qui lui en crée une nouvelle et répond à des enjeux de société, contribuant ainsi à la sauvegarde du patrimoine et à l’enracinement du développement culturel.
Le projet est financé à 80% par l’AIMF. Quelles sont les dispositions prises pour sa pérennisation dans l’hypothèse où leur financement s’arrête ?
Le CCRI d’Abomey dispose d’une gouvernance qui regroupe des personnes publiques : l’Etat Béninois, la mairie d’Abomey, l’ACCR, l’AIMF et des personnalités qualifiées, qui travailleront ensemble pour la survie de CCRI.
Il y a quelques années, vous vous plaigniez de difficultés pour gérer le centre de rencontre implanté à Parakou. Que va-t-il devenir ?
Je veux bien le céder à un opérateur culturel de la ville de Parakou si j’en trouve un. Mais je ne peux pas me permettre de vendre le matériel acquis dans le cadre des activités du centre ancrage puisqu’il s’agit de l’argent public.
Source : Benincultures.com