Le président Patrice Talon se révèle davantage chaque jour, au peuple béninois par sa détermination à lutter contre l’impunité. C’est ce qui convient de retenir de la décision d’auditer les structures et offices de l’Etat. Le récent audit qui défraie la chronique, depuis le mercredi 02 août, est celui commandité sur le Fond national de la microfinance (Fnm) pour les exercices 2013 à 2016. En effet, réunis en séance au lendemain de la 57èmefête nationale du Bénin, le chef de l’Etat et ses ministres ont examiné le rapport de la mission d’audit organisationnel, comptable et financier du FNM au titre des exercices 2013 à 2016. Des conclusions du rapport du cabinet d’audit, il ressort que la gestion du Fonds de 2013 à 2016 a été émaillée de nombreuses irrégularités ayant occasionné des pertes de ressources publiques à hauteur de 40,6 milliards de FCFA. En effet, le cabinet d’audit a d’abord relevé une gestion désastreuse du portefeuille de crédit avec des conditions de financement peu optimales et un montant total d’impayés évalués à près de 20 milliards de FCFA au 31 décembre 2016. La revue approfondie de ce portefeuille a également permis d’identifier à la fin de l’année 2016, près de 23 milliards de FCFA de crédits irrégulièrement accordés par le FNM. Il faut noter que ces crédits sont en souffrance pour un montant d’un milliard de FCFA de crédits impayés, anormalement remboursés avec des ressources du Trésor public mises à la disposition du Fonds. On note ensuite, au niveau de la gestion des marchés publics, des irrégularités portant sur le défaut de mise en place du cadre institutionnel requis et la violation presque systématique des procédures de passation des marchés. Des marchés de gré à gré d’un montant total de 202 millions de FCFA ont été également passés sur la période sous revue, sans l’autorisation préalable de la Direction nationale de contrôle des Marchés Publics. On note par ailleurs, des pratiques collusoires sur des marchés publics évalués au total à 197 millions de FCFA. La mission d’audit a aussi identifié des dépenses jugées non pertinentes et non justifiées, portant sur un montant total de 315 millions de FCFA et qui ont été dissimulées jusqu’en 2016, en raison de l’insuffisance du dispositif de contrôle interne. En somme, la présenced’un directeur de la comptabilité, d’un auditeur interne et d’un agent comptable du Trésor auprès du FNM, n’a pas été suffisant pour empêcher les directeurs qui se sont succédés à la tête de la structure entre 2013 et 2016, de s’accaparer de la trésorerie du fonds.
En décidant courageusement de brandir son épée contre la corruption et l’impunité au Bénin, Patrice Talon ambitionne de faire de son mandat, celui d’un véritable décollage du pays. Car, il n’est plus un secret qu’aucun pays au monde ne peut se développer en étant corrompu jusqu’aux os. Au regard des irrégularités révélées dans le dossier du FNM à la face du monde, il apparaît clairement que des dizaines de milliards de francs Cfa sont parties en fumée. Une situation qui mérite qu’on s’y penche véritablement en permettant aux dirigeants du Fonds au moment des faits, de se justifier. Ce qui ne peut se faire sans l’aval de la justice devant laquelle ils devront justifier chacun en ce qui concerne, sa gestion. En décidant de publier les rapports des audits commandités, le chantre du Nouveau Départ à la différence de son prédécesseur,donne un signal fort à ses collaborateurs qui ont le devoir de bien gérer les deniers publics à eux confiés.
Contrairement à ce que distillent les assoiffés du pouvoir pour intoxiquer le peuple, la publication d’un rapport d’audit commandité à plusieurs centaines de mille ne doit être aucunement perçue comme un acharnement, encore moins, une chasse aux sorcières. Mais il s’agit bien d’une lutte méthodique contre l’hydre de la corruption et ses succédanés. Une lutte dont le peuple avait toujours soif et que vient d’enclencher le président Talon avec beaucoup de courage. Il ne reste qu’à souhaiter que la justice fasse son travail jusqu’au bout en situant les responsabilités. La suite dans les prochains jours permettra aux uns et aux autres de se rendre compte que les temps ont changé et que nul n’a désormais le droit de faire place à l’impunité au Bénin.
Germin DJIMIDO