Le président a lancé un appel à la confiance et à la mobilisation des énergies pour un avenir radieux, à la veille de la fête de l’indépendance. Dans un contexte où nombre de citoyens ont faim et attendent toujours de toucher du doigt la réalisation des promesses faites par le Gouvernement, cette adresse sonne comme une exhortation à la patience.
Le chef de l’Etat, Patrice Talon, a appelé « à la mobilisation de toutes les énergies, à la confiance en l’avenir radieux de notre pays, et à la foi en notre capacité à réussir ensemble ». Pour lui, ce sont les ressorts indispensables à la réussite de la noble mission à lui confiée depuis avril 2016 par le peuple béninois.
L’appel du président de la République sonne comme un cri de ralliement à la cause nationale, dans un contexte de diversion face aux préoccupations essentielles. C’est aussi la preuve que le chef de l’Etat est conscient de l’impatience de ses compatriotes qui attendent de voir se réaliser les rêves annoncés à grand renfort de publicités à travers les exposés sur l’ambitieux Programme d’action du Gouvernement (Pag 2016-2021).
Déjà un an et demi que le train du Nouveau départ est mis en branle, mais les résultats peinent à se concrétiser, si ce n’est la relance effective du programme de microcrédit aux plus pauvres-nouvelle génération, l’annonce de la reprise des cantines scolaires, le lancement de certains chantiers de construction d’infrastructures routières et autres qui réjouissent certaines couches sociales. A présent, le Gouvernement qui s’est attelé beaucoup plus aux réformes, depuis son installation, a maintenant l’obligation de passer à la phase pratique, après l’étape de la finalisation de la conception de plusieurs chantiers de développement. L’assurance est venue du président Patrice Talon lui-même lorsqu’il laisse entendre : « Ces projets, dont la viabilité et la pérennité sont assurées, sont sur le point de voir le jour dans le cadre d’un aménagement équilibré du territoire national ». Il cite, entre autres, le renforcement de la sécurité dans les villes, les campagnes et sur les axes routiers, la fourniture et de la distribution de l’eau et de l’énergie électrique, la mise en place d’un nouveau système de santé pouvant garantir des soins de qualité, un nouveau mécanisme de protection sociale surtout en faveur des populations vulnérables, la modernisation de la gestion des déchets dans l’agglomération du Grand Nokoué, le développement agricole et de l’amélioration des revenus des producteurs agricoles. Le président a également évoqué le lancement de la Cité internationale de l’innovation et du savoir (Ciis) à Sémè-Podji, la promotion immobilière, la finalisation des projets touristiques sur les sites prioritaires à Abomey, Allada, Ouidah, Porto-Novo et Nikki, le nouveau mode de gestion sécurisée des parcs nationaux, l’assainissement des plans d’eau et de la réinvention de la Cité fluvio-lacustre de Ganvié, l’instauration de la meilleure gouvernance dans tous les secteurs et de la lutte contre l’impunité.
Peu de personnes savent de quoi retournent ces projets aux dénominations séduisantes. Et au regard de l’immensité de la tâche, les moins sceptiques se demandent si le Gouvernement disposera des moyens nécessaires pour les réaliser dans le temps.
L’autre chose est de savoir si les citoyens sont vraiment disposés à accompagner l’Exécutif dans les réformes engagées, surtout que certaines, quoique salutaires, donnent lieu à des grincements de dents. Le prix à payer pour parvenir à changer en profondeur le quotidien des Béninois est « dans l’organisation efficiente de notre administration publique, dans la rigueur qui accompagne l’action et dans la lutte quotidienne contre toutes les formes de déviance, qui ternissent l’image de notre pays », préconise le président Patrice Talon. C’est en cela que l’adhésion de tous aux réformes paraît indispensable comme « la clé » de la réussite. Pour cela, il faudra trouver les moyens de convaincre de leur nécessité et surtout d’associer les différents acteurs, chacun dans son domaine, aux changements quantitatifs et qualitatifs annoncés. Ce n’est qu’au prix d’engagement et d’abnégation que les barrières à l’épanouissement de la communauté et au progrès seront effectivement levées.
Claude Urbain Plagbeto