Le Document de stratégie pays de la Banque africaine de développement (Bad) pour la période 2017-2021 a été soumis aux différents acteurs de la société béninoise, il y a une semaine. Ce document élaboré autour de deux axes prioritaires vise à, non seulement, accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre de son programme d’actions, mais également à impacter la croissance économique projeté à 5,4% en 2017 et à 6,0% en 2018.
La stratégie de la Banque africaine pour le développement (Bad) pour la période 2017-2021 élaborée tenant compte des autres bailleurs de fonds, et soumise aux différentes couches de la société béninoise, il y a une semaine est articulée autour de deux axes. Le premier est relatif au développement des chaînes de valeurs agricoles et de l’agro-business. Le second est le renforcement des infrastructures de soutien à la compétitivité et à l’intégration régionale. Afin d’avoir un impact recherché de ces deux piliers sur la croissance inclusive et verte, le Document de stratégie pays (Dsp) de la Bad pour la période 2017-2021 prévoit qu’un accent particulier sera accordé à la prise en compte du genre, de la gouvernance, du développement des compétences dans les secteurs d’intervention cibles, de l’adaptation et la résilience aux changements climatiques.
A travers le premier pilier de la stratégie, les interventions de la Bad, selon le document, soutiendront le développement des chaînes de valeurs agricoles et de l’agro-business. Ici, il s’agit de soutenir les investissements structurants, l’amélioration de l’environnement des affaires du secteur agricole, pour favoriser une implication accrue du secteur privé. Par ce pilier, il s’agira aussi de développer les compétences et l’entrepreneuriat en particulier pour les jeunes et les femmes. De même, ce pilier permettra un accès au financement à travers des mécanismes de partage des risques, et le développement économique du milieu rural par une hausse des revenus et un meilleur accès aux services sociaux de base.
Priorités de la Bad
En ce qui concerne le second pilier axé sur le transport et l’énergie, il vient, selon le Dsp, en complément au premier pour lever les goulots d’étranglement qui pèsent sur la compétitivité des secteurs productifs, notamment l’agriculture et sur l’accès aux marchés régionaux.
Le Dsp prévoit que les interventions sur ce pilier permettront au pays, d’une part, de tirer parti des possibilités de création de revenus qui lui offrent son potentiel agricole et sa position de couloir de desserte de la sous-région. D’autre part, il permet de contribuer au développement des échanges en Afrique de l’Ouest et à la croissance inclusive du Bénin.
A travers ces deux piliers et la prise en compte, selon une approche intégrée des questions relatives à la gouvernance, la réduction des inégalités de genre et la résilience aux changements climatiques, le Dsp contribuera à l’ensemble des cinq grandes priorités de la Bad. Lesdites priorités sont : éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique ; nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique ; améliorer la qualité de vie des populations en Afrique. La banque panafricaine a pour objectif d’appuyer le pays pour la réalisation des Objectifs de développement durable (Odd) et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
Pour la mise en œuvre du Dsp 2017-2021, la Bad utilisera toute la gamme de ses instruments opérationnels, notamment les prêts-projets, les appuis budgétaires et institutionnels, les études économiques et sectorielles, le dialogue sur les politiques et les garanties.
Moteurs de la croissance
L’élaboration du Dsp de la Bad pour la période 2017-2018 a été faite sur la base de la croissance, des moteurs de la croissance et des perspectives. Le Bénin a enregistré, au cours des cinq dernières années, un taux de croissance économique de près de 5% en moyenne, mais qui ralentit depuis 2015.
Selon les Perspectives économiques en Afrique, l’économie béninoise demeure marquée par une productivité encore faible et une vulnérabilité aux chocs climatiques et à l’environnement économique au Nigeria.
En effet, le secteur agricole qui représente 23% du Produit intérieur brut (Pib) et emploie 70% de la population active, a bénéficié, depuis 2012, de la hausse tendancielle des productions cotonnières et vivrières grâce au renforcement du dispositif d’encadrement des producteurs et à la distribution des intrants. Cependant, cette augmentation de la production agricole ne s’est pas traduite par de meilleurs rendements et une hausse des revenus par tête. Puisqu’il résulte essentiellement d’une augmentation des surfaces cultivées. Ainsi, les rendements dans leur ensemble ont baissé sur toute la période 2011-2015, à l’exception du rendement des cultures maraîchères. Le secteur agricole est confronté aux contraintes liées à la vulnérabilité aux conditions climatiques, à la non maîtrise de l’eau et au manque d’organisation des filières à l’exception de celle du coton.
Le secteur secondaire (22% du Pib) reste encore peu développé, dominé par les usines d’égrenage du coton, d’industrie agroalimentaire, d’imprimeries et de cimenteries. Ce secteur a toutefois connu une légère embellie depuis 2012 sous l’impulsion des Bâtiments et travaux publics (Btp) stimulés par la construction et la réhabilitation de divers axes routiers ainsi que la construction d’hôtels à Cotonou.
Le secteur tertiaire qui occupe 52% du Pib est dominé par l’activité de commerce, en particulier l’activité de réexportation vers le Nigeria. Il reste très vulnérable à l’évolution de l’environnement économique au Nigeria. L’activité dans ce secteur a connu un ralentissement du fait de la baisse de la croissance dans ce pays voisin, de la dépréciation du naira par rapport au franc Cfa et des mesures prises par le Gouvernement nigérian, notamment l’interdiction de l’importation par voie terrestre de certains produits.
Malgré cette situation des différents secteurs, les perspectives économiques situent la croissance à 6,3%, en moyenne, sur la période 2017-2021, dans le contexte de la mise en œuvre du Pag intitulé « Bénin révélé ». Pour 2017, il est prévu près du double des dépenses d’investissements publics par rapport à 2016. Ceci devrait se traduire par une hausse de la croissance économique projeté à 5,4% en 2017 et à 6,0% en 2018.
BRUNO SEWADE