On connaissait des associations de femmes mobilisées autour des intérêts économiques, un peu partout dans les communes du Mono et du Couffo. Mais de plus en plus, elles prennent pied dans la musique folklorique.
Ils se créent partout où des dames sentent le besoin de se serrer les coudes et promouvoir, entre elles, la solidarité en vue de vaincre la fatalité. Les groupements féminins voient ainsi le jour dans presque toutes les localités du Mono et du Couffo. Et si ceux mobilisés autour des intérêts économiques ont la chance de se mettre en lumière, à l’occasion des descentes d’officiels et d’organismes militant pour l’autonomisation des femmes, ce n’est pas le cas des groupements féminins ayant pris d’assaut le secteur de la musique traditionnelle qu’ils dominent si bien. Pour des animations des jours heureux comme à l’occasion des funérailles, la présence de groupement féminin de musique traditionnelle est prisée. De l’aire culturelle Sahouè aux communautés Adja, en passant par les Kotafon, les initiatives de ces groupes folkloriques se multiplient. En leur sein, quelques dames se distinguent par leur maîtrise des instruments. Elles se mettent en vedette en prenant le contrôle des tam-tams d’environ deux mètres de long parfois, avec autant de vigueur que des hommes. A cela, d’autres bêtes de scène de leurs rangs ajoutent des démonstrations de pas de divers rythmes donnant lieu à des cadences acrobatiques qui font déchaîner des passions dans le public. Les reines du secteur musical du Mono et du Couffo, font de l’animation folklorique leur affaire. Elles sont sollicitées un peu partout.
A Houéyogbé, « Wasinmi Vanavo» est une célébrité. La présence du groupe composé d’une centaine de dames, selon sa présidente Honorine Vécé, avait rehaussé la cérémonie d’entrée en fonction du maire de la commune. Dans le Couffo, du moins à Dogbo, l’absence des dames spécialisées dans le rythme «atchinouhoun » enlève un peu à la beauté des cérémonies. « Un beau-fils doit nécessairement faire jouer atchinouhoun à la cérémonie d’enterrement des parents défunts de sa bien-aimée », atteste le contrôleur de commerce, Raymond Sodokin, natif du Couffo. Pour lui, le beau-fils qui ne sacrifie pas à cette tradition est traité d’incapable. Atchinouhoun est devenu donc, en milieu Adja, un rite des grands moments et contribue à la consolidation du statut social.
A Lokossa, vient de naître un groupe féminin dénommé «Nonvignon ». Il pratique notamment Atchanhoun dont les sonorités et les pas de danse passent d’un rythme à un autre, à la demande de celui qui entre dans le cercle de danse. Ce dernier fait déclencher le rythme de son choix à partir des onomatopées qui résonnent comme un code. « Quatre tam-tams de différentes tailles et d’autres instruments comme des castagnettes auréolées de perles sont nécessaires pour pratiquer Atchanhoun », renseigne Yolande Gbéton, secrétaire général du groupe Nonvignon.
Tout comme Nonvignon, la plupart des groupes se consacrent exclusivement à leur passion : la musique et les rythmes du terroir. Des répétitions et déplacements occupent leur agenda. Chaque dame développe, à son niveau, l’activité économique de son choix et se doit de contribuer financièrement à l’autofinancement du groupe. Yolande Gbéton informe que les cotisations au sein de Nonvignon, dont les prestations se déroulent surtout en mina servent à équiper le groupe et à soutenir les membres se trouvant dans le besoin. A Lokossa comme à Houéyogbé, des responsables confirment que l’idée de leur regroupement est partie du besoin de se soutenir, « d’avoir ses amis à ses côtés dans des moments de joie ou de tristesse». Comme pour confirmer l’idée de l’auteur français Didier Court : « L’écoute et la compréhension de la problématique de l’autre est un premier pas vers la solidarité.».
Désiré C. VIGAN A/R Mono Couffo