L’affaire relative à la suspension de Lehady Soglo pour faute lourde à la tête de la municipalité de Cotonou, vient de connaitre un rebondissement. Après la sortie du Ministre Djogbénou pour éclairer la lanterne sur les faits reprochés à l’ancien maire, notamment sur l’incinération hors délai légal des souches de ticket, effaçant ainsi les traces de certaines opérations irrégulières jusqu’en 2013, c’est l’ancien propriétaire de l’hôtel de ville, Nicéphore Dieudonné Soglo qui est monté au créneau. Sur les plateaux de la chaine de télévision « Canal 3 Bénin », le lundi 31 juillet 2017, l’ancien maire Nicéphore Dieudonné Soglo dénonce cette allégation contenue dans les 10 chefs d’accusation contre le Maire suspendu. La période 2013-2014 indexée dans ce point du questionnaire, concerne sa gestion à la tête de la municipalité de Cotonou où il est resté en qualité de maire jusqu’en 2015 avant de céder la place à son successeur. « Cette déclaration calomnieuse s’adresse, en fait, à ma gestion car j’étais Maire de Cotonou jusqu’en 2015 et on veut tromper le peuple ».
Voici sa déclaration
Béninois, Béninoises, Chers Compatriotes,
À mon retour de Côte d’Ivoire où j’ai coparrainé à Kanga-Nianzé le lancement de la «Route de l’Esclave», je suis tombé dans une nouvelle campagne de remise en cause des acquis démocratiques de notre Conférence Nationale de février 1990.
Car depuis l’avènement du nouveau régime, une véritable chasse aux sorcières est livrée aux communes dans le dessein de détruire les fondements de notre démocratie et singulièrement de notre démocratie locale. Comment comprendre autrement l’acharnement contre les maires de Parakou, d’Allada, de Djidja, de Ouidah, de Porto-Novo et maintenant celui de Cotonou. TALON met ses pas dans les pas de Mathieu KEREKOU. Et c’est un «un nouveau coup de force contre la démocratie locale».
Le Maire de Cotonou a subi pas moins de quatre audits en un an. On a même déplacé à grand frais, la société Deloite, surtout après l’échec retentissant de la révision constitutionnelle conduite sous la supervision de l’extraordinaire Professeur Agrégé Garde des Sceaux Joseph DJOGBENOU. Ce dernier n’a pourtant pas réagi dans l’affaire du non-lieu du détournement des Trois milliards, du don hollandais pour l’eau potable. Le voilà qui s’illustre à nouveau dans des explications pitoyables dans la tentative d’enlèvement du Maire de Cotonou.
Tout inspecteur des finances envoie un questionnaire à la fin de ses investigations et donne un délai raisonnable pour la réponse. On est surpris, pour ne pas dire plus, quand on lit dans les dix chefs d’accusations contre le Maire de Cotonou et pour justifier la descente à son domicile, on indique qu’il a autorisé la destruction et l’incinération des valeurs inactives non placées effaçant ainsi, les traces de certaines opérations irrégulières jusqu’en 2013 alors que la durée minimale des archives dans l’administration publique au Bénin est de dix ans». Cette déclaration calomnieuse s’adresse en fait à ma gestion. Car j’étais Maire de Cotonou jusqu’en 2015 et l’on veut tromper le peuple.
Qu’appelle-t-on valeurs inactives?
Ce sont tout simplement des valeurs autres que du numéraire. Il existe à la date d’aujourd’hui, trois catégories de valeurs inactives :
1. La catégorie des timbres de légalisation des actes administratifs,
des dépôts de signatures etc. …
2. La catégorie des tickets: droit de stationnement, droits de places
dans les marchés etc. …
3. La catégorie des imprimés: attestation ou certificat de résidence,
convention de vente de terrain, certificat de vie et de charge etc. …
Peut-on croire que ce grand avocat ignore que loi n°97-28 du 15 janvier 1999 Portant Organisation de l’Administration Territoriale de la République du Bénin dispose en son article 28 que la commune a un budget autonome. Le budget de la commune est voté par le conseil communal. Le Maire est l’ordonnateur du budget communal et que l’article 29 précise que le comptable de la commune est un comptable du Trésor nommé par le Ministre Chargé des Finances. Le comptable de la commune tient la comptabilité de la commune conformément à la législation en vigueur.
C’est donc le receveur percepteur de la commune qui adresse au Maire ordonnateur une demande d’incinération des stocks non utilisés des valeurs inactives et des souches des tickets non utilisés des années antérieures.
La haine, l’ingratitude, l’injustice sont mauvaises conseillères et notre pays n’est pas contrairement à ce que l’on pense, un désert de compétences. Alors, il ne faut pas prendre notre population pour des demeurés mentaux car l’analphabète n’est pas bête à ce que l’on croit.
Tout cela montre l’acharnement, l’illégalité, la précipitation dans des opérations dans lesquelles je craignais qu’on ne dépose de la cocaïne dans les effets de mon fils. Car des chars avaient bouclé la zone et il ne manquait que des hélicoptères de combat. Il est dangereux et irresponsable de jouer avec le feu et la vie de nos concitoyens.
L’urgence aujourd’hui pour notre pays, c’est d’abord la paix, et je ne cesserai de le dire, c’est de remettre un pays exsangue au travail sur le plan agricole avant tout, pour éradiquer la misère et le chômage. Mais privilégier le remboursement de la dette extérieure sur celui de la dette intérieure, privatiser à tout va, démanteler les administrations, transformer de façon brutale les structures du pays, appliquer la «thérapie de choc» à la THATCHER, ou à la REAGAN sans mesure d’accompagnement et sans dimension sociale de l’ajustement nous mène tout droit à l’explosion.
Je vous remercie.
Cotonou le 31 juillet 2017.