La tempête Toboula est passée. Les occupants illégaux du domaine public, délogés manu militari par le préfet du département du Littoral, Modeste Toboula, se sont, bel et bien, réinstallés pour la plupart, au nez et à la barbe de tous. De retour aux abords des artères de la ville de Cotonou, ces propriétaires autoproclamés de l’espace public, y mènent à nouveau leurs activités, comme pour dire, qu’après la pluie, c’est le beau temps. Un tour dans la ville et le constat est flagrant, surtout quand l’on se souvient des conditions presque inhumaines dans lesquelles cette opération de libération des espaces publics a été menée dans la capitale économique.
La preuve que l’éducation civique reste l’un des défis majeurs de la gouvernance actuelle, et qu’au-delà de la résistance inhérente à tout changement, il faut penser une politique de moralisation de la vie publique au Bénin. Sous nos cieux, la critique est aisée, mais l’art bien difficile. Doit-on encore démontrer que ces récidivistes ne sont pas conscients des risques qu’ils courent en occupant de façon illégale le domaine public ? Où brandir les muscles pour exiger qu’ils soient à nouveaux relogés ou dédommagés ? A cette allure, le développement tant attendu ne sera pas pour demain. Il est un secret de polichinelle que nombre de petits commerçants préfèrent quitter les enclos des marchés et exercer leur commerce sur les artères des grandes villes, histoire d’augmenter leur chiffres d’affaires. La société est faite de tout. Toujours est-il qu’il faut de la fermeté dans la mise en œuvre des politiques publiques.
A quand le plan d’assainissement de la ville ?
La nature a horreur du vide. A quoi a servi tout ce vacarme autour d’une opération qui a pourtant été menée dans d’autres localités avec beaucoup plus de finesse et de stratégie, si au bout de quelques semaines, la ville devrait retomber dans les mêmes travers ? Avait-on vraiment mûri les stratégies autour du plan d’urgence brandi pour l’assainissement de la capitale économique ? Seules l’autorité préfectorale et sa suite pourraient apporter une réponse adéquate face à ce qui se révèle aujourd’hui comme un retour de l’anarchie. Il est clair que cette opération qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive avait donné un nouveau visage à Cotonou, facilité la circulation des personnes et des biens, et sur chacun de ces aspects, l’unanimité était faite autour de l’opportunité et de la pertinence de la réforme.
Hélas ! Cela n’aura duré que le temps d’un éclair, et les personnes déguerpies avec un surplus de zèle devraient en rire. La gouvernance est une question de planification, donc de calendrier, et la mise en œuvre des politiques publiques devrait prendre en compte ce paramètre. Sinon, comment déguerpir et détruire de petites activités génératrices de revenus et ne pas penser que si rien n’est fait au bout d’un certain temps, pour occuper l’espace, les gens vont revenir ? Une chose est claire, si un rapport d’évaluation de cette réforme avait existé, il aurait prédit la nouvelle situation qui prévaut.
En attendant donc la mise en œuvre d’un véritable plan d’assainissement, il faut veiller à ce que les espaces ne soient occupés à nouveau, à travers des contrôles réguliers. Et là, c’est une autre paire de manches !