Un discours politique empreint de réalisme. On aurait cru entendre un académicien de l’époque contemporaine dont la vision futuriste est amplement partagée et saluée par ses pairs. Nicolas Boileau dira sans doute que : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Aurélien Agbénonci, ministre des affaires étrangères et de la coopération a fait bonne impression devant le professeur Albert Téovèdjrè, le président nigérian, Olusegun Obasanjo, le corps consulaire et diplomatique et autres personnalités conviées hier, à cette cérémonie de présentation de l’ouvrage ‘’L’Afrique en Marche’’, à Azalaï hôtel de Cotonou.
Pris au dépourvu, pour exposer en quelques lignes les options de la gouvernance Talon, pour faire face aux défis de développement auxquels l’Afrique en général doit répondre, et le Bénin en particulier dans le concert des Nations, le chef de la diplomatie béninoise n’a pas bégayé. « Nous avons décidé de consolider la démocratie et la bonne gouvernance, d’engager la transformation structurelle de notre économie et d’améliorer les conditions de vie des populations… », a déclaré Aurelien Agbénonci, qui dans un argumentaire structuré, va démontrer que le régime du Nouveau Départ prend la mesure de l’enjeu et s’attelle à la tâche en s’appuyant sur 3 leviers.
La rupture pour un Bénin en Marche
Il rejoint le président Obasanjo, coauteur de l’œuvre, sur le fait que face aux enjeux de développement, ‘’le plus dur pour les gouvernants est d’opérer un choix, afin de faire des défis d’hier, la réussite d’aujourd’hui’’, mais il apporte la nuance, que le plus difficile est la mise en œuvre de ces choix qui imposent des sacrifices, exigent un sens du devoir et l’amour pour la patrie. « Comment est-ce que nous changeons les habitudes, faisons violence sur nous-mêmes pour répondre aux besoins de la majorité ? Lorsque nous parlons de rupture, c’est qu’il faut une cassure. Une remise en cause. C’est 57 ans après de notre indépendance, que nous avons besoin qu’on nous prête de l’argent pour donner de l’eau à nos populations. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Il y a des leviers qui ne marchent plus. Le Bénin doit se révéler au monde, mais pas un Bénin qui tend la main… ». Ces quelques mots du ministre des affaires étrangères ont suscité assez d’émotions, et lui ont valu un tonnerre d’applaudissements. L’ex-médiateur de la République, le professeur Albert Tévoèdjè n’a d’ailleurs pas pu contenir sa joie. Il félicite son compatriote qu’il gratifie d’un sourire assez expressif et énonce une anecdote : « je crois que Lazare aurait pu s’exprimer aussi couramment en Allemand, mais ce n’est pas ta chance ». La salle éclate de rire. En effet, le ministre Aurelien Agbénonci a tenu son discours dans les deux dialectes recommandés pour la circonstance, le français et l’anglais, et en présence de son homologue du commerce et de l’industrie, Lazare Sèhouéto.
Du discours à la volonté politique
Si l’ouvrage de Olusegun Obasanjo a le mérite de relever les défis auxquels l’Afrique doit faire face les prochaines années, et propose des outils pour son relèvement économique, le Bénin peut d’ores et déjà se targuer d’avoir à sa tête, des hommes avertis et préparés pour la mission. La politique du régime du Nouveau départ engagé depuis le 6 avril 2016 dans une transformation structurelle de l’économie, une rupture avec les pratiques qui ont constitué jusqu’ici un frein au développement, cadre bien avec la vision de ce projectiviste.
Il a fallu Patrice Talon pour voir le Bénin décrocher un accord de prêt de 50 milliards avec la Chine, afin de garantir l’accès à l’eau potable à tous les Béninois. Il aura fallu aussi Patrice Talon pour venir à bout du délestage, et faire une projection pour une indépendance énergétique du Bénin d’ici 2021. Grâce au régime du Nouveau Départ, le trésor public n’injecte plus des milliards en guise de subventions dans un secteur cotonnier moribond, mais la filière se porte à merveille avec une production record de 451.209 tonnes au titre de la campagne 2016-2017.
De nombreux projets d’infrastructures sont au cœur du Programme d’actions du gouvernement (Pag) avec plusieurs financements bouclés. Et la liste n’est pas exhaustive. En moins de deux ans, beaucoup de goulots d’étranglement ont été levés dans tous les secteurs de la vie socio-économique. Que dire de la lutte contre l’impunité ? Sur ce volet, la présidente Suisse a d’ailleurs, au cours de son récent séjour au Bénin félicité le gouvernement. Certes, la gouvernance est une continuité, même il faut des réformes courageuses et des hommes audacieux à la tête de nos Etats pour opérer le miracle. Pour le développement de l’Afrique, Olusegun Obasanjo et Patrice Talon sont dans la même vision.
Arnaud DOUMANHOUN