Le secteur de la Santé sera paralysé par des grèves perlées d’ici deux semaines sur toute l’étendue du territoire national, menace le collectif des syndicats du secteur de la Santé. A la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée, ce mercredi 2 août à Cotonou, ce regroupement syndical a dénoncé des réformes « cavalières ».
Le collectif des syndicats du secteur de la santé est mécontent. Et pour cause : l’adoption du rapport de la Commission technique chargée de faire des propositions de réformes du système sanitaire béninois mises en place par le décret n° 2016-514 du 24 août 2016 par le Gouvernement au cours du Conseil des ministres du 26 juillet 2017 ne reçoit pas son assentiment. L’Intersyndicale des ressources humaines en Santé (Irhs), le Syndicat national des travailleurs des services de la Santé humaine du Bénin (Syntrasesh) et le Collectif des praticiens hospitaliers (Cph) ont dénoncé, à la faveur d’une conférence de presse, ce mercredi 2 août à Cotonou, les différentes manœuvres qui ont sous-tendu cette adoption.
Selon le porte-parole des trois syndicats réunis, Adolphe K. Houssou, cette commission a fait l’objet de vives critiques de la part de tous les acteurs du secteur de la santé pour n’avoir pas pris en compte les différentes composantes des travailleurs, notamment les partenaires sociaux.
Ceux-ci ont déploré en son temps que les solutions envisagées ne soient pas adaptées à la réalité béninoise et ne correspondent même pas aux diagnostics posés par ladite commission. Ces solutions soient, entre autres, l’affermage et la mise en concession qui constituent une privatisation déguisée des hôpitaux alors que la santé fait partie des rôles régaliens de l’Etat, les questions d’inégalité d’accès aux soins de santé et de financement des hôpitaux qui n’ont pas été prises en compte dans le rapport, et les organes supra ministériels créés. Ces organes, selon le collectif, loin de rendre l’organisation du secteur plus opérationnelle, vont être à l’origine de luttes politiques, de lourdeurs administratives et d’inefficacité. Il s’agit de l’Autorité de régulation de la Santé (Ars), du Conseil national de soins de Santé primaire (Cnssp) et du Conseil national de la médecine hospitalière (Cnmh).
Le collectif des syndicats dénonce une adoption « cavalière » dudit rapport et s’insurge contre le bradage des hôpitaux du Bénin. Cette lutte, a dit le porte-parole, vise à sauver l’hôpital public qui est aujourd’hui une nécessité républicaine. Les syndicalistes observent à travers cette adoption, la mise en panne totale du dialogue social dans tous les secteurs, la liquidation des sociétés d’Etat et celle programmée des hôpitaux et la mise en concession du seul hôpital de référence qu’est le Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga, la non tenue des promesses faites aux travailleurs, la mise au chômage continue des agents augmentant le nombre de chômeurs dans le pays.
La réforme d’un secteur ne saurait être synonyme de privatisation, estime le collectif des syndicats du secteur de la santé qui exige que le rapport de la Commission de réformes du secteur de la santé soit rendu public. La décision de création d’un comité technique de mise en œuvre desdites réformes doit être rapportée, préconise-t-il. Aussi, une commission regroupant les représentants des acteurs sociaux et les différents corps doit être mise sur pied pour étudier à fond le rapport de la commission des réformes et de faire des propositions subséquentes, selon le collectif. Adolphe K. Houssou et les autres réclament également la satisfaction de toutes leurs revendications objet de grèves par le passé et déjà étudiées par la commission interministérielle mise en place depuis le 5 décembre 2016.
DÉSIRÉ GBODOUGBE