Depuis quelques jours, dans le cadre de la moralisation de la vie et la lutte contre la corruption, c’est le scabreux dossier du Fonds national de la microfinance, qui défraie la chronique. Le dossier ne serait pas sulfureux, si d’anciens barons du « yayisme », n’y sont pas mêlés.
Au fil du temps, et des dossiers qui éclaboussent certaines personnalités, on comprend de plus en plus que le Chef de l’Etat, est décidé à mener une véritable lutte contre la corruption qui a fait son lit dans notre société. L’innovation, ou la singularité de la lutte réside dans le fait que les dossiers sont au fur et à mesure confiés à la Justice. Quitte à elle de laver l’affront des mis en cause, ou de les condamner aux peines proportionnelles. Le cas du Fnm est à ce propos très illustratif. Après l’audit diligenté par le gouvernement, de graves irrégularités ont été relevées dans la gestion du fonds à hauteur de 40,6 milliards de francs Cfa des pertes de ressources publiques. La mission d’audit organisationnel, comptable et financier a porté sur les exercices 2013 à 2016.Il a, par ailleurs été noté, une gestion du portefeuille de crédit sur la période, avec des conditions de financement peu optimales et un montant total d’impayés évalués à près de 20 milliards de FCfa au 31 décembre 2016. Aussi, une revue du portefeuille de crédits a-t-elle permis d’identifier à la fin de l’année 2016, près de 23 milliards de francs Cfa de crédits irrégulièrement accordés par le Fnm. Ces crédits sont en souffrance pour un montant d’un milliard de francs Cfa d’impayés, anormalement remboursés avec des ressources du Trésor public mises à la disposition du Fonds. Plus grave, la gestion des marchés publics a été également entachée de graves irrégularités, portant sur le défaut de mise en place du cadre institutionnel requis et la violation presque systématique des procédures de passation des marchés. De façon spécifique, les contrôles ont permis de relever sur la période sous revue un montant total de 202 millions de FCfa de marchés de gré à gré passés sans autorisation préalable de la Direction nationale de contrôle des marchés publics, des pratiques collusoires sur des marchés publics évalués au total à 197 millions de francs Cfa. D’aucuns estiment que ce sont les insuffisances du dispositif de contrôle interne qui n’ont pas permis d’assurer la qualité de certaines dépenses. La mission d’audit a identifié des dépenses jugées non pertinentes et non justifiées, portant sur un montant total de 315 millions de francs Cfa.
AT