De la plume à la soutane ! C’est ainsi qu’on pourrait résumer le parcours de Cipesvy Alexis Comlan Gaoungba. Cet ancien journaliste devenu eudiste (depuis le 24 juin 2016) a été ordonné prêtre le 8 août dernier à Cotonou. Malgré l’appel, l’ex-professionnel des médias lorgne toujours son métier d’antan et promet y revenir !
La Nation : Vous êtes désormais un homme de Dieu, comment vivez-vous votre vocation ?
Cipesvy Gaoungba : Je le vis avec des sentiments de joie, de ravissement, mais en même temps avec sentiments de surprise et d’ahurissement. Parce que quand je vois le parcours, et d’où je viens je me surprends dans la posture actuelle. La joie, c’est une évidence, mais en même temps, il y a des questionnements, non pas parce que ce sont des choses inintelligibles, mais parce que je me demande comment j’ai pu arriver là.
Comment la mutation s’est opérée entre l’homme de la plume d’il y a quelques années et l’actuel homme de Dieu ?
(Sourire). J’ai réussi à dissimiler cette vocation que je portais depuis plusieurs années. Je résistais à l’appel. Je me suis essayé à la presse professionnelle en 2001, après la presse scolaire et universitaire. Je résistais mais finalement j’ai dû céder à cette pression, à cette inclinaison intérieure très forte et finalement je suis entrée en formation il n’y a pas longtemps en 2011. Le parcours en ce qui me concerne n’a pas été long. De 2011 à 2017, j’ai fini. Quand j’étais à la plume, j’avais déjà cette vocation qui me tenaillait.
Mais pourquoi avoir résisté à l’appel du Seigneur ?
Depuis ma tendre enfance je me voyais dans une relation maritale, dans un couple et je permettais même de rêver de l’âge auquel je devais me marier. Je rêvais de le faire à 25 ans. Je n’ai jamais imaginé me retrouver dans ce rôle. En plus, j’ai beaucoup d’aspiration pour ma société. Comme le dit Sainte Thérèse qui avait envie de devenir prêtre, prophète et beaucoup de choses à la fois, moi je ressentais la même chose mais pas sur le plan ecclésial. Je voulais être journaliste, opérateur économique, un grand homme d’affaires, je rêvais de devenir député à l’Assemblée nationale pour porter la voix du peuple, je rêvais d’être professeur d’université… Je rêvais d’être beaucoup de choses. Mais à mon avis, rien de tout ce qui m’intéressait ne s’accordait avec le sacerdoce. Donc répondre à cet appel paraissait pour moi noyer tout ce que je portais en une seule activité qui plus est ne me paraissait pas extraordinairement intéressant. C’est vrai que mes sentiments ont beaucoup changé, non pas parce que j’y suis, mais parce que j’y ai découvert une autre réalité. J’éprouve curieusement du bonheur là où je suis, contrairement à mes inquiétudes de départ.
Parlant de vos aspirations, vous développiez un sens très poussé pour les affaires, il y a quelques années. Comptez-vous raccrocher, ou allez-vous devenir un prêtre homme d'affaires ?
Le rôle de prêtre et opérateur économique ne sont conciliables. Néanmoins, il y a quelque chose que je ne pourrais pas taire. C’est cette inclination pour la création des richesses. Je vais motiver les gens à le faire et voir dans quelle mesure m’y mettre et aider nos concitoyens et notre pays à émerger un peu en cette matière. C’est bien décevant de constater que nous sommes dans des pays qui ne sont que consommateur. Ce qui marche le plus, c’est l’achat-vente. On ne sait pas créer la richesse et il faut bien qu’il y ait des gens qui soient là pour susciter cette dynamique. Si non on restera pays en voie de développement malgré nos richesses. Ce qui fait la force des autres, c’est cette capacité de partir de rien et de devenir quelque chose. Il y a quelque chose qui nous manque et il faut que des gens soient là pour montrer le chemin. Cela me rappelle bien l’exemple de Monseigneur de Souza qui s’est très bien illustré à ce propos avec de nombreuses réalisations.
Que va devenir la plume Cipesvy Gaoungba ?
J’ai envie de retourner à la presse depuis un moment. Et il y a un aîné qui m’y incite davantage. J’attends de voir ce que les prochains jours me réservent. Comme je le disais à l’époque quand j’étais journaliste, c’est une passion qui me porte vers la plume. Je ne le promets pas fermement mais je vais m’y retourner. Beaucoup estiment qu’en matière d’écriture, je pourrais faire des choses extraordinaires. Donc, il faut que je me donne un peu plus d’entrain pour faire valoir ce qui sommeille en moi. J’étais en Côte d’voire parce que la maison de formation des Eudistes se trouve dans ce pays. C’est une sorte de passage obligatoire. Depuis que j’ai terminé la formation, je suis revenu à Cotonou. J’y suis en attendant une prochaine affectation qui pourrait m’envoyer au Kenya, en Côte d’ivoire, au Burkina ou dans un autre pays.
Propos recueillis par Josué F. MEHOUENOU