Tout livre appartient d’abord à son époque. « Négritude et négrologues » a été écrit dans l’élan du Festival panafricain d’Alger de 1969, et du souffle de contestation qui s’en était répandu sur tout le continent africain. Dans notre série « L'actualité des classiques ».
Il est publié en France en 1972, durant ce qui était encore la guerre froide. Le monde était bipolaire (terme qui n’était pas encore psychiatrique), et dans beaucoup d’esprits la révolution n’était pas qu’une idée, c’était aussi un projet. Stanislas Adotevi défendait à la fois l’idée et le projet. Né en 1934, ce Béninois a étudié en France dans les années 1950. D’abord la philosophie, avec Althusser, puis l’anthropologie, jusqu’à un doctorat sur l’impact du système colonial sur le développement de l’Afrique.
L’oreille de Sankara
Dans les années 1960, il est ministre de l’Information puis de la Culture au Bénin. Dans les années 1970, il fait carrière en France à l’université et dans l’édition. À l’époque de sa publication, Négritude et négrologues rencontre un écho parmi les intelligentsias d’Afrique de l’Ouest. Cela vaudra à son auteur d’avoir l’oreille d’un Sankara, qui y trouve une inspiration pour sa révolution burkinabè, qu’il souhaitait africaine plutôt que livrée clés en main.
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