L’ex-maire de Cotonou se lave déjà, en attendant une immanquable décision de justice. Dans une déclaration qu’il a rendue publique, le dimanche 13 août dernier, à la suite de sa révocation en conseil des ministres, pour fautes lourdes, Lehady Soglo se refuse de porter une responsabilité personnelle, se référant à la notion de fautes lourdes, telle que définie dans les textes en vigueur. « Le maire ou tout chef d’un exécutif, même privé, est débiteur d’une responsabilité morale, de principe. Mais la notion de fautes lourdes fait appel à la responsabilité personnelle. C’est pour cette raison que je tiens à apporter en justice la preuve de l’exclusion de ma responsabilité personnelle au regard des incriminations mentionnées dans le questionnaire auquel il ne m’a pas été permis de répondre avec précision», a-t-il signifié dans ladite déclaration. Lehady Soglo qui a récemment introduit un recours gracieux auprès du ministère de tutelle, en charge de la décentralisation, donne ainsi le top à un combat juridique qui s’annonce déjà houleux et périlleux. Ledit recours perturbe déjà quelque peu le délai des 15 jours concédé à l’autorité préfectorale pour procéder à l’élection d’un nouveau maire. Puisqu’en l’espèce, il va falloir vider le contentieux juridique ainsi enclenché. Et il est évident qu’il ne peut être fait au plus tard le jeudi 17 août, date d’expiration de la durée prévue, la révocation ayant été décidée le 02 août dernier. L’intérim, dans ce cas, se verra ainsi prolongé sans limite, jusqu’au dénouement de ce contentieux dont personne ne peut pronostiquer à ce jour, sur une date fixe.
Déclaration de Lehady Vinagnon Soglo
Chers compatriotes,
J’ai décidé de prendre la parole pour m’adresser à tous mes compatriotes, et au-delà, les Cotonoises et Cotonois qui m’ont confié un mandat d’élu municipal.
J’ai été sensible à votre attention dans cette épreuve, certes dure, mais qui a eu le mérite de nous éveiller sur les possibles abus de pouvoir.
Lorsqu’une cohorte de force armée a pris d’assaut mon domicile, vous avez été nombreux à vous lever spontanément pour agir au nom de la culture démocratique qui nous caractérise.
J’ai personnellement tenu à rendre publiques les réponses aux questions lors de mon audition pour deux raisons.
Parce que le gouvernement à travers le Préfet m’a refusé le droit de répondre de manière méthodique et sérieuse auxdites questions, qui du reste, ont été voulues accusatoire.
Parce que je suis débiteur de l’impérieuse obligation de ne point se laisser subsister des doutes quant aux allégations contenues dans ces questions sinueuses et qui tendaient à s’installer dans l’opinion publique, en cas de silence, comme une vérité et un aveu implicite.
Le pouvoir exécutif dispose du droit de suspendre et de révoquer tout maire mais il est aussi tenu de ne point abuser de ce droit et heureusement que nos lois permettent audit maire de pouvoir atténuer par nos juridictions les abus éventuels des pouvoirs exécutifs en la matière.
C’est donc en respect de ces droits et devoirs et convaincu de l’évidence d’une entorse aux pratiques administratives et aux dispositions de la loi que j’ai décidé d’engager une procédure contentieuse dont le premier acte imposé par nos textes est cette démarche de recours gracieux à l’égard de notre pouvoir exécutif auteur de cette procédure et décision de révocation.
Le maire ou tout chef d’un exécutif, même privé, est débiteur d’une responsabilité morale, de principe. Mais la notion de fautes lourdes fait appel à la responsabilité personnelle. C’est pour cette raison que je tiens à apporter en justice la preuve de l’exclusion de ma responsabilité personnelle au regard des incriminations mentionnées dans le questionnaire auquel il ne m’a pas été permis de répondre avec précision.
C’est ici également l’occasion de remercier mes collègues conseillers qui ne m’ont jamais retiré leur confiance par les destitutions maintes fois orchestrées. Je vous suis reconnaissant pour tous les messages de soutien mais aussi pour les diverses appréciations auxquelles je suis sensible.
Je vous remercie.
Bonne fête du 15 août
Léhady Vinangnon Soglo