Léhady Soglo n’est plus le Maire de Cotonou. Le Conseil des ministres d’hier 02 août 2017 a accéléré son départ de la présidence du Conseil municipal de la plus grande ville du Bénin. Un acte qui vient corroborer la thèse de l’acharnement contre cet opposant au régime de la Rupture.
Le passage de Léhady Soglo à la tête de la Mairie de Cotonou relève de l’histoire. Il n’a pu finir le mandat quinquennal entamé en juillet 2015. De sources officielles, Léhady Soglo a été révoqué par le Conseil des ministres d’hier. Apparemment, le gouvernement de Patrice Talon s’est empressé de prendre une décision aussi grave. Le désormais ancien Maire n’a été suspendu que le 28 juillet 2017. Cinq (05) jours après seulement, le Conseil des ministres le révoque. Or la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin donne au gouvernement un délai de près de deux mois pour se décider. L’article 56 souligne en effet que « … La suspension ne peut excéder deux mois. Passé ce délai, le maire ou l'adjoint suspendu est rétabli d'office dans ses fonctions ». C’est dans ce délai que l’acte de révocation précisé par l’article 54 de la même loi, est pris. Le gouvernement a, lui, choisi d’aller très vite. Même si la révocation est légale, on note une certaine précipitation dans la démarche du gouvernement. Il y a comme une volonté prononcée de se débarrasser d’un adversaire politique gênant. En refusant de faire allégeance à Patrice Talon, LéhadySoglo s’est mis à dos tout le régime de la Rupture. Le Préfet du Littoral, Modeste Toboula a rendu son mandat infernal. Pour défaire cet opposant, Patrice Talon et son gouvernement n’ont pas hésité à utiliser toutes les armes offertes par la loi. Ils ont d’abord exploré sans succès la voie de la destitution. Ensuite, la voie de la révocation a été envisagée. Elle était la voie devant faciliter une décision qu’on peut qualifier d’opportuniste. Patrice Talon a en effet frappé suite à une séance d’audition à polémique (Lire Audition et suspension du Maire LéhadySoglo : Des Conseillers dénoncent la violation des textes par Toboula, dans le n°752 de Matin Libre). Certains observateurs ne cachent pas leur déception. Pour eux, la révocation prévue par la loi et utilisée pour la première fois depuis le processus de décentralisation, a été instrumentalisée. Ils soutiennent que LéhadySoglo devrait saisir la juridiction administrative pour excès de pouvoir conformément à l’article 58 de la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin. A entendre ces spécialistes de la décentralisation, la suspension et la révocation du Maire de Cotonou ont été expéditives et devraient être sanctionnées pour ne pas constituer un dangereux précédent au Bénin. Dans le camp du Maire révoqué, rien n’est encore décidé. En attendant un recours de LéhadySoglo devant la Cour suprême, le prochain Maire de Cotonou pourrait être connu dans un délai de quinze jours même si depuis lundi 31 juillet, c’est le premier adjoint au maire, Isidore Gnonlonfoun, installé maire intérimaire par le préfet qui gère les affaires courantes.
Mike MAHOUNA