Des légèretés administratives à donner la chair de poule ! Un préjudice énorme aux populations de Djougou et à un entrepreneur qui ne peut passer sous silence. Dans le dossier Africa Agro Industrie Sa, la faute n’est forcément pas orpheline, et les ministres Lazare Sèhouéto et Abdoulaye Bio Tchané devraient, pour éclairer l’opinion, donner leur part de vérité. Mais avant, rappelons que tout est parti des formalités pour l’autorisation d’implantation d’une usine d’égrenage de coton graine à Sérou dans la commune de Djougou.
Justement, le 19 décembre 2016, la demande d’agrément au régime de la Zone franche industrielle déposée par Moustapha Ganiyou pour le compte de la Société Africa Agro Industrie Sa est sanctionnée par la délivrance d’un récépissé de conformité. Le 13 avril 2017, l’autorisation d’installation industrielle tombe. Au préalable donc, il y a eu conformité des demandes aux prescriptions de l’article 36 du décret N° 2003-400 du 13 octobre 2003 portant organisation et fonctionnement de la Zone franche industrielle en République du Bénin. Ensuite, obligation a été faite à la Société de se conformer à la législation en vigueur, notamment à l’ordonnance N° 75-82 du 15 décembre 1975 portant soumission des entreprises industrielles en régime de « droit commun ».
Pourtant, rien n’y fit. Au contraire, rétropédalage et justifications tirées par les cheveux. Coup sur coup, en Mai 2017, le récépissé de conformité relatif à l’agrément au régime de la zone franche industrielle à la société Africa Agro Industrie SA a été annulé. Au motif que les dispositions légales et réglementaires en vigueur au Bénin seraient violées et que l’activité serait régie par un ensemble de dispositions dont l’accord-cadre signé par l’Etat et l’Association interprofessionnelle de Coton depuis le 7 janvier 2009, il en sera de même de l’autorisation d’installation industrielle.
Sauf que je tombe des nues quand j’apprends qu’entre Avril et Mai, le ministre Sèhouéto s’est rendu compte qu’un accord dispose que l’autorisation de l’augmentation de la capacité nationale d’égrenage du coton graine par l’installation de nouvelles usines d’égrenage ou par l’extension de la capacité des usines existantes, est de la responsabilité conjointe de l’Etat et de l’Aic. Ceci, en fonction du niveau de la production nationale de coton graine. Jugez-en vous-mêmes !
Loin de nous l’idée de condamner pour condamner. Mais, des comptes et des arguments plus convaincants, les chômeurs de la commune de Djougou en demandent à Sèhouéto et Abt. Dans un contexte de précarité d’emploi, une usine, c’est une aubaine. Pas besoin de démontrer que ce sont des emplois et des activités commerciales à gagner. De plus, il faut construire et investir pour l’avenir. Et puisque le niveau de production actuel justifie mal qu’on mette entre parenthèses le développement d’une localité, il est encore temps d’éviter que le doux rêve d’une usine d’égrenage à Djougou ne tourne au cauchemar.
L’heure est grave. Qu’arrive-t-il à l’investissement, surtout industriel au Bénin ? En tout cas, à décourager, pour de petits détails, de telles initiatives, demain n’est pas la veille du ‘‘Bénin Révélé’’. Alors, Gouvernement de la Rupture, rassurez les populations de Djougou, et la main sur le cœur, jurez-nous qu’un péché aussi grave ne se commettra pas !
Angelo DOSSOUMOU