Est-ce qu'un bébé né d'une mère séropositive doit être allaité ? La question continue d'agiter les esprits de ces mères et de leur entourage. On distingue en général trois étapes de la transmission du VIH de la mère à l'enfant : pendant la grossesse, lors de l'accouchement et après l'accouchement. Si le bébé franchit avec succès les deux premières étapes, il pourrait être infecté lors de son alimentation au lait maternel qui est la troisième étape. Pour éviter ce type de désagrément, des dispositions doivent être prises pour ne pas permettre au virus contenu dans le lait maternel d'entrer en contact avec l'organisme de l'enfant.
De façon générale, les pédiatres recommandent aux mères saines de donner exclusivement le sein au bébé jusqu'à l'âge de 6 mois. Dans le cas des mères séropositives, les médecins et les pédiatres sont plus rigoureux et recommandent plutôt l'allaitement maternel protégé. " La mère séropositive qui n'est pas sous ARV ne doit pas allaiter parce que la charge virale est élevée dans le lait maternel" explique Dr Hounmènou Constant Marcel, pédiatre à l'hôpital Bethesda à Cotonou. L'allaitement maternel protégé consiste à mettre systématiquement sous ARV toute mère séropositive qui désire allaiter son enfant. Le jour où elle décide de ne plus allaiter, elle peut aussi arrêter ses médicaments même si son taux de CD4 n'est pas à un niveau où elle doit être mise sous ARV. Cette triprophylaxie aux ARV sous laquelle elle a été mise avant l'accouchement est liée à la grossesse. Elle permet selon Dr Firmin Coovi Gbessinon, médecin et responsable du site de prise en charge des PVVIH de l'hôpital Bethesda de prévenir la transmission du virus à l'enfant. " Ce n'est pas parce que l'état d'immunité de la maman nécessite des ARV " a-t-il poursuivi. De même, tout bébé né d'une mère séropositive est mis sous prophylaxie ARV à partir de son jour de naissance jusqu'à 6 semaines afin de le protéger contre une éventuelle contamination si entre temps il a été en contact avec le virus pendant l'accouchement. Après cette période, la monoprophylaxie est arrêtée et le bébé continue son allaitement sans ARV. En somme, l'allaitement maternel protégé réduit sensiblement la charge virale dans le lait maternel. Mais attention ? Même si avec cette précaution le virus se retrouve en faible quantité dans le lait maternel, il peut cependant pénétrer dans l'organisme de l'enfant lorsqu'il trouve une porte d'entrée.
" L'expérience a prouvé que s'il n'y a pas de lésions, des plaies dans la bouche ou sur le trajet du bol alimentaire, il n'y a pas de contamination. Le lait peut donc passer dans le tube digestif sans que l'enfant ne soit contaminé " affirme Dr Hounmènou Constant Marcel. Qu'est ce qui peut alors causer ces lésions ? Selon les explications du pédiatre, il a été démontré que lorsqu'on utilise le lait maternel et le lait artificiel encore appelé protéine étrangère, il y a un conflit entre les protéines de la mère et celles de vache contenues dans le lait artificiel. C'est ce conflit qui provoque des plaies dans le tube digestif. Plusieurs enquêtes ont aussi prouvées que lorsque l'enfant est uniquement nourri au lait maternel sans l'ajout d'un autre aliment tel que le lait artificiel, le risque de contamination est très faible. " Près de la totalité des enfants que nous recevons et qui sont nourris exclusivement au lait maternel ne sont pas infectés " se réjouit le pédiatre. Cela veut dire qu'un bébé né de mère séropositive peut ne pas être contaminé lors de l'allaitement. Par contre, si la maman a les moyens financiers nécessaires pour nourrir exclusivement son bébé au lait artificiel comme c'est le cas dans les pays développés, elle peut le faire mais doit respecter dans les moindres détails les règles élémentaires d'hygiène.
Cependant, il arrive des moments où les médecins et les pédiatres sont obligés d'ajouter sous la pression des nourrices, d'autres aliments au lait maternel dans le but de renforcer la santé du bébé. Même dans ce genre de situation, les mêmes dispositions doivent être respectées. Aucune trace de lait artificiel ne doit figurer dans la bouillie qui sera donnée en surplus à l'enfant. Les protéines végétales contenues dans la bouillie risquent d'entrer en conflit avec celles animales contenues dans le lait artificiel. Il est également interdit de donner toute sorte de tisanes à cette catégorie de bébés pour éviter l'apparition des lésions dans le tube digestif.
Rigoureusement suivies, ces différentes dispositions permettent de mettre le bébé à l'abri d'éventuelles contaminations par le VIH.