Auteur de 14 buts en Ligue 1 avec Montpellier en 2016/17, Steve Mounié a pris le large et a répondu favorablement à l’offre de Huddersfield Town, promu en Premier League. L’attaquant béninois raconte ses premiers pas outre-Manche. Et assure qu’il est prêt au défi.
Vous voilà joueur de Huddersfield Town depuis le 5 juillet dernier. Comment se sont déroulées vos premières heures avec votre nouveau club ?
C‘est la découverte d’un nouveau pays, le début d’une nouvelle aventure. Une langue différente à apprendre, et un peu d’adaptation à avoir comme par exemple au niveau du climat, de la nourriture. Ensuite, question entraînement, les séances se font beaucoup avec ballon. Même le travail d’endurance, on le fait avec le ballon. C’est légèrement différent que ce que j’ai pu voir en France. Ils insistent aussi beaucoup sur la prévention des blessures.
La nourriture, le climat, c’est pas trop dur ?
(Il sourit.) Il y a certains trucs un peu marrants. Par exemple, à la collation, on mange des pâtes, du poulet, de l’omelette. En France, généralement, ce sont plutôt des choses sucrées. Il faut s’adapter ! Le matin, tu as des œufs avec des beans… À l’anglaise ! Le climat ? C’est sûr que Montpellier et Huddersfield (Ndlr : à 305 kilomètres au nord de Londres, entre Leeds et Manchester), ce n’est pas vraiment la même situation. Mais depuis que je suis arrivé (Ndlr : jeudi 6, notre interview a été réalisée le jeudi 13), j’ai eu cinq jours de soleil. Donc ça va. Il ne fait pas 35 degrés comme à Montpellier mais c’est agréable. Le temps ne pèse donc pas sur mon moral pour le moment.
Rendez-vous en hiver alors…
Oui ! Même si je pense que ça va changer dès septembre.
Revenons rapidement sur votre très belle saison 2016/17, la première complète en Ligue 1 et la première dans la peau d’un titulaire. Avec 14 buts et 2 passes décisives, était-ce une saison inespérée ?
Pas du tout. En commençant la saison, lors du stage de préparation, Frédéric Hantz nous avait demandé de noter sur un petit papier le nombre de buts qu’on souhaitait marquer. J’avais inscrit 12. Dès le début de la saison, je savais que j’étais capable de le faire. Je n’ai pas été surpris par mes capacités à pouvoir marquer en Ligue 1. Ma saison avec Nîmes, en Ligue 2, avait déjà gonflé ma confiance. À Montpellier, je m’attendais à avoir un temps d’adaptation bien sûr, mais je savais que je pouvais scorer.
Si on fait une rétrospective de ces dernières semaines, comment s’est déroulé ce transfert ? Vous vous y attendiez ?
Pas forcément. Je me trouvais au Bénin, en sélection, lorsque j’ai appris l’intérêt de Huddersfield. Au début, je ne connaissais pas du tout le club. Je me suis renseigné sur le coach, l’équipe, sa manière de jouer. Le projet, au contraire du climat, m’a plu dans son ensemble (il sourit). Je me suis dit que je pouvais m’inscrire dedans : être un promu avec le challenge de prouver qu’on n’est pas là pour rigoler.
Un départ était inéluctable pour vous cet été ?
J’attendais de voir si j’avais des offres, sans me prendre la tête plus que ça. Rester une saison de plus à Montpellier m’allait très bien également. Il s’est avéré que l’offre de Huddersfield était très intéressante pour moi au regard de mon style de jeu et pour ma progression personnelle. Découvrir un nouveau pays, parler une nouvelle langue, dans ma vie personnelle, c’est une expérience enrichissante. Ça faisait huit ans que j’étais à Montpellier, donc changer d’air ne pouvait pas me faire de mal.
Quelle a été votre réaction quand on vous a annoncé qu’un club de Premier League souhaitait vous recruter ?
Je n’ai pas eu de réaction particulière. Je m’y attendais au regard de ma saison dernière. Après, c’est vrai que je ne pensais pas que les offres arriveraient si tôt. J’en suis très content.
Y avait-il d’autres offres ?
Avant Huddersfield, non, aucune autre proposition de Premier League. Ce n’est qu’après ma signature que j’ai eu d’autres sollicitations. Mais c’était trop tard.
Votre bizutage en chanson, c’est déjà fait ?
Non, pas encore. Cela se passera sûrement lors du prochain stage en Autriche.
Et vous allez chanter quoi ?
Je chante toujours « Juicy » de Notorious B.I.G. Je chante anglais, c’est déjà pas mal. Je ne parle pas très bien la langue, mais je commence à comprendre la majeure partie de ce qu’on me dit. Ce n’est pas encore parfait.
Vous étiez bon en anglais à l’école ?
J’ai toujours été un élève très studieux. Bon, l’anglais n’était pas ma langue favorite, je préférais plutôt l’espagnol, que j’avais commencé assez tôt au collège. Mais le fait d’avoir passé plusieurs vacances dans des pays anglophones comme la Barbade ou les États-Unis, m’a fait progresser. En arrivant en Angleterre, je n’étais pas complètement perdu.
Jouer en Angleterre, c’était un rêve de gosse ?
C’était davantage un objectif que je me suis toujours mis en tête. Aujourd’hui, j’y suis, je peux donc cocher la case « objectif atteint ».
La Premier League, ça vous fait tout de suite penser à quoi ? Aux stades mythiques ? Aux stars ?
C’est le Championnat le plus relevé et le plus compétitif au monde. Il n’y a que des internationaux, que des grandes équipes, que des stades pleins. Il n’y a rien de plus excitant que d’évoluer là où jouent les meilleurs. J’ai hâte de commencer.
Y a-t-il un stade plus qu’un autre que vous avez envie de découvrir ?
Il y en a plein ! Je suis déjà passé devant l’Etihad Stadium (Man City) qui a l’air magnifique. L’Emirates Stadium (Arsenal), Stamford Bridge (Chelsea), pfiou… Tous les stades sont magnifiques ! En fait, j’ai plutôt hâte de jouer pour la première fois à domicile pour apprécier l’ambiance qu’il peut y avoir. En deux jours, 20 000 abonnements se sont vendus ici !
C’est aussi ça qui vous a motivé…
Faire perdurer ce club en Premier League est un vrai challenge. Tout le monde ne s’attend pas à ce qu’on reste. C’était la même chose pour Leicester. Quand ils sont montés, personne n’imaginait qu’ils allaient devenir champions. J’espère qu’on sera le nouveau Leicester.
Vous avez été acheté 13 millions d’euros. C’est quelque chose qui peut vous mettre la pression ?
Non, ce n’est pas vraiment une forme de pression, mais je sais que je suis le record du club au niveau des transferts et qu’il y a beaucoup d’attentes. Je donnerai tout ! Je ne vais rien inventer parce que je suis le joueur le plus cher. Maintenant, c’est le travail, l’adaptation à un Championnat très physique. Je ne pense pas que je serai véritablement prêt dès le premier match. Mais avec le travail, je vais m’accrocher.
Y a-t-il un secteur où vous vous êtes dit que vous alliez devoir insister dessus pour vous mettre au niveau exigé ?
Je ne me sens pas en-dessous du niveau. Mais je sens que la dimension physique est différente, c’est vrai. L’arbitre siffle rarement, c’est d’ailleurs pour ça que c’est si intense. Il faut prendre le rythme.
Que répondez-vous aux gens qui vous voient partir en Angleterre après une saison en Ligue 1 et qui estiment que vous allez faire comme les Thauvin ou Cabella, à savoir vite revenir en France ?
Sans critiquer les qualités de Thauvin ou Cabella, je n’ai déjà rien à voir avec ce type de joueurs. Je n’ai pas le même gabarit, pas le même style de jeu. Eux sont plus des joueurs techniques. Et, ensuite, pourquoi moi je ne réussirais pas? Chacun a une capacité d’adaptation différente. On en reparlera en fin de saison, pour évoquer la difficulté de la chose. Je n’ai pas peur de ça.
Rendez-vous le 12 août pour la première journée face à Crystal Palace, avant votre première à domicile devant Newcastle…
Les premiers matches sont primordiaux. Ce ne sera pas face au top 5, mais c’est dans ces moments-là qu’on se doit de prendre le maximum de points.
Pour terminer, en tant que joueur formé à Montpellier, le décès de Louis Nicollin a forcément dû vous toucher…
Quand je l’ai appris, j’étais en Angleterre pour ma visite médicale. Ça m’a fait un choc. Même si je ne le voyais pas énormément au centre de formation, on savait qu’il était présent, on sentait sa présence. C’est lui qui a construit ce club, et sans lui, je ne serai pas là où je suis. Louis Nicollin, quand on le voyait, on se disait qu’il était immortel, qu’il serait toujours là. Même là, en parlant, j’ai l’impression qu’il est toujours là. Je représente encore toutes mes condoléances à sa famille.»
Entretien réalisé avec la collaboration de Timothé Crépin